Esprit très curieux, Leibniz s’intéresse aussi bien à l’histoire, au droit et aux mathématiques qu’à la métaphysique. Selon lui, la métaphysique peut se résumer à deux interrogations fondamentales : quelle est la nature des êtres matériels ? Comment ces êtres peuvent-ils agir les uns sur les autres et quelles sont leurs relations ? Leibniz, contrairement à Descartes, s’intéresse à la réalité sensible et diverse, en essayant de l’expliquer grâce à la raison. Il essaie de penser l’unité du monde sans en sacrifier la diversité.
Dans ce discours, Leibniz expose ce qui existe véritablement, ce que l’on connaît réellement. Il développe sa théorie de substance individuelle qu’il nomme « monade » d’un mot grec signifiant unité. La monade constitue le fondement de toute réalité. Ainsi l’univers est constitué de monades, sortes d’atomes de la nature. Mais Leibniz pousse sa réflexion métaphysique plus loin, en affirmant que chaque monade contient l’univers tout entier, dont elle porte trace. Pour illustrer sa théorie, Leibniz prend l’exemple du théâtre où chaque spectateur voit le même spectacle que son voisin, mais de la place où il est assis. Les monades s’accordent de même les unes aux autres dans un univers réglé par Dieu, sorte de grand horloger : c’est la thèse de l’harmonie préétablie. Chaque monade exprimant le monde à sa manière, toutes les monades s’harmonisant entre elles, cela implique l’existence de Dieu, point de vue central qui régule les monades. Posant l’idée d’un Dieu bon, Leibniz en déduit qu’il n’a pu créer que le meilleur des mondes possibles, théorie que reprendra avec ironie Voltaire dans Candide. Pourtant, Leibniz n’exprime pas ici un optimisme naïf. Il ne s’agit pas d’un monde parfait. En effet le mal existe, qu’il soit métaphysique (l’imperfection), physique (la souffrance) ou moral (le péché). Dieu n’en n’est pas responsable.
« Il s’ensuit que Dieu possédant la sagesse suprême et infinie agit de la manière la plus parfaite non seulement au sens métaphysique mais encore moralement parlant. »