- La chute de l’Empire romain en 395 a entrainé une rivalité entre ses deux capitales, Rome et Constantinople, la première de tradition latine et la seconde de tradition grecque.
- Dans les premiers temps de l’Église, les grandes décisions étaient prises en tenant compte des traditions de chacun, mais peu à peu, Rome revendiqua une autorité sur tout le territoire chrétien. En effet, la ville fondée par l’apôtre Pierre aurait ainsi une primauté sur les autres Églises – ce que conteste Constantinople, l’Église d’Orient.
- Au VIIIe siècle, Rome (théoriquement placée sous la protection de l’empereur byzantin) se rapproche de l’Occident en demandant l’aide des Francs pour repousser l’invasion lombarde en Italie : la fracture entre Orient et Occident commence à se faire sentir. Au début du XIe siècle, elle se complète par une fracture théologique concernant la trinité : les deux Églises n’en ont pas la même vision et Rome ne parvient pas à faire accepter la sienne.
- En outre, depuis le début du siècle une invasion normande gagne du terrain en Italie du Sud et inquiète de plus en plus Rome ; c’est dans ce contexte que Michel Cérulaire est désigné patriarche de Constantinople par l’empereur byzantin Constantin IX Monomaque (1043) tandis qu’à Rome est élu le pape Léon IX (1049), initiateur de la réforme grégorienne.
Léon IX tente d’imposer à l’Orient le rite latin mais Constantinople, de langue grecque, refuse ce rite et fait fermer les églises qui l’observent. Un échange de lettres mal traduites entre les deux patriarches fait monter la tension entre Rome et Constantinople ; alors que cette dernière fait des reproches concernant le rite, Rome se contente d’arguer sa primauté.
Alors que la coalition pontificale (groupe sous l’autorité du pape) est en défaite face à l’invasion normande, l’empereur propose une paix entre les Églises contre une aide dans la guerre. Une délégation pontificale est ainsi envoyée à Constantinople afin d’apaiser le conflit liturgique (du culte), mais le débat s’envenime avec Michel Cérulaire.
Alors que le pape Léon IX vient de décéder, la délégation pontificale excommunie Michel Cérulaire qui, avec l’appui du peuple et du clergé byzantin, déclenche des émeutes contre la délégation et la condamne ; le schisme entre les Églises d’Orient et d’Occident est consommé.
- Le débat doctrinal entre les deux Églises s’est envenimé, laissant se creuser le fossé culturel entre l’Orient et l’Occident.
- Les actes de non-reconnaissance des deux Églises s’accumulent au fil des années mais la véritable rupture se produit lors du pillage de Constantinople par la IVe croisade en 1204.
- Les deux Églises contribuent à donner une vision « schismatique » de l’autre, faisant monter l’hostilité entre les peuples ; le monde est ainsi divisé en deux hémisphères opposés qui changent le jeu des alliances.