Hélène Dorion
Hélène Dorion est née à Québec en 1958. Dès l’enfance, elle se montre sensible à la complexité de l'existence humaine, une réflexion que l’on retrouve dans la plupart de ses œuvres. Adulte, elle poursuit des études en philosophie et en lettres à l'Université de Laval, où elle obtient un certificat en littérature et une maîtrise de lettres.
Tout au long de sa carrière, elle travaille avec plusieurs revues consacrées à la poésie et à la philosophie, et participe également à des émissions radiophoniques culturelles. Ses travaux l'amènent à collaborer avec de nombreux artistes, compositeurs et écrivains. En 1987, elle se rend en Europe, permettant à ses écrits d’être diffusés dans des revues françaises et belges.
Dans les années 1990, elle occupe le poste de directrice des Éditions du Noroît, maison d’édition québécoise spécialisée dans la poésie et les essais.
Reconnue pour la richesse et la profondeur de ses œuvres, Hélène Dorion est élue membre de l’Académie des lettres du Québec, et est nommée Officière de l’Ordre national du Québec en 2010.
Jours de sable (2002) Pas même le bruit d’un fleuve (2020) Mes forêts (2021)
Avec plus d’une trentaine d'œuvres écrites et publiées depuis 1983, Hélène Dorion explore la nature, le temps, la mémoire et l’identité. Elle a publié de nombreux recueils de poésie contemporaine, mais aussi des romans, des essais, et des livres jeunesse. Ses textes dialoguent souvent avec d’autres formes d’art, comme la musique et la photographie. En 2019, elle reçoit le prix Athanase-David, l’une des plus hautes distinctions littéraires décernées par le gouvernement du Québec, venant couronner l’ensemble de son œuvre.
Dans son recueil de poésie Mes forêts (2021), Dorion raconte la nature sauvage canadienne qui l’entoure et questionne la manière dont elle tend à évoluer. Elle explore différents thèmes, comme le passage du temps, la technologie, et la relation entre l’humain et la nature. À travers soixante-quatre poèmes en vers libres dénués de ponctuation, qui jouent avec les sons et les images, Dorion explore notre besoin de beauté et d’unité face à l’éparpillement accéléré de notre modernité.
« Chacun va, dans sa caverne d’enfant
retrouve les ombres animées d’oiseaux, de poissons
de reptiles sur les murs
ses jeux de sable et d’eau
qui emplissaient l’univers.
Toutes choses se dispersent, aujourd’hui
que la nuit chute dans l’immensité
le ciel qu’alors tu regardais comme un manège
a défait son chapiteau.
[…] »
Les Murs de la grotte , 1998
« Après avoir inventé des mythes pour surmonter ses peurs, l’être humain est entré dans la fabrique de la nature pour d’abord l’utiliser, l’adapter à ses désirs, puis la manipuler. Après avoir pu se détruire, l’être humain peut désormais se créer lui-même. Quel espace peut-il être fait ici à la poésie ? Quel espace pour un petit édifice de langage qui n’a de cesse de réinventer l’aventure de la vie, d’interroger le sens de notre présence et de porter plus loin notre vision de nous-mêmes ? »
Sous l’arche du temps , 2003
« Tes premières années, tu ne les retrouveras
qu’émiettées, floues, dispersées
au bout des milliers de souvenirs
que recueilleront les années suivantes.
Tu reverras ton père
qui berce l’obscurité
où tu t’endors en tremblant.
Les fées, les moutons
bientôt ne suffisent plus,
et la voix de ta mère transperce le mur
où s’appuient tes rêves. »
La vie bercée , 2006
« Et un jour la vie a soufflé sur ce mandala qui m’était si précieux. Brusquement, elle m’a jetée dans le courant de l’éphémère. Le fil de l’amour s’est rompu. Médusée, je ne pouvais aller vers l’avant ni revenir en arrière. »
Recommencements , 2014