Auteur
Jules Laforgue
Biographie

Crédit photo : Auteur inconnu, 1885 ©Spiessens

Jules Laforgue est né à Montevideo, en Uruguay, sa famille ayant émigré dans l'espoir de faire fortune. Son père dirigeait une école, puis a travaillé dans une banque dont il finit par être l'un des associés.
À l'âge de six ans, Jules Laforgue retourne en France avec sa mère et ses frères et sœurs, et la famille s'installe à Tarbes. Il gagne ensuite Paris pour y faire ses études secondaires. Très timide, il échoue aux épreuves orales du baccalauréat.
Commence alors une vie assez misérable et essentiellement tournée vers la littérature et la philosophie. Jules Laforgue lit beaucoup, et publie quelques textes dans des revues. Il devient ensuite secrétaire du critique et collectionneur d'art Charles Ephrussi, ce qui lui assure des revenus réguliers et lui permet de se familiariser avec la peinture. En effet, il écrit les études que son protecteur signe de son nom.
Jules Laforgue fréquente alors les écrivains et les poètes symbolistes.
En 1881, il obtient un poste de lecteur auprès de l'impératrice allemande Augusta de Saxe-Weimar et doit partir pour Berlin. Cet emploi, très rémunérateur, lui laisse beaucoup de temps libre et lui permet de se consacrer à la lecture. Mais la vie à Berlin, loin de ses proches augmente son caractère mélancolique.
Il démissionne pour se marier avec Leah Lee en 1886, jeune anglaise rencontrée à Berlin, et le couple s'installe à Paris. Mais Jules Laforgue meurt de tuberculose l'année suivante. Un an après, sa femme meurt de la même maladie.

Bibliographie sélective

Les Complaintes - (1885)
L'Imitation de Notre-Dame la Lune - (1886)
Le Concile féerique - (1886)
Des Fleurs de bonne volonté - (1890 - Posthume)

Œuvre

La poésie de Laforgue tranche avec celle de son époque, par son indépendance, son originalité et sa liberté. Laforgue ne se préoccupe pas de règles ni de formes, bien qu'il ait un sens inné du rythme et de la sonorité. Il est le premier à s'affranchir de la rime et à donner naissance au vers libre.
Sa poésie est reconnaissable à son atmosphère mélancolique, toujours accompagnée d'un humour grinçant : on a retenu de lui l'image d'un poète lunaire, d'autant plus que sa mort précoce à 27 ans contribue à forger son mythe.
Ses vers ne sont pas pour autant alanguis et Laforgue sait construire énergiquement une narration et une évocation des lieux de Paris ou de Berlin, notamment grâce à son usage souple et libre de la versification. Son inspiration est souvent autobiographique, et c'est toujours avec ironie qu'il parle de lui, une ironie jamais dépourvue de tendresse.

Citations

« Un couchant des Cosmogonies !
Ah ! que la Vie est quotidienne…
Et, du plus vrai qu'on se souvienne,
Comme on fut piètre et sans génie… »
Les Complaintes , 1885

« Rigueurs à nulle autre pareilles.

__Dans un album,
Mourait fossile
Un géranium
Cueilli aux Îles.

Un fin Jongleur
En vieil ivoire
Raillait la fleur
Et ses histoires…

- ‟Un requiem !”
Demandait-elle.
- ‟Vous n’aurez rien,
Mademoiselle !”… »
L’Imitation de Notre-Dame la Lune , 1886

« Je ne suis qu'un viveur lunaire
Qui fait des ronds dans les bassins,
Et cela, sans autre dessein
Que devenir un légendaire.

Retroussant d'un air de défi
Mes manches de mandarin pâle,
J'arrondis ma bouche et j'exhale
Des conseils doux de Crucifix.

Ah! oui, devenir légendaire,
Au seuil des siècles charlatans !
Mais où sont les Lunes d'antan ?
Et que Dieu n'est-il à refaire ? »
L’Imitation de Notre-Dame la Lune , 1886

« J’aurai passé ma vie le long des quais
À faillir m’embarquer
Dans de bien funestes histoires
Tout cela pour l’amour
De mon cœur fou de la gloire d’amour »
Derniers vers , 1890 - Publication posthume