Colette

Biographie

Crédit photo : Colette photographiée par Henri Manuel vers 1910.

De nos jours, Colette est une icône de La Belle Époque et un symbole de l’émancipation féminine, car elle a fui l’austérité des intellectuels pour profiter des plaisirs de la vie. Son enfance campagnarde de la fin du XIXe siècle est assez éloignée du rythme effréné de son quotidien à Paris, mais c’est pourtant dès son plus jeune âge qu’elle va prendre goût à la littérature. Elle va découvrir l’anticonformisme via son féminisme et sa bisexualité affirmée.

Pour elle, l’écriture est une activité très naturelle. Ses premières publications paraissent pourtant sous le nom de son premier mari, Willy. Ce n’est qu’après leur divorce, en 1912, que Colette revendique ces ouvrages, et commence à signer ses œuvres de son propre nom. Elle va gagner progressivement son indépendance en diffusant ses textes dans la presse, avant de devenir une des figures incontournables des milieux littéraires. Elle a également fait carrière dans le music-hall, qui lui permet de gagner sa vie. Autrice d’œuvres reconnues s’adressant à un public large, présidente de l’académie Goncourt entre 1949 et 1954, décorée de la Légion d’honneur, elle meurt en célébrité et des funérailles nationales lui sont accordées, ce qui est une première pour une femme en France.

Bibliographie sélective

Claudine à l’école (1900)
Chéri (1920)
Le Blé en herbe (1923)
Sido (1930)
Le Pur et l’Impur (1932)

Œuvre

L’écriture de Colette est très largement inspirée de ses expériences personnelles. Le personnage de Claudine qui la rendra célèbre, mais aussi les héroïnes de La Vagabonde ou de La Femme cachée, entre autres, c’est un peu elle. Elle ne raconte que ce qu’elle a directement vécu et le déguise derrière les fantaisies de la fiction.

L’exaltation de la nature, la bisexualité, les amours interdits, et la nostalgie sont des thèmes très présents dans Dialogues de bêtes et Paradis terrestre ; non pas parce qu’ils permettraient de faire vendre davantage, mais parce qu’ils tiennent une place très importante dans la vie de l’autrice. Sa force, c’est de réussir à faire en sorte que ses souvenirs intimes touchent son lecteur.

La prose de Colette est sensuelle, dans le sens où elle s’attache à restituer les vibrations des sens et du corps. Chaque mot est consciencieusement pesé, et n’est jamais utilisé au hasard. Beaucoup d’adjectifs précis viennent soutenir les portraits, les paysages et les nombreuses descriptions minutieuses qui parsèment son œuvre. Le contraste entre des sujets triviaux ou simples, et un style épuré et élevé fait tout le charme de cette écriture.

Citations

« Je veux faire ce que je veux. Je veux jouer la pantomime, même la comédie. Je veux danser nue, si le maillot me gêne et humilie ma plastique. Je veux me retirer dans une île, s’il me plaît, ou fréquenter des dames qui vivent de leurs charmes, pourvu qu’elles soient gaies, fantasques, voire mélancoliques et sages, comme sont beaucoup de femmes de joie. Je veux écrire des livres tristes et chastes, où il n’y aura que des paysages, des fleurs, du chagrin, de la fierté, et la candeur des animaux charmants qui s’effraient de l’homme… Je veux sourire à tous les visages aimables, et m’écarter des gens laids, sales et qui sentent mauvais. Je veux chérir qui m’aime et lui donner tout ce qui est à moi dans le monde : mon corps rebelle au partage, mon cœur si doux et ma liberté ! »
Les Vrilles de la vigne , 1908

« J’ai le souvenir très net d’avoir été moins chérie de mes bêtes, quand je souffrais d’une trahison amoureuse. Elles flairaient sur moi la grande déchéance : la douleur. J’ai vu, à une belle chienne de qualité, un regard inoubliable, généreux encore, mais mesuré, ennuyé avec cérémonie, parce qu’elle n’aimait plus autant la signification de tout mon être, – un regard d’homme, le regard d’un certain homme. La sympathie de l’animal pour l’homme malheureux… »
La Naissance du jour , 1928

« Ô géraniums, ô digitales… Celles-ci fusant des bois-taillis, ceux-là en rampe allumés au long de la terrasse, c'est de votre reflet que ma joue d'enfant reçut un don vermeil. Car “Sido” aimait au jardin le rouge, le rose, les sanguines filles du rosier, de la croix-de-Malte, des hortensias et des bâtons-de-Saint-Jacques, et même le coqueret-alkékenge, encore qu'elle accusât sa fleur, veinée de rouge sur pulpe rose, de lui rappeler un mou de veau frais… À contrecœur, elle faisait pacte avec l’Est : "Je m’arrange avec lui", disait-elle. Mais elle demeurait pleine de suspicion et surveillait, entre tous les cardinaux et collatéraux, ce point glacé, traître, aux jeux meurtriers. Elle lui confiait des bulbes de muguet, quelques bégonias, et des crocus mauves, veilleuses des froids crépuscules. »
Sido , 1929

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