L'art romantique de Charles Baudelaire : Les Fleurs du mal

Baudelaire

  • Charles Baudelaire (1821-1867) est l’héritier et le continuateur du mouvement littéraire dominant de la 1re moitié du XIXe siècle : le romantisme. Pour Baudelaire et pour Lamartine, la poésie est un moyen d’expression du moi, de l’intime.
  • Les Fleurs du Mal :
  • C’est le seul recueil de poèmes en vers de Baudelaire.
  • Publié en 1857.
  • Marque une rupture avec la poésie romantique antérieure en introduisant des thématiques et une sensibilité qui apparaissent comme totalement nouvelles.
  • Son œuvre se caractérise par son originalité.
  • Les poètes de la seconde moitié du XIXe siècle s’inspireront largement des innovations de Baudelaire, inaugurant ainsi une nouvelle période, celle de la poésie dite moderne.
  • « Correspondances » inspirera par exemple le mouvement symboliste (2de moitié du XIXenbsp;siècle).
  • Baudelaire a fait passer « un frisson nouveau » dans la création (Victor Hugo, 1859).

« Art poétique »

  • Ensemble des principes esthétiques utilisés par un auteur pour créer ses œuvres.
  • Il s’agit également du nom donné à un poème qui expose sa définition du Beau et ses règles de création.
  • Baudelaire ne donne pas ce nom à l’un de ses poèmes, mais énonce à plusieurs reprises sa vision de la beauté et des principes qui guident sa création poétique (dans « Hymnes à la beauté » par exemple).
  • Les formes, images et préoccupations qui reviennent sous la plume de Baudelaire forment son esthétique.

Thèmes

  • Une grande partie des Fleurs du Mal relève du registre lyrique, un registre propre au mouvement romantique.
  • L’angoisse mélancolique, appelé spleen, est un thème romantique.
  • L’influence romantique se retrouve dans l’expression des souffrances et des déceptions causées par l’amour ou par l’absence de l’être aimé.
  • Le thème de la fuite du temps est fréquemment évoqué dans l’ouvrage de Baudelaire.

Baudelaire, initiateur de la poésie moderne

  • Il renouvelle la définition traditionnelle de la beauté.
  • Il souhaite transformer le mal en beauté esthétique.
  • Pour lui, la beauté poétique a pour vocation d’étonner, de choquer parfois : « Le Beau est toujours bizarre ».
  • Ce goût pour la laideur transformée en beauté et cette attirance pour le mal ont provoqué un scandale dans la société bourgeoise de l’époque (Baudelaire et son éditeur seront condamnés pour « outrage aux bonnes mœurs »). Cet attrait pour ces sujets font de Baudelaire un poète novateur.

L’ouvrage

  • Les poèmes sont agencés selon un ordre significatif, qui relate le parcours du poète, à travers insatisfaction tragique et irrémédiable de l’être humain. Baudelaire lui-même a insisté sur l’importance accordée à cette structure, en exprimant son souci d’en faire une totalité cohérente et dotée d’un sens.
  • L’homme est dépeint comme une créature spirituelle éprise d’idéal mais qui se heurte à des obstacles matériels (maladie, pauvreté, ennui).
  • L’existence y apparaît comme une lutte contre le temps dont la mort semble être la seule délivrance.
  • La succession de poèmes vise donc à rendre compte de ce voyage symbolique de l’homme qui s’efforce d’échapper au mal.

Les différentes sections du recueil

  • Poème liminaire : Baudelaire y affirme que la nature profonde de l’Homme est de s’abandonner au mal. L’ouvrage va raconter la quête du poète d’un monde meilleur, imaginaire et idéalisé.
  • Section 1 : « Spleen et idéal » : contient 87 poèmes sur les 131 du recueil. Baudelaire y explore deux moyens de s’élever au-dessus de la médiocre condition humaine : l’idéal de la beauté artistique d’une part, et l’idéal de l’amour d’autre part. C’est un échec, il doit donc trouver d’autres voies.
  • Section 2 : « Tableaux parisiens » : contient 18 poèmes. La présence de la ville et le fait que Baudelaire lui confère une véritable existence poétique. Cela témoigne de la modernité du recueil. Le poète cherche à y fuir l’ennui, à vaincre son angoisse et son sentiment d’isolement. Mais finalement, la foule ne fait qu’accentuer son isolement. La ville est aussi un théâtre de débauche et de corruption, elle ne peut donc offrir salut et rédemption.
  • Section 3 : « Le vin » : contient 5 poèmes. L’ivresse pourrait être un éventuel recours, car il a un pouvoir d’évasion. Mais c’est un remède trop éphémère pour le poète qui aspire à l’infini et à l’absolu.
  • Section 4 : « Fleurs du Mal ». 12 poèmes dans lesquels le poète explore la débauche et la perversion, pour oublier la médiocrité de son existence. Mais la luxure ne fait qu’attiser sa souffrance morale.
  • Section 5 : « Révolte ». 3 poèmes. Baudelaire va jusqu’à se révolter contre Dieu. Il utilise le blasphème, ou encore la célébration de Satan.
  • Section 6 : « La Mort ». 6 poèmes. Cette partie est la plus apaisée du recueil, car la mort est appréhendée avec sérénité, comme une délivrance. Elle est la seule manière d’échapper à la banalité de la vie et d’accéder à des mondes inconnus, comme une sorte de voyage.