Auteur
Jean Genet
Biographie

Crédit photo : Jean Genet, 19 décembre 1983, ©Organisation internationale Progress

Jean Genet connaît une enfance difficile : né de père inconnu, il est abandonné par sa mère quelques mois après sa naissance. Enfant de l’assistance publique, il est placé dans une famille du Morvan, avec laquelle il vit une période heureuse. Il y fait sa scolarité et obtient de bons résultats. C’est à cette époque qu’il comprend son homosexualité. À 10 ans, il est accusé de vol et sa vie prend une autre direction : l’enfant revendique son acte et adopte désormais volontairement un comportement qui le place au ban de la société. Il fait ainsi de nombreuses fugues.
À 13 ans, il est retiré de sa famille d’accueil et finit par être placé dans une colonie pénitentiaire. À 18 ans, engagé dans la Légion étrangère, il découvre l’Afrique, qui le passionne. En 1938, il déserte et retourne à Paris, où il vit principalement de vols et séjourne fréquemment en prison. C’est à la prison de Fresnes qu’il écrit son premier poème, Le Condamné à mort. La même année, il écrit son premier roman, Notre Dame des fleurs. Il fait la connaissance de Cocteau, qui obtient sa libération. Ses premiers livres seront cependant publiés et distribués illégalement car censurés pour pornographie.
Grâce à Cocteau et Sartre, qui l’estiment, Genet s’insère dans le milieu artistique parisien et se met à écrire des pièces de théâtre.
Il milite toute sa vie pour le droit des minorités, des homosexuels et pour la cause palestinienne.

Bibliographie sélective

Notre-Dame-des-Fleurs - (1944)
Les Bonnes - (1947)
Journal du voleur - (1949)
Les Nègres - (1958)

Œuvre

L’œuvre de Genet, d’abord poétique puis essentiellement théâtrale, est peuplée de créatures de la nuit, qui oscillent entre enfance et brigandage. Ses écrits sont très marqués d’érotisme et l’homosexualité en est un thème récurrent. Les personnages de Genet sont des marginaux, évoluant dans un monde ambigu, qui reflète la fascination de Genet pour le mal. Son œuvre peut être lue comme une critique de l’ordre social, auquel il oppose la délinquance et la marginalité comme autant de revendications à la différence. De même, sa langue est à la fois précieuse et crue, souvent travaillée par l’argot. Il s’agit donc d’une œuvre complexe, à la fois érotique, métaphysique et politique, où on peut voir une tentative de fusion de ces trois dimensions.

Citations

« Je veux chanter l’assassinat, puisque j’aime les assassins. Sans fard le chanter. Sans prétendre, par exemple, que je veuille obtenir par lui la rédemption, encore que j’en aie grande envie, j’aimerais tuer. Je l’ai dit plus haut, plutôt qu’un vieux, tuer un beau garçon blond, afin qu’unis déjà par le lien verbal qui joint l’assassin à l’assassiné (l’un étant grâce à l’autre), je sois, aux jours et nuits de mélancolie désespérée, visité par un gracieux fantôme dont je serais le château hanté. Mais que me soit épargnée l’horreur d’accoucher d’un mort de soixante ans ou qui serait une femme, jeune ou vieille. J’en ai assez de satisfaire sournoisement mes désirs de meurtre en admirant la pompe impériale des couchers de soleil. Assez mes yeux s’y sont baignés. Passons à mes mains. »
Notre-Dame-des-Fleurs , 1944

« CLAIRE :
Mais j’en ai assez de ce miroir effrayant qui me renvoie mon image comme une mauvaise odeur. Tu es ma mauvaise odeur. »
Les Bonnes , 1947

« La nuit n’est plus immonde. Léger, il court à un petit hôtel qui se trouve être un hôtel de passes et loue une chambre. Là, pour l’assoupir, la vraie nuit, la nuit des astres vient peu à peu, quelque peu d’horreur soulève son cœur : c’est le dégoût physique de la première heure, de l’assassin pour son assassiné, dont m’ont parlé bien des hommes. Il vous hante, n’est-ce pas ? Le mort est vigoureux. Votre mort est en vous ; mêlé à votre sang, il coule dans vos veines, suinte par vos pores, et votre cœur vit de lui, comme germent des cadavres les fleurs du cimetière… Il sort de vous par vos yeux, vos oreilles, votre bouche. »
Notre-Dame-des-Fleurs , 1944

« Trouver l’accord de ce qui est de mauvais goût, voilà le comble de l’élégance. Sans faillir, Stilitano avait su choisir des souliers de crocodile jaune et vert, un costume marron, une chemise de soie blanche, une cravate rose, un foulard multicolore et un chapeau vert. »
Journal du voleur , 1949