Étienne de La Boétie
Crédit photo : Tommy-Boy, 2016
Élevé dans une famille de magistrats, Étienne de La Boétie grandi dans un environnement bourgeois et cultivé.
Passionné pour la philologie antique (l’étude des langues à partir des textes écrits), il s’adonne à l’écriture de vers et de sonnets, et traduira même par la suite des écrits de Plutarque et Virgile.
Au cours de ses études en droit à l'Université d’Orléans, il commence à travailler sur son premier manuscrit : Discours de la servitude volontaire (ou le Contr’un), publié de manière posthume en 1576.
Dans cette œuvre, en s'appuyant sur des exemples antiques, La Boétie s’oppose à latyrannie et étudie les rapports de domination et de servitude.
Montaigne, entendant parler de ce texte, se rapproche de La Boétie. Une forte amitié naît entre les deux hommes ; leur correspondance par lettres sera étudiée postérieurement par des intellectuels et historiens.
Par sa réputation construite pendant ses études, le roi de l’époque, Henri II, le fait devenir « conseiller en la cour » (soit conseiller au Parlement de Paris) en 1553. L’année suivante, il devient conseiller du Parlement de Bordeaux, et épousera même la fille du président du Parlement, Marguerite de Carle. La Boétie est également chargé d’intervenir pour la paix dans les conflits de religion opposant catholiques et protestants.
La Boétie s'éteint à 32 ans l’été 1563, vraisemblablement de la tuberculose.
Discours de la servitude volontaire (1576)
Unique œuvre écrite par Étienne de la Boétie, le Discours de la servitude volontaire est un court réquisitoire dénonçant le caractère tyrannique des gouvernants qui revient sur la servitude du peuple, permettant à cette tyrannie de perdurer.
Publié de manière posthume (1574 en latin puis 1576 en français), Montaigne fait une grande publicité au texte, qui deviendra une référence et ce jusqu’à plus de deux cents ans après sa première publication pour les philosophes des Lumières, puis pour les révolutionnaires.
La Boétie est considéré comme l’un des premiers théoriciens de l’aliénation, analysant la manière dont l’individu est dépossédé de ses maîtrises au profit d’un autre.
« Les hommes nés sous le joug, puis nourris et élevés dans la servitude, sans regarder plus avant, se contentent de vivre comme ils sont nés et ne pensent point avoir d’autres biens ni d’autres droits que ceux qu’ils ont trouvés ; ils prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance. »
Discours de la servitude volontaire , 1576
« Vous vous affaiblissez afin qu’il soit plus fort, et qu’il vous tienne plus rudement la bride plus courte. »
Discours de la servitude volontaire , 1576
« […]quelle malchance a pu dénaturer l’homme — seul vraiment né pour vivre libre — au point de lui faire perdre la souvenance de son premier état et le désir de le reprendre ? »
Discours de la servitude volontaire , 1576
« La liberté est donc naturelle ; […] nous ne sommes pas seulement nés avec elle, mais aussi avec la passion de la défendre. »
Discours de la servitude volontaire , 1576