Corrigé Bac Sujet bac – annale géopolitique – 2025 jour 1 – Amérique du Nord – corrigé – dissertation 1
Sujet bac : annale – Amérique du Nord jour 1 – 2025
SESSION 2025 – Amérique du Nord – jour 1
HISTOIRE-GÉOGRAPHIE, GÉOPOLITIQUE et SCIENCES POLITIQUES
Durée de l’épreuve : 4 heures
L’usage de la calculatrice et du dictionnaire n’est pas autorisé.
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Dissertation 1 Sujet – Les nouveaux espaces de conquête, des espaces de rivalités entre États ? |
Introduction :
Le 24 avril 2025, le président américain Donald Trump a signé un décret autorisant l’exploitation minière des grands fonds marins par les firmes transnationales (FTN) américaines, y compris dans les eaux internationales, et ce en dépit de l’opposition de l’Autorité internationale des fonds marins, représentant 167 pays et, en théorie, seule habilitée à prendre une telle décision.
Lorsque le sujet fait écho à une actualité récente au moment du passage de l’examen, il est de bon ton de le mentionner dès l’accroche afin de montrer à votre correcteur que vos connaissances s’étendent au-delà du cours.
Déjà, en 2020, lors de son premier mandat, Donald Trump avait ratifié un décret incitant les entreprises américaines à explorer et exploiter les ressources présentes dans l’espace.
On peut penser alors à la célèbre formule de John Fitzgerald Kennedy qui, dans un discours de 1962 (« We choose to go to the Moon »), qualifia l’espace de « nouvelle frontière ». En effet, l’espace et les espaces maritimes, riches en ressources (notamment minérales) de plus en plus rares et recherchées, apparaissent aujourd’hui comme de nouveaux espaces de conquête et d’affirmation de la puissance des États, qui se livrent une concurrence de plus en plus vive pour en prendre possession et les exploiter.
Dès lors, dans quelle mesure peut-on qualifier les nouveaux espaces de conquête de sources de rivalités entre États ?
Nous analyserons dans un premier temps les nouveaux espaces de conquête comme source de compétition et de rivalités entre les États, avant de voir que leur exploration et leur exploitation nécessitent malgré tout de développer différentes formes de coopération entre eux.
Le sujet est formulé sous forme interrogative. Il invite donc à nuancer votre propos en analysant, au-delà des conflits, les différentes formes de coopération entre États indispensables pour faciliter l’exploration et l’exploitation des nouveaux espaces de conquête.
Pour vous aider à visualiser le corrigé, nous allons mettre des titres aux différentes parties. Vous ne devez bien sûr pas les écrire sur votre copie le jour de l’épreuve, mais vous pouvez les noter sur votre brouillon pour vous aider à structurer vos idées (travail sur le plan détaillé de votre rédaction).
Des espaces sources de compétition et de rivalités entre États
Des espaces sources de compétition et de rivalités entre États
Les nouveaux espaces de conquête sont des espaces d’expression, de projection et d’affirmation de la puissance des États.
Concernant les espaces maritimes, l’idée n’est pas nouvelle. Dès le XVIIe siècle, la domination des mers a permis au Royaume-Uni de dominer le monde en se forgeant un empire commercial et colonial sans équivalent. La Seconde Guerre mondiale a accentué ce constat. En effet, la victoire des Alliés, et en particulier des États-Unis, sur les forces de l’Axe, a été avant tout permise par leur supériorité aéronavale parfaitement illustrée par la guerre du Pacifique. Depuis lors, l’affirmation de la puissance militaire des États-Unis repose en grande partie sur leur force de projection navale.
Dotée de 11 porte-avions, la marine américaine exerce une domination quasiment sans partage sur les mers et les océans à l’échelle du globe. Cette domination a été source de nombreuses tensions avec les autres puissances maritimes mondiales, notamment avec l’URSS dans le cadre de la guerre froide. En effet, au cours de ce conflit, les deux Grands (mais également des puissances de rang intermédiaire, comme la France à partir de la présidence du général de Gaulle) se sont dotées de nombreux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) dans le cadre de la dissuasion nucléaire. Cette militarisation des mers n’est pas sans renforcer les tensions et les rivalités entre États. C’est notamment le cas entre la Chine et l’Inde dans l’océan Indien, où Pékin met en œuvre ce que les États-Unis ont désigné comme une stratégie « du collier de perles ». Cette stratégie consiste à l’installation de bases navales chinoises (les « perles ») au large de l’Inde afin de concurrencer l’influence exercée par cette dernière dans l’océan Indien. Par extension, cette stratégie permet à la Chine d’assurer la sécurité de ses routes maritimes d’approvisionnement vers le Moyen Orient.
Pour étayer votre devoir, n,’hésitez pas à mobiliser les grandes notions vues en classe, que ce soit en HGGSP ou en histoire-géographie.
Enfin, comme on a pu l’évoquer en introduction, les espaces maritimes apparaissent de plus en plus comme des espaces de rivalités entre États pour l’exploitation des nombreuses ressources (minérales, halieutiques, voire hydrocarbures) qu’ils renferment. En effet, les fonds marins recèlent de très importantes réserves de terres rares et métaux précieux, mais également d’importants gisements de gaz et de pétrole. On estime ainsi qu’un quart des réserves de gaz et un tiers des réserves de pétrole mondiales sont situées dans des gisements off-shore qu’il est aujourd’hui rentable d’exploiter. Or, l’exploitation de ces ressources donne lieu à de nombreux conflits interétatiques, notamment en ce qui concerne la délimitation de leurs zones économiques exclusives (ZEE) respectives. C’est par exemple le cas du conflit (pour l’heure diplomatique) entre la Turquie, Chypre, la Grèce, le Liban, Israël et l’Égypte autour des très importants gisements de gaz offshore découverts en Méditerranée orientale.
La conquête des espaces extra-atmosphériques a pour sa part été au cœur de la compétition que se livraient Soviétiques et Américains au cours de la guerre froide. Plus connue sous le nom de « course à l’espace », elle a vu les Soviétiques remporter plusieurs triomphes majeurs, notamment avec la mise en orbite du premier satellite artificiel autour de la Terre en 1957 (Spoutnik), avant que les États-Unis ne réagissent définitivement en envoyant le premier homme sur la Lune en 1969. Depuis le début des années 2000, l’exploration et la conquête spatiale accentuent à nouveau les rivalités entre États. En dehors des avancées technologiques et des découvertes scientifiques majeures qu’elle permet, elle est au cœur d’un renouveau des tensions économiques et géopolitiques. En effet, les États-Unis et la Chine, mais aussi de nombreux autres acteurs étatiques ou privés, s’y livrent une compétition féroce afin notamment d’en accaparer les nombreuses ressources (métaux rares, etc.). Par exemple, en 2020, le président américain Donald Trump a signé un décret présidentiel autorisant l’État et les sociétés américaines à exploiter les ressources de l’espace extra-atmosphérique en contradiction avec les précédents traités internationaux, dont l’Outer Space Treaty de 1967. De plus, les grandes puissances spatiales mondiales se livrent une guerre scientifique et technologique sans merci dans l’espoir d’être les premiers à renvoyer des hommes sur la Lune puis à explorer Mars. La Chine ambitionnant par exemple d’envoyer u équipage sur la Lune d’ici 2030.
Enfin, l’espace est lui-même en train de devenir un terrain d’affrontement militaire entre les grandes puissances nucléaires. En 2025, le président Donald Trump, dans la lignée de Ronald Reagan dans les années 1980, a annoncé la construction par les États-Unis d’un « dôme doré » : il s’agit d’une sorte de réseau d’intercepteurs et de capteurs basés sur terre, en mer et dans l’espace afin d’intercepter tout missile ennemi menaçant le territoire américain. La Russie et la Chine, principales puissances visées par ce projet, l’ont dénoncé, arguant qu’il augmenterait significativement les capacités de guerre dans l’espace extra-atmosphérique et les espaces maritimes et accentuerait donc les tensions interétatiques dont ils sont déjà la source.
Néanmoins, au-delà de leur dimension conflictuelle, l’exploration et l’exploitation des nouveaux espaces de conquête nécessitent le développement d’une coopération interétatique.
Une exploitation qui nécessite le développement de différentes formes de coopération interétatiques
Une exploitation qui nécessite le développement de différentes formes de coopération interétatiques
L’exploration et l’exploitation des nouveaux espaces de conquête ont un coût financier et technologique très élevé, ce qui favorise les alliances entre États. Le domaine spatial illustre particulièrement bien cet argument. En 1983, le président américain Ronald Reagan lança le projet d’une station spatiale internationale (ISS) qui devait être placée en orbite basse autour de la Terre afin de mener des recherches scientifiques dans l’espace. Cependant, ce n’est qu’avec la fin de la guerre froide que le projet devint une réalité. En effet, bien que piloté par la NASA, le projet de l’ISS se concrétisa seulement à partir de 1998 grâce à une coopération étroite entre l’agence américaine et ses homologues russe (Roscosmos), japonaise (JAXA), canadienne (ASC) et européenne (ESA). Et pour cause, le défi était de taille puisqu’il s’agissait d’assembler dans l’espace une quinzaine de modules pressurisés représentant une masse totale de 420 tonnes.
Une dynamique similaire est observable dans les espaces maritimes. Par exemple, au début de l’année 2025, le gouvernement libanais a annoncé avoir conclu un accord de coopération avec le Qatar et la FTN française Total afin d’exploiter ses gisements de gaz offshore en Méditerranée. En effet, le pays, qui traverse une crise politique et économique aiguë, ne possède ni les fonds ni les capacités technologiques pour exploiter par lui-même cette ressource. En revanche, le Qatar, qui est l’un des plus importants producteurs de gaz naturel du Moyen-Orient, et la France grâce au groupe Total, possèdent une expertise de premier plan dans le domaine de l’extraction offshore.
N’hésitez pas à exploiter les différents aspects d’un même exemple – ici celui de la Méditerranée orientale – dans vos différentes parties afin d’illustrer la logique de votre développement.
D’autre part, les États coopèrent pour protéger les nouveaux espaces de conquête et y réguler leurs activités. Par exemple, le Conseil de l’Arctique, créé en 1996, réunit huit pays riverains du cercle polaire afin de réguler leurs relations au cœur de cet espace stratégique et d’en protéger l’écosystème unique. L’espace est également concerné. Dès les premières années de la course à l’espace, les États ont mis en place un cadre juridique de coopération et de régulation internationale afin de préserver ce nouvel espace de conquête des tensions liées à la guerre froide. Cette régulation internationale a débuté avec la signature du Traité de l’espace (1967) puis du Traité sur la Lune (1979), qui interdisent toute revendication de souveraineté sur les corps célestes. En 2020, la NASA a relancé l’idée d’une coopération internationale pour entreprendre une exploration pacifique de la Lune, de Mars et d’autres corps célestes grâce aux accords Artemis. En 2025, la plupart des puissances spatiales, dont la France, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, Israël, l’Arabie saoudite ou encore l’Inde, ont ratifié cet accord non contraignant. Néanmoins, la Chine et la Russie n’ont pas ratifié cet accord, limitant sa portée, et l’attitude des États-Unis sur le sujet est quant à elle sujette à interprétation.
Conclusion :
Les nouveaux espaces de conquête sont sources d’importantes rivalités géopolitiques. En effet, les mers et l’océan, mais aussi l’espace, sont des espaces stratégiques de projection et d’affirmation de la puissance. De surcroît, les ressources qu’ils recèlent en font des espaces convoités et donc disputés par les États. Néanmoins, les coûts (technologiques et économiques) très élevés de l’exploration spatiale ou de la mise en valeur des fonds marins engendrent aussi des coopérations entre les États. Ces derniers mettent en place des instances de régulation, comme le Conseil de l’Arctique, ou ratifient des traités internationaux afin de limiter la survenue de tensions entre eux dans ces espaces soumis aux pressions.
Néanmoins, les États ne sont pas les seuls acteurs concernés par l’exploration et l’exploitation des nouveaux espaces de conquête. À leurs côtés, on trouve des acteurs privés, comme SpaceX, motivés par la recherche de profits immédiats. Par conséquent, leurs activités pourraient être des accélérateurs des tensions entre États.