L’interrogation indirecte
L’interrogation indirecte : présentation
L’interrogation indirecte : présentation
Une interrogation indirecte se présente sous la forme d’une proposition subordonnée conjonctive complétive introduite par un mot interrogatif et dépendante du verbe de la proposition principale.
On peut voir par exemple le verbe « demander », suivie d’une proposition subordonnée qui présente l’objet de ce questionnement.
« CAMILLE. : Les étrangers qui nous visitent […] ils regardent attentivement la blancheur de nos voiles ; mais ils se demandent pourquoi nous les rabaissons sur nos yeux. »
Musset, On ne badine pas avec l’amour, Acte II, Scène 5
D’autres verbes impliquant ou permettant une question peuvent introduire une subordonnée interrogative indirecte : interroger, s’informer, ignorer, savoir, comprendre, indiquer…
- « Sais-tu ce que c’est que des nonnes, malheureuse fille ? » (II, 5)
- « [Perdican] ne voit pas un brin d’herbe à terre qu’il ne vous dise comment cela s’appelle en latin. » (I, 1)
Musset, On ne badine pas avec l’amour
Les mots subordonnants
Les mots subordonnants
La conjonction « si »
La conjonction « si »
La conjonction « si » correspond à l’interrogation indirecte totale.
L’interrogation indirecte totale est une question qui appelle comme seule réponse « oui » ou « non ». On l’appelle aussi « question fermée ».
« Je voudrais m'instruire, et savoir si j'ai tort ou raison de me faire religieuse. » (II, 5)
Au style direct, le questionnement de Camille, héroïne d’On ne badine pas avec l’amour, serait formulé ainsi :
- « Ai-je tort ou raison de me faire religieuse ? »
Ou
- « Je m’interroge : ai-je tort ou raison de me faire religieuse ? »
Les pronoms, adjectifs et adverbes interrogatifs
Les pronoms, adjectifs et adverbes interrogatifs
Dans l’interrogation indirecte, on retrouve les mêmes pronoms (« qui »), adjectifs (« quel/le(s) », « lequel/laquelle/lesquels/lesquelles ») ou adverbes interrogatifs (« pourquoi », « comment », « quand ») que dans l’interrogation directe.
« Sais-tu les rêves de ces femmes qui te disent de ne pas rêver ? Sais-tu quel nom elles murmurent quand les sanglots qui sortent de leurs lèvres font trembler l’hostie qu’on leur présente ? Elles qui s’assoient près de toi avec leurs têtes branlantes pour verser dans ton oreille leur vieillesse flétrie, elles qui sonnent dans les ruines de ta jeunesse le tocsin de leur désespoir, et font sentir à ton sang vermeil la fraîcheur de leurs tombes, sais-tu qui elles sont ? »
Musset, On ne badine pas avec l’amour, II, 5
Les mêmes mots introducteurs seraient employés au style direct : « Quel nom murmurent-elles ? », « qui sont-elles ? »
Les locutions conjonctives « ce qui », « ce que »
Les locutions conjonctives « ce qui », « ce que »
Elles remplacent « que », « » qu’est-ce-qui ? », « qu’est-ce-que ? ».
« Savez-vous ce que c’est que les cloîtres, Perdican ? » (II, 5)
Plus simplement la question pourrait être formulée en ces termes : « Savez-vous ce que sont les cloîtres, Perdican ? »
Au style direct, la question serait : « Que sont les cloîtres ? » ou « Qu’est-ce que c’est que les cloîtres ? » ou encore « Qu’est-ce que sont les cloîtres ? »
Il est incorrect d’employer « qu’est-ce qui » ou « qu’est-ce que » au style indirect.
- « Je me demande qu’est-ce qu’il faut faire » est une tournure incorrecte car elle mêle le style direct et le style indirect. La tournure correcte serait : « Je me demande ce qu’il faut faire ».
- Il en va de même de tournures comme : « j’aimerais bien savoir qui est-ce ? ». Il faut dire « j’aimerais savoir qui c’est », ou « j’aimerais savoir de qui il s’agit ».
L’ordre des mots et la ponctuation dans l’interrogation indirecte
L’ordre des mots et la ponctuation dans l’interrogation indirecte
L’ordre des mots
L’ordre des mots
Dans l’interrogation indirecte, l’ordre sujet + verbe de la phrase affirmative est maintenu.
« Je sais quel homme vous êtes. » (II, 5)
Il arrive que l’interrogation indirecte se débarrasse de la proposition principale et de son verbe introducteur pour ne garder que la question.
Dans cet exemple extrait de Sido, de Colette, la mère répond à sa fille en reprenant l’interrogation directe et en la transposant en interrogation indirecte ; la proposition principale disparaît. Cette tournure de phrase est correcte.
« — Qu’est-ce qu’ils t’ont fait, maman ? […]
— Ce qu’ils m’ont fait ? Ils sont venus. »
La ponctuation
La ponctuation
L’interrogation indirecte est dépourvue du point d’interrogation caractéristique de l’interrogation directe parce qu’elle est insérée dans une phrase complexe.
- Sa fille demande à Sido ce qu’ils lui ont fait.
Les personnes et les temps dans l’interrogation indirecte
Les personnes et les temps dans l’interrogation indirecte
La transformation de l’interrogation directe en interrogation indirecte entraîne des changements grammaticaux.
La modification des personnes
La modification des personnes
Les pronoms personnels et pronoms/adjectifs possessifs de la 1re et de la 2e personne peuvent passer à la 3e personne.
- Au style direct : Êtes-vous satisfait de votre repas ?
- Au style indirect : Le serveur demande à son client s’il est satisfait de son repas.
La modification des temps verbaux
La modification des temps verbaux
Si le verbe introducteur est au présent, le temps de la subordonnée interrogative reste le même qu’au style direct.
- Il me demandera : « est-ce que tu m’aimes » ?/ Il me demandera si je l’aime.
Au style indirect comme au style direct, le verbe de la question est au présent de l’indicatif. Si le verbe introducteur est au passé, la règle de la concordance des temps impose un changement de temps pour le verbe de la subordonnée.
- Le vieil homme demanda à Louise : « acceptes-tu d’être ma femme ? » / Le vieil homme demanda à Louise si elle acceptait d’être sa femme.
La modification des marqueurs de temps
La modification des marqueurs de temps
Si le verbe introducteur est au passé et que la concordance des temps impose un changement de temps pour les verbes de la subordonnée, les marqueurs de temps changent aussi.
- Ils se demandent : « pourrons-nous prendre le train demain ? » / Ils se demandent s’ils pourront prendre le train demain.
Mais :
- Ils se demandaient : « Pourrons-nous prendre le train demain ? » / Ils se demandaient s’ils pourraient prendre le train le lendemain.