Vers une société de la connaissance

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Acteurs et modalités de l’élaboration et de la diffusion du savoir, de l’Antiquité à l’émergence de la société de la connaissance

  • La science s’est développée dès l’Antiquité, époque à laquelle des lieux de savoir ont émergé comme la célèbre bibliothèque d’Alexandrie.

L’essor des communautés savantes et de la communauté scientifique

  • Au haut Moyen Âge, les souverains ont également soutenu le développement des lettres et des sciences.
  • Cependant, il faut attendre le début du XIIIe siècle, et la naissance des premières universités en Europe pour assister à un début d’institutionnalisation de la science.
  • Progressivement, maîtres et étudiants obtiennent des privilèges de la part des souverains et du pape.
  • À la fin du Moyen Âge, les deux universités les plus prestigieuses du monde latin, Paris et Bologne, attirent près de 20 000 étudiants chaque année, ce qui témoigne de l’institutionnalisation progressive du savoir.
  • Cette institutionnalisation va se développer à l’époque moderne, avec la constitution des sociétés savantes.
  • Les sociétés savantes se sont développées grâce à la volonté de scientifiques tenants de la philosophie expérimentale de faire avancer la connaissance dans leur domaine d’activité.
  • L’une des premières sociétés savantes à voir le jour fut la Royal Society de Londres en 1660 qui bénéficia dès sa fondation de la protection royale.
  • De 145 en 1663, le nombre de membres de la Royal Society atteignit 645 en 1860, témoignant ainsi de l’importance prise par ses sociétés savantes.
  • En France, la plus ancienne société savante est l’Académie Française, fondée en 1635.
  • L’Académie des sciences, basée sur le même principe que la Royal Society, fut elle créée en 1666 par Colbert, ministre de Louis XIV (1643-1715), afin de développer les sciences dans le royaume de France et de conseiller la monarchie dans ce domaine.
  • En 1699, Louis XIV donna son premier règlement à l’Académie et la plaça sous sa protection.
  • Jusqu’à sa suppression par la Convention, en 1793, l’Académie participa, par ses publications et ses travaux, à l’essor de l’activité scientifique en France.
  • Cependant, avec la Révolution, ces sociétés scientifiques vont être interdites par la loi Le Chapelier (1791).
  • Il faut attendre le Consulat, puis l’Empire, pour que ces communautés scientifiques puissent à nouveau se réunir. Les sociétés savantes, encouragées par les autorités, essaiment alors à travers toute l’Europe.
  • Progressivement, ce processus va aboutir à la spécialisation beaucoup plus poussée des différentes disciplines scientifiques.
  • Les savants deviennent ainsi petit à petit des scientifiques, c’est-à-dire des chercheurs spécialisés qui, avec leurs pairs d’une même discipline, constituent une communauté scientifique.
  • Au XXe siècle, ces communautés jouent un rôle considérable dans le développement de pôles scientifiques majeurs, comme la recherche scientifique sur le nucléaire en France.

Des communautés scientifiques à la société de la connaissance

  • Dans son ouvrage The Age of Discontinuity : Guidelines to Our Changing Society publié en 1969, Peter Drucker désigne sous le vocable de « knowledge society » (société de la connaissance) une société au sein de laquelle l’essor des technologies de l’information et de la communication permet d’agréger les savoirs.
  • Cette agrégation des savoirs et de l’information devient alors le pivot de l’économie dite « post-industrielle » tournée vers la production de services plus que de biens physiques.
  • La production et la transmission du savoir deviennent dès lors facteurs de puissance économique.
  • De nos jours, dans la société de la connaissance, le savoir devient une marchandise dont la circulation et l’exploitation permettent l’innovation économique et technologique et, à terme, un bien être accru de la société.
  • La démocratisation de l’accès aux technologies de l’information et de la communication, c’est-à-dire leur mise à disposition à bas coût, en favorise le développement puisqu’il permet une diffusion plus rapide et plus large du savoir.
  • Le principe de neutralité du net, dispose que toutes les données qui transitent sur Internet bénéficient théoriquement d’une égalité de traitement. Dans une majorité de pays Internet garantit donc l’égalité entre ses utilisateurs et par ricochet leur insertion dans la société de la connaissance.
  • L’essor des réseaux sociaux (40 % de la population mondiale avait accès à au moins un réseau social en 2017), associé au succès des logiciels open source et des licences Creative Commons, a permis l’enracinement de la société de la connaissance grâce à Internet.
  • La société de la connaissance repose également sur la démocratisation de l’enseignement. Ce dernier constitue en effet la première étape dans l’acquisition de la connaissance.
  • La société de la connaissance est appelée à être un moteur de plus en plus important de la croissance économique au XXIe siècle.

De la société à l’économie de la connaissance

  • Avec l’essor de la société de la connaissance, le savoir devient un enjeu économique et géopolitique.

Vers l’économie de la connaissance

  • Depuis les années 1990, les économistes ont développé le concept d’économie de la connaissance.
  • Désormais, le savoir et les compétences (c’est-à-dire le domaine immatériel) occupent une place croissante dans l’économie. Dans ce système, l’accumulation de savoirs, produits en commun grâce aux TIC, sert de fondement au développement économique.
  • L’accès à la connaissance devient donc non seulement un enjeu économique, mais également géopolitique, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un facteur de puissance pour les États.
  • L’attractivité des États et leur développement économique dépend de plus en plus du savoir qu’ils produisent et diffusent et du niveau d’éducation de leur population, mais également de leur capacité à innover dans le domaine technologique.
  • Les États-Unis, la Chine, l’Allemagne, le Japon ou le Royaume-Uni, possèdent les universités qui se hissent aux premières places. Parallèlement, ces États sont ceux qui attirent le plus d’étudiants chaque année.
  • L’économie de la connaissance participe ainsi du smart power américain.
  • Dans le monde de l’entreprise, les parcours personnels et les connaissances académiques et pratiques sont mis en valeur (notamment par la formation professionnelle) afin de mobiliser au maximum le potentiel des salariés : on parle de capital humain.
  • Enfin, les États qui se trouvent au cœur de l’économie du savoir sont ceux qui investissent le plus (et dont les entreprises investissent le plus) dans la recherche et développement.
  • La Silicon Valley, en Californie, représente un exemple type du système d’innovation américain.

Les limites à l’économie de la connaissance

  • L’économie de la connaissance génère donc des mutations importantes du travail et de la société. À travers la mobilisation du capital humain, elle encourage en effet la flexibilité et la polyvalence des salariés.
  • Les systèmes d’enseignement n’ont donc plus pour seule vocation de former des étudiants dotés d’un esprit critique en leur transmettant un savoir culturel et scientifique, mais de s’adapter aux besoins des entreprises et des marchés.
  • La marchandisation du savoir est également vectrice d’inégalités et de mutations.
  • Elle engendre en effet des inégalités d’accès à l’information et à la connaissance.
  • La neutralité d’Internet, qui est l’un de ses fondements, est ainsi remise en question. Les États-Unis ont en effet mis fin à cette neutralité en 2018.
  • De plus, la fin de la neutralité d’Internet laisse planer le danger d’une limitation de la liberté d’expression et surtout d’une limitation de la démocratisation de l’accès au savoir, ce dernier étant hiérarchisé en fonction des revenus de chacun.
  • L’ère de l’économie du savoir est également présentée comme une opportunité de développement et d’émergence pour les pays les moins avancés (PMA).
  • Privés d’infrastructures, certains PMA peuvent être favorisés dans cette nouvelle forme d’économie, puisque, entrant dans la course à l’innovation technologique déjà lancée, ils peuvent sauter des étapes intermédiaires très coûteuses et ainsi devancer des pays plus puissants économiquement.
  • En effet, alors que des pays pionniers dans le développement de nouvelles technologies doivent régulièrement actualiser leurs équipements et leurs savoirs au prix de lourds investissements, des pays moins avancés peuvent anticiper et faire un saut technologique, ou leapfrog.
  • Cependant, sur le continent africain par exemple, on assiste à une saturation des réseaux qui limite les effets bénéfiques escomptés des technologies de l’information et de la communication sur l’économie.
  • L’absence d’infrastructures d’enseignement supérieur est également un important handicap dans ces pays. Ainsi, même si la scolarisation des enfants et l’alphabétisation progresse régulièrement, on assiste à une fuite des cerveaux au bénéfice des pays du Nord ou des pays émergents.
  • La fuite des cerveaux, conjuguée aux inégalités d’accès à l’école, aux universités ou encore à Internet génère donc de nouvelles inégalités d’accès aux savoirs.