« CRÉON :
Connaissais-tu mon édit ?
ANTIGONE :
Comment ne l’aurais-je pas connu ? Il était public.
CRÉON :
Et tu as osé passer outre à mon ordonnance ?
ANTIGONE :
Oui, car ce n’est pas Zeus qui l’a promulguée, et la Justice qui siège auprès des dieux de sous terre n’en a point tracé de telles parmi les hommes. Je ne croyais pas, certes, que tes édits eussent tant de pouvoir qu’ils permissent à un mortel de violer les lois divines : lois non écrites, celles-là, mais intangibles. Ce n’est pas d’aujourd’hui ni d’hier, c’est depuis l’origine qu’elles sont en vigueur, et personne ne les a vues naître. Leur désobéir, n’était-ce point, par un lâche respect pour l’autorité d’un homme, encourir la rigueur des dieux ? […] Si j’avais dû laisser sans sépulture un corps que ma mère a mis au monde, je ne m’en serais jamais consolée ; maintenant, je ne me tourmente plus de rien. »
Antigone, Sophocle, 441 avant J.-C.
De quel édit le roi Créon parle-t-il dans la première réplique ?