Les dynamiques des espaces productifs dans la mondialisation

Introduction :

Les espaces productifs français connaissent des recompositions territoriales en grande partie liées aux marchés européens et mondiaux. Dans ce cours, nous nous intéresserons tout d’abord à l’industrie française, qui se transforme, avant de voir que les différents territoires industriels entrent en concurrence entre eux. Le second objet d’analyse sera le secteur tertiaire. Nous verrons que son évolution est liée à l’urbanisation, et en particulier à l’activité touristique.

Les différents espaces productifs ancrés dans la mondialisation

L’espace industriel

L’espace industriel français garde la marque de son histoire et de la première révolution industrielle. Si les ressources minières ne sont plus le facteur dominant, le secteur minier a façonné le paysage industriel français et situé l’industrie dans la partie nord de l’axe Marseille/Le Havre. Six régions fournissent 48 % des emplois industriels, Île-de-France et Rhône-Alpes étant les deux plus importantes. L’industrie reste encore très concentrée en France, malgré les mesures de déconcentration prises en 1960 par la DATAR.

Depuis, l’automobile, l’informatique et les zones industrialo-portuaires ont été réparties sur différentes régions. Désormais, la réalité du tissu économique, c’est une multitude de PME très souvent liées aux traditions industrielles des régions, à l’artisanat ou qui travaillent surtout en sous-traitance pour les grands groupes industriels.

L’industrie française perd des emplois depuis 40 ans. À la fin des Trente Glorieuses, l’industrie employait près de 40 % de la population active. Aujourd’hui, ce chiffre est tombé à 13 % : c’est la désindustrialisation.

L’industrie représente 21 % du PIB et 78 % des exportations françaises, ce qui place le pays au 7e rang mondial. Beaucoup des industries traditionnelles ont pourtant été délocalisées, laissant certaines régions en difficulté : le taux de chômage y est élevé. De plus, les reconversions de territoires industriels abandonnés ne sont pas toujours couronnées de succès.

Les industries de pointe se placent sur des territoires proches des centres de recherche-développement, des grandes universités ou des carrefours de communication. Pour ces industries, l’innovation est la clé de la pérennité.

Carte des zones industrialisées en France Carte des zones industrialisées en France

On distingue très bien sur la carte précédente la ligne Marseille/Le Havre héritée de la première révolution industrielle. L’Île-de-France et Rhône-Alpes ressortent comme les deux principales régions industrielles françaises. Ailleurs, on voit l’industrie en reconversion : l’arc de cercle partant du Havre, le Nord et le Nord-Est, ainsi que la région du Creusot/Saint-Étienne et Carmaux/Decazeville sont autant de zones d’activité, dites traditionnelles, en crise qu’il faut reconvertir.

Les régions dynamiques qui voient arriver sur leur territoire des industries innovantes sont surtout les régions littorales. De la Bretagne à la Provence ces régions ont attiré de nombreux investisseurs dans les secteurs de l’aéronautique, de l’automobile, de l’informatique et de l’industrie pharmaceutique.

Un territoire de l’innovation

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À retenir

Un territoire de l’innovation est un espace où se concentrent des lieux de recherche fondamentales ou appliquées et des acteurs économiques visant à développer des produits et des services à partir de ces recherches. Sur un territoire de l’innovation, l’association d’entreprises, de centres de recherches et d’organismes de formations est destiné à dégager des synergies autour de projets innovants.

Les territoires de l’innovation ont un rôle clé dans la mondialisation. L’organisation actuelle de l’économie mondiale est fondée sur une consommation de masse et la recherche constante par les entreprises de nouveaux marchés. L’innovation est d’une très grande importance car elle permet de concevoir sans cesse de nouveaux produits qui stimulent la demande. La capacité d’innovation est aujourd’hui un élément de compétitivité pour les entreprises comme pour les territoires.

« Aerospace Valley », dans le sud-ouest de la France, est un territoire de l’innovation. C’est un pôle de compétitivité mondial associant deux régions : Midi-Pyrénées et Aquitaine. Il constitue le premier bassin d’emploi dans l’aéronautique et l’aérospatial, soit 120 000 emplois répartis entre 16 000 établissements.

Ce territoire concentre le tiers des effectifs français de l’aéronautique, 50 % du domaine spatial, et totalise 8 500 chercheurs. De grandes écoles françaises d’aéronautique et du domaine spatial participent au dynamisme du secteur, comme l’ENAC, l’École nationale de l’aviation civile et SUPAERO, l’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace. Il existe également un lycée Airbus à Toulouse.

Le plus gros site se trouve à Blagnac dans la banlieue toulousaine. Aérocontellation a été inauguré en 2004. C’est un site de 270 hectares où est assemblé l’A380 d’Airbus, le plus gros avion civil actuellement en service. Le deuxième site en rapport avec le secteur se trouve dans la banlieue de Bordeaux. L’Aéroparc repose sur la proximité des entreprises industrielles, des établissements de formation et des centres de recherche du bordelais. Le troisième site est à Bordes, dans les Pyrénées Atlantiques. Il s’organise autour de l’usine Turbomeca, leader mondial des turbines d’hélicoptères. Il emploie 2 600 salariés.

  • L’Aérospace Valley est bien un exemple de ces espaces productifs qui s’adaptent aux exigences de la compétitivité et de l’innovation dans le cadre de la mondialisation. C’ est à la fois un signe du dynamisme du sud-ouest de la France et un facteur de développement et d’aménagement du territoire. Il contribue à faire émerger de nouvelles formes d’organisation de l’espace et de nouveaux paysages.

Tertiairisation et dynamiques territoriales

Une société postindustrielle

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À retenir

Avec 76 % de sa population active qui travaille dans le tertiaire, secteur qui représente 78 % du PIB ; la France est bel et bien une nation postindustrielle.

Le secteur tertiaire est constitué à :

  • environ 40 % de services non-marchands, c’est-à-dire qu’ils concernent l’éducation, la santé, l’action sociale et l’administration ;
  • environ 60 % de services marchands dont 30 % sont liés aux particuliers et aux entreprises et 20 % aux activités commerciales. Le reste comprend les transports, les finances et les activités immobilières.

Ce sont les unités urbaines qui concentrent ces activités. Les petites et moyennes villes offrent des services élémentaires comme les commerces alimentaires, l’éducation et les professions libérales. Les grandes unités urbaines offrent des services plus spécialisés comme les hôpitaux, la culture, la finance, les universités, les centres de recherche-développement…

Les services non-marchands dépendent des réformes successives des services publics. Les fermetures de gendarmeries, d’hôpitaux, d’écoles ou de casernes militaires redistribuent la carte du tertiaire en France et renforcent les dynamiques négatives pour certaines villes.

À l’inverse, le tertiaire supérieur témoigne d’un dynamisme qui profite à certaines villes et renforce la métropolisation. Paris par exemple, possède 50 % des emplois de tertiaire supérieur de la France. La position des villes sur le territoire français et en Europe et leur capacité à être reliées entre elles sont des atouts majeurs pour bénéficier d’investisseurs. Les services sont de plus en plus délocalisés, et certaines villes sont plus attractives que d’autres dans cette compétitivité des territoires.

Le pays du tourisme

Première destination touristique mondiale, la France a développé des services en rapport avec ce secteur d’activité qui génère de l’emploi. La région Paris-Île-de-France est la première fréquentée, et ses touristes se comptent en millions. Le patrimoine de la capitale mais aussi Versailles ou même Disneyland contribuent à cette attractivité. Les espaces de tourisme balnéaire, en particulier la Méditerranée, la côte Atlantique et la Bretagne sont également très fréquentés.

Concernant les espaces du tourisme d’hiver, les Alpes, les Pyrénées et le Jura sont mondialement connus. Les parcs d’attraction, tels que le Futuroscope à Poitiers, sont de plus en plus fréquentés. De plus, la France possède un patrimoine culturel et architectural très vaste où l’on compte le Mont-Saint-Michel, Lourdes, ou encore les châteaux de la Loire.

  • Les espaces touristiques modifient et aménagent le territoire français.

Conclusion :

La France connaît de nombreux espaces productifs ancrés dans la mondialisation. L’industrie, autrefois fer de lance de l’économie française, ne représente aujourd’hui plus que 13 % de la population active. Ce secteur reste cependant très important dans le taux d’exportation du pays qui possède des espaces où les entreprises s’associent à des centres de recherche pour former des territoires de l’innovation, éléments qui contribuent à la compétitivité internationale de la France.

Le tertiaire occupe aujourd’hui la majorité des emplois par l’intermédiaire de services marchands et non-marchands. De vastes espaces touristiques répartis sur tout le territoire sont pourvoyeurs d’emploi. Son patrimoine culturel et géographique permet à la France d’être à la première place dans le classement des pays les plus visités du monde.