Le XVIIIe siècle, siècle des Lumières se donne comme ambition d’éclairer le peuple en luttant contre les superstitions et l’obscurantisme à travers le prisme de la raison. Véritable bible de ce siècle, l’Encyclopédie, dirigée par Denis Diderot et d’Alembert, est une œuvre colossale qui condense les idées nouvelles et révolutionnaires des Lumières. L’Encyclopédie, qui se présente sous forme d’articles, doit permettre à l’homme de se libérer des préjugés et de l’autorité. Le texte « Autorité politique » est paru dans le premier tome de l’Encyclopédie, en 1751. Diderot s’inspire d’un ouvrage anglais de Locke : Traité du gouvernement civil paru en 1690.
De la philosophie à la justice en passant par la morale, l’esclavage, la tolérance et la politique, l’Encyclopédie, censurée à plusieurs reprises, vulgarise toutes les connaissances de l’époque.
Dans cet article contestataire et engagé, Diderot s’interroge sur la notion d’autorité et remet en cause la monarchie absolue de droit divin en France. Construit à la façon d’une démonstration argumentative, le philosophe part de la notion d’autorité pour aboutir à une critique du pouvoir royal. Diderot postule que l’autorité n’est pas naturelle, excepté l’autorité paternelle qui cesse dès que l’enfant est adulte.
Il met en évidence deux types d’autorité : celle qui émane de la force, et aboutit à une tyrannie et celle qui vient du consentement des peuples. C’est sur cette autorité là que se fonde Diderot pour critiquer la monarchie absolue. Diderot condamne l’idolâtrie qui consiste à se prosterner devant un roi ainsi que le cérémonial en vigueur à la cour. En retournant les arguments religieux de ses adversaires, notamment le fait que Dieu refuse toute soumission, Diderot détruit la légitimité du monarque de droit divin, en lui substituant l’idée de liberté et de démocratie. Cet article assure la transition entre L’Esprit des lois de Montesquieu et Le Contrat social de Rousseau.
« Aucun homme n’a reçu de la nature le droit de commander aux autres. La liberté est un présent du Ciel, et chaque individu de la même espèce a le droit d’en jouir aussitôt qu’il jouit de la raison. »