Bernard Le Bouyer de Fontenelle
Bernard Le Bouyier de Fontenelle (1657-1757), écrivain, représenté âgé de 56 ans, d’après Hyacinthe Rigaud, 1713
Neveu de Thomas et Pierre Corneille, Bernard Le Bouyer de Fontenelle illustre la transition entre le Grand Siècle et le siècle des Lumières.
Élève brillant, il étudie la physique, la philosophie et le droit, mais renonce vite à sa carrière d’avocat en partant à Paris à 17 ans. Là-bas, il se fait un nom dans le domaine de la vulgarisation scientifique et philosophique.
Vers la fin de XVIIe siècle, Fontenelle se positionne dans la querelle des Anciens et des Modernes : il défend l’idée que les créations littéraires de son siècle ont tout autant de valeur et peuvent égaler celles de l’Antiquité.
En 1691, il est nommé membre de l’Académie française, puis secrétaire perpétuel de l’Académie royale des sciences en 1697. Cette position, qu’il gardera pendant près de 40 années, lui offre l'opportunité d’écrire dans le recueil annuel des travaux les plus marquants de l’année : il traite de la partie « Histoire », vulgarisant pour le plus grand nombre des sujets variés, tels que la botanique ou la physique.
Fontenelle fréquente ainsi des salons littéraires et philosophiques, et formule des éloges.
Il meurt en 1757, quelques semaines avant ses 100 ans.
Nouveaux dialogues des morts (1683) Entretiens sur la pluralité des mondes (1686) Histoire des oracles (1687) Digression sur les anciens et les modernes (1688)
C’est une fois arrivé à Paris que Fontenelle s’essaie à différents genres, sans pour autant rencontrer le succès : la poésie dans le Mercure Galant (revue de son oncle Thomas Corneille), le théâtre avec la tragédie Aspar (1680), et également l'opéra avec Psyché (1678).
En 1683, il publie Nouveaux dialogues des morts, ouvrage dans lequel il fait se rencontrer des personnages célèbres entre eux : Socrate et Montaigne, Charles Quint et Érasme, etc. À travers ces dialogues fictifs, ces figures du passé dissertent sur de nombreux sujets philosophiques et moraux, et lui permettent de moquer les préjugés.
Fontenelle se tourne vers la littérature scientifique en 1686 avec Entretiens sur la pluralité des mondes. Dans cette œuvre, il met en scène des leçons d’astronomie en se basant sur les connaissances de Descartes et Copernic.
Avec cet ouvrage, Fontenelle connaît un vrai et grand succès. Il est réédité plus de trente-trois fois de son vivant, et traduit dans de nombreuses langues : anglais, allemand, néerlandais, russe et italien !
Ainsi, homme de lettres et savant, Fontenelle utilise sa plume pour vulgariser des sujets et les rendre accessibles à tous.
« Les idées de physique y sont riantes d’elles-mêmes, et […] dans le même temps qu’elles contentent la raison, elles donnent à l'imagination un spectacle qui lui plaît autant que s’il était fait exprès pour elle. »
Entretiens sur la pluralité des mondes , 1686
« J’ai voulu traiter. La philosophie d’une manière qui ne fût point philosophique ; j’ai tâché de l’amener à un point où elle ne fût ni trop sèche pour les gens du monde, ni trop badine pour les savants. »
Préface, Entretiens sur la pluralité des mondes , 1686
« Ce n’est pas un plaisir comme celui que vous auriez à une comédie de Molière ; c’en est un qui est je ne sais où dans la raison, et qui ne fait rire que l’esprit. »
Premier soir, Entretiens sur la pluralité des mondes , 1686
« En disant toujours Pourquoi non ? vous m’allez mettre des habitants dans toutes les planètes ? N’en doutez pas, répliquai-je, ce pourquoi non ? a une vertu qui peuplera tout. »
Troisième soir, Entretiens sur la pluralité des mondes , 1686