Entre 1901 et 1913, Bergson donne de nombreuses conférences qui seront ensuite rassemblées dans un ouvrage : L’Énergie Spirituelle, Essais et conférences. Le 28 avril 1912, Bergson donne une conférence à Foi et Vie, intitulée : « L'âme et le corps ». Dans cette conférence, il propose de réfléchir sur les liens entre l'âme et le corps, donc entre la matière et l'esprit. Elle deviendra ensuite le chapitre II de L’Énergie Spirituelle.
Bergson propose une approche dualiste de l'âme et du corps, c'est-à-dire qu'il reconnaît la réalité de ces éléments comme deux choses distinctes. Il distingue le corps, la matière, formé d'une quantité homogène, et l'âme, l'esprit, formé de phénomènes psychiques hétérogènes, variés. La matière est soumise à une nécessité, à des besoins, alors que ce qui caractérise l'esprit est la liberté. Il définit la matière comme étendue, quantitative et l'esprit comme inétendu, qualitatif.
Pour tenter de définir le lien qui unit le corps et l'âme, Bergson choisit de les analyser non en fonction de l'espace, mais en fonction du temps. Pour lui, il est impossible de comprendre comment l'esprit agit sur le corps et le corps sur l'esprit si l'on se limite à analyser cette dualité en fonction de l'espace, donc en fonction de la matière et de ses modifications dans l'espace.
L'esprit est une mémoire, mémoire des perceptions du corps, il est un prolongement du passé, de ces mémoires, dans le présent, et est donc une évolution, un progrès. C'est donc l'esprit, par la mémoire, qui lie l'âme et le corps, et qui peut prendre prise sur le corps.
La vie mentale, psychique est donc débordante d'idées, et le cerveau est l'organe du corps qui va traduire une partie de ce qu'il se passe dans la conscience, pour que l'individu s'adapte au monde.
« Chacun de nous est un corps, soumis aux mêmes lois que toutes les autres portions de matière […] Mais, à côté de ces mouvements qui sont provoqués mécaniquement par une cause extérieure, il en est d'autres qui semblent venir du dedans et qui tranchent sur les précédents par leur caractère imprévu : on les appelle volontaires ».