Auteur
Chrétien de Troyes
Biographie

Crédit image : Gravure représentant Chrétien de Troyes dans son atelier, artiste inconnu, 1530, ©Bibliothèque nationale de France

On sait peu de choses de la vie de Chrétien de Troyes. Son nom implique un lien avec la ville de Troyes, d’où il pourrait être originaire.
Son premier travail littéraire est la traduction de L’Art d’aimer d’Ovide, ainsi que de passages des Métamorphoses. Il semble qu’il ait également écrit un premier roman, qui s’est depuis perdu.
D’après ce que Chrétien de Troyes dit de lui-même dans ses livres, on comprend qu’il devait être poète à la cour de Champagne, où sa protectrice, Marie de Champagne, lui aurait passé commande du texte qui deviendra le Chevalier de la charrette. Il avait également comme mécène Philippe d’Alsace, comte de Flandre.
On suppose que c’est sa mort, dont on ignore la date, qui est la cause de l’inachèvement de son dernier livre, le Conte du Graal.

Bibliographie sélective

Cligès ou la Fausse morte - (Env. 1175)
Lancelot ou le Chevalier de la charrette - (Env. 1175-1181)
Yvain ou le Chevalier au lion - (Env. 1175-1181)
Perceval ou le Conte du Graal - (Env. 1182-1190)

Œuvre

Chrétien de Troyes opère la synthèse entre les histoires et les thèmes de la matière de Bretagne d’une part, et des motifs littéraires et procédés poétiques propres aux trouvères d’autre part, auquel il ajoute l’inspiration de la littérature courtoise. Par cette opération de syncrétisme, il est donc l’un des forgerons de la littérature française.
La particularité de ses romans de chevalerie est que, sans s’éloigner du merveilleux propre à ce genre, ils sont également très réalistes, renseignant sur la manière de vivre et sur les mœurs de son époque. Ces détails permettaient en outre l’identification du lecteur, et dans une certaine mesure le permettent encore, ce qui explique la portée de son œuvre.
Formellement, Chrétien de Troyes utilise l’octosyllabe à rimes plates (c’est-à-dire que les vers riment deux à deux). Il n’utilise que des rimes riches, montrant ainsi sa maîtrise technique. Son écriture est imagée, recourant volontiers aux métaphores et aux comparaisons, par lesquelles il rapproche encore davantage le lecteur de ses personnages.

Citations

« Le Chevalier, à pied et sans lance,
S’avance vers la charrette
Et voit sur les limons un nain
Qui, en bon charretier, tenait
Dans sa main une longue baguette.
Et le Chevalier dit au nain :
Nain, fait-il, pour Dieu, dis-moi tout de suite
Si tu as vu par ici
Passer ma dame la reine. »
Lancelot ou le Chevalier de la charrette , env. 1175-1181

« La demoiselle par la main
Emmène Monseigneur Yvain
Là où il est très chèrement tenu.
Lui craint d’être mal reçu,
Et s’il le croit, c’est naturel.
Sur un grand coussin vermeil,
Ils trouvent la dame assise.
Grand peur, je vous l’assure,
Messire Yvain a eu à l’entrée
De la chambre où ils ont trouvé
La dame qui ne lui disait rien.
Ce silence l’effraya fort :
Il fut de peur si ébahi
Qu’il pensa bien être trahi ;
Et il se tint debout loin d’elle
Jusqu’au moment où la pucelle
Lui dit : “Qu’elle aille au diable
Celle qui apporte à une dame
Un chevalier qui ne s’en approche pas
Et qui n’a ni langue, ni bouche,
Ni esprit qui lui permette de penser
Et de commencer à parler !” »
Yvain ou le Chevalier au lion , env. 1175-1181

« Le Graal est chose si sainte
Et lui si pur esprit
Qu’il ne lui faut pas autre chose
Que l’hostie qui vient dans le Graal.
Il est resté ainsi douze ans,
Sans sortir de sa chambre
Où tu as vu entrer le Graal. »
Perceval ou le Conte du Graal , env. 1182-1190

« Les jeunes gens porteurs des candélabres
Étaient d’une grande beauté.
Sur chaque candélabre brûlaient dix chandelles pour le moins.
D’un graal tenu à deux mains
Était porteuse une demoiselle,
Qui s’avançait avec les jeunes gens,
Belle, gracieuse, élégamment parée. »
Perceval ou le Conte du Graal , env. 1182-1190