Les frontières en débat : reconnaître et dépasser les frontières

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Reconnaître la frontière : la frontière germano-polonaise de 1939 à 1990, entre guerre et diplomatie

  • À la fin de la Première Guerre mondiale, la Pologne réapparaît sur les cartes et son indépendance et sa souveraineté retrouvée sont affirmées par le tracé de nouvelles frontières.
  • Mais Hitler remet en cause ce nouveau découpage territorial et revendique le corridor et la ville de Dantzig où vivent des minorités allemandes.
  • Pendant la Seconde Guerre mondiale, le territoire polonais se retrouve partagé entre l’Allemagne nazie, qui occupe la partie occidentale, et l’Union soviétique, qui occupe la partie orientale : la Pologne, en tant qu’État souverain, disparaît de nouveau.
  • À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les territoires de l’est de la Pologne sont cédés à l’URSS. Mais à l’ouest, la Pologne récupère des territoires à l’Allemagne défaite.
  • La frontière germano-polonaise est établie sur la ligne fluviale Oder-Neisse.
  • Le territoire polonais est donc plus petit, mais plus compact et avec un accès à la mer.
  • Les conséquences sur les populations sont importantes : les nombreuses populations allemandes vivant sur le nouveau territoire polonais sont expulsées.
  • La violence du départ est vécue comme un arrachement, un déracinement, qui rend l’acceptation de la nouvelle frontière difficile pour ces populations qui ne sont pas toujours bien accueillies en Allemagne (différences religieuses, décalages linguistiques, etc.).
  • Durant la guerre froide, dans la zone allemande d’occupation soviétique (qui devient ensuite la RDA), les nouveaux arrivants sont enregistrés comme des « déplacés » (souhait de minimiser leur sort). L’opposition à la nouvelle frontière avec la Pologne est considérée comme du revanchisme et de la propagande nazie. Le traité de Görlitz (1950) signé entre la RDA et la Pologne reconnaît « la frontière établie et existante comme une frontière de paix et d’amitié inviolable, qui ne divise pas mais lie les deux nations ».
  • En zone d’occupation occidentale, ces Allemands qui ont été déplacés de force sont considérés comme des « réfugiés » puis comme des « expulsés ». Le retour de ces populations dans leur région d’origine devenue communiste est inenvisageable. Le traité de Varsovie (1970) reconnaît la ligne Oder-Neisse comme la frontière occidentale de la Pologne et engage la Pologne et la RFA à ne pas recourir à la force pour régler leurs différends.
  • Lors de la réunification allemande en 1990, le traité 2 + 4 (ou traité de Moscou) se prononce sur le caractère définitif des frontières de l’Allemagne qui seront celles de l’ancienne RDA et de l’ancienne RFA. La Pologne et l'Allemagne signent un traité complémentaire sur leurs frontières qui reconnaît définitivement la ligne Oder-Neisse.
  • La Pologne entre dans l’Union européenne en 2004 et des euro-régions sont créées de part et d’autre de la frontière, ancienne ligne Oder-Neisse.
  • L’exemple de la frontière germano-polonaise montre comment la reconnaissance de la frontière s’opère par un glissement de la guerre vers la diplomatie. Il montre aussi que la frontière est à la fois un objet géopolitique (enjeu territorial traditionnel des relations internationales) et un objet d’appropriation par les populations.

Dépasser les frontières : le droit de la mer

  • Les frontières maritimes sont différentes des frontières terrestres : elles ne constituent pas des frontières stricto sensu mais plutôt des délimitations juridiques permettant une répartition de ressources entre États.
  • Les espaces maritimes sont des lieux de plus en plus convoités pour leurs ressources, mais aussi en tant qu’espace de circulation exceptionnel et manifestation de puissance géopolitique.
  • Lors de la conférence de Montego Bay (1982), la Convention des Nations unies sur le droit de la mer crée des frontières maritimes délimitées :
  • eaux territoriales (sous la souveraineté de l’État contigu) ;
  • ZEE (droit d’exploitation des ressources par l’État concerné) ;
  • haute mer (eaux internationales).
  • Les ZEE ont été créées dans le but de rechercher la situation la plus équitable entre des États qui, placés face à face, se disputeraient des eaux.
  • Mais les difficultés sont nombreuses :
  • les limites des ZEE ne sont pas toutes fixées : les arrangements bilatéraux ou régionaux sont innombrables et les pays riverains ne trouvent pas toujours d’accord fixant définitivement la limite séparant leurs deux zones (exemple : contentieux entre les Comores et la France à propos de la ZEE de Mayotte) ;
  • les revendications d’extension des ZEE pour l’exploitation du sol et du sous-sol du plateau continental sont nombreuses ;
  • certains pays n’ont pas accepté de signer ou ratifier la Convention des Nations unies sur le droit de la mer : notamment les États-Unis, qui se présentent pourtant comme les défenseurs du droit international de la mer, et qui détiennent la première ZEE du monde.
  • La situation en mer de Chine méridionale permet de voir un exemple de tensions liées à la contestation des frontières maritimes. La course aux ressources est exacerbée par l’affirmation de la puissance chinoise et par ses prétentions aux échelles régionale et mondiale. Les tensions sont donc particulièrement fortes entre les États :
  • l’archipel des Spratleys, en plus d’être riche en ressources halieutiques et en hydrocarbures, se situe sur une route maritime très fréquentée. Il fait l’objet de conflits multiples entre la Chine, le Vietnam, les Philippines, la Malaisie, Brunei et Taïwan. La Chine construit, un ensemble de construction d’îles artificielles et d’aménagements (ports et aéroports), sur des récifs déserts de la zone pour revendiquer la ZEE environnante.
  • les îles Senkaku (en japonais) ou Diaoyu (en chinois), elles aussi riches en ressources halieutiques et en hydrocarbures, sont au cœur d’un conflit entre la Chine, le Japon et Taïwan. Les passages chinois sont fréquents dans la zone bordant les îles disputées dans le cadre d’une diplomatie navale agressive qui s’appuie sur une militarisation croissante. Les tensions engendrées au sujet de la souveraineté des îles incitent la Chine et le Japon à affirmer un nationalisme qui répond aux exigences de politique intérieure de leur pays.
  • Le droit de la mer a pour ambition de dépasser les divisions politiques du monde en élargissant le concept des frontières, mais il ne parvient pas à empêcher les conflits et il se heurte à des difficultés d’application.