Auteur
René Ghil
Biographie

René Ghil est né à Tourcoing mais il fait ses études secondaires à Paris. Il publie à 23 ans un recueil de poèmes, qui le place dans la lignée des symbolistes et l'amène à fréquenter Mallarmé.
En 1888, Ghil s'éloigne de Mallarmé, de Verlaine et des symbolistes auxquels il reproche leur idéalisme et leur esprit décadent. Au cours de sa vie, Guil a créé plusieurs revues autour desquels il regroupait d'autres poètes et artistes : d'abord la revue Écrits pour l'art, qui rassemble notamment Henri de Régnier et Émile Verhaeren, puis L'Idée évolutive. Il écrit lui-même dans de nombreuses revues poétiques.
Au tournant du siècle cependant, Ghil se retrouve de plus en plus isolé mais il poursuit son travail de recherche et de publication.

Bibliographie sélective

Légende d'âmes et de sangs - (1885)
Traité du verbe - (1886)
Le Pantoun des pantoun, poème javanais - (1902)
De la poésie scientifique - (1909)

Œuvre

René Ghil est un poète difficile, engagé dans des recherches à la fois théoriques et expérimentales sur la langue et la poésie. Il s'intéresse aux jeux de sonorités et à la dimension rythmique des vers bien plus qu'à l'expression d'une subjectivité ou à la transmission d'un quelconque contenu. Il déclarait que son ambition était de retrouver le « caractère originel de la parole, et penser les mots-musique d'une langue-musique ». Dans cette démarche, Ghil a été inspiré par le lettrisme et par les recherches acoustiques de son époque. Lui-même était à la recherche d'une langue première, dont la primitivité se refléterait dans la poésie.
Peu connu, René Ghil a cependant influencé les futuristes russes, les surréalistes et l'Oulipo.

Citations

« Vie, et ride des eaux, depuis que hors l’amère
Navrure de ses Yeux son âme ne sourd plus,
De ses Yeux inlassés la Vieille aux os de pierre
Morne et roide regarde : et sa voix de prière
Très aigre, égrène au soir les avés des élus. »
Légende d’âmes et de sangs , 1885

« Il est une Ile en danse de glam’lang’ tintants
mais on l’entend se lamenter d’âme d’amour :

La terre dans le pli des Yeux a tressailli
où ne peuvent mourir le Sourire et les Pleurs… »

Le Pantoun des pantoun, poème javanais , 1902

« Un soir l’Orgue d’église aux spasmes des Violons
Montait loin sa douleur sourde en les râles longs :
Voix de genèse, Amour et Trépas, ô pleurs longs !
Un soir l’Orgue montait dans l’horreur des Violons… »
De la poésie scientifique , 1909

« Sans paix, allés, venus, doux de rêve lunaire
vont-ils : et, las d’aller, s’enrêve le herseur :
Ayant l’air de songer, en un songe sévère,
Au nu large, tout sexe et vulve, de la Terre,
Qui s’ouvre, génésique, au germe envahisseur ! »
De la poésie scientifique , 1909