Fiche oeuvre
Correspondance, « Lettre à Schuller », Baruch Spinoza
Contexte

Spinoza a entretenu une correspondance très riche avec ses contemporains. Dans ses lettres, il aborde et explique ses idées philosophiques. Dès 1677, à la mort de l’auteur, ses proches rassemblent 74 lettres et les publient. La « Lettre à Schuller », lettre numéro 58, aborde la question de la liberté et de la vérité. Dans celle -ci, Spinoza s’oppose à la pensée de Descartes, et notamment à sa vision du libre-arbitre.

Résumé

Dans cette lettre, Spinoza affirme à son ami son profond désaccord avec la pensée de Descartes sur Dieu et le libre-arbitre.

Spinoza commence par définir la liberté, par opposition à la contrainte : une chose est libre lorsqu’elle est régie par la seule nécessité de suivre sa nature. La contrainte existe quand une chose est déterminée, régie par un élément extérieur, et ne peut donc pas suivre sa nature. Dieu existe par la seule nécessité de sa nature. Il est une substance unique qui connaît toute chose. Il suit donc sa nature et se connaît librement. Ainsi suivre le divin, c’est suivre sa nature.

Pour parler de la liberté humaine, Spinoza prend l’exemple d’une pierre. Si une pierre est poussée par une force extérieure à sa volonté, elle va rouler. Elle continue d’avancer, même lorsqu’elle n’est plus poussée. Le fait d’avancer est-il pourtant un acte libre, puisque ce mouvement a été déterminé par une contrainte extérieure ? Si la cause du mouvement de la pierre était intérieure, alors ce serait un acte libre. Mais l’impulsion donnée est extérieure, le mouvement est donc contraint. Ce qui est vrai pour la pierre est vrai pour l’homme. Être doté de volonté ne change rien pour Spinoza.

Ainsi, quand l’homme est déterminé à faire quelque chose, il est en même temps déterminé à le faire et persuadé que c’est sa volonté propre de le faire. Les hommes pensent être libres parce qu’ils sont dotés de conscience et peuvent choisir (utiliser leur libre-arbitre), mais ils sont en fait déterminés par des causes antérieures. Les hommes ignorent que tous leurs actes sont déterminés. La croyance en la liberté montre donc l’aveuglement de l’homme. Spinoza prend pour exemple un enfant qui désire boire du lait. Il pense désirer librement le lait, mais ce désir est en fait déterminé par le besoin qu’a l’enfant de se nourrir. Comme cet exemple, tous les désirs semblent être libre, alors qu’ils sont en fait nécessaires.

Pour Spinoza, la liberté n’est donc pas la liberté de volonté et d’action, mais la connaissance de ce qui nous détermine et des préjugés qui nous entravent.

Citation

« Toute chose singulière est nécessairement déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d’une certaine manière déterminée. »