Gargantua - Partie 2

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Écrire pour faire rire

  • Rabelais déploie des trésors de rhétorique pour donner l’impression au lecteur que le narrateur est en train de lui raconter, presque oralement, une histoire désopilante.
  • Le comique sert à faire l’éloge de l’humain, dans un monde où les valeurs sont renversées (trait constant de l’esthétique de Rabelais).
  • Rabelais puise dans les récits érudits et dans les légendes orales pour forger son personnage. On peut dire qu’il s’appuie sur un folklore populaire.
  • À sa manière, Gargantua a quelque chose de divin (il naît par l’oreille de sa mère, crée le Rhône avec son urine etc.).
  • Le gigantisme, en tant que caractéristique physique ou comme appétit, est à l’origine du rire rabelaisien. Tout est disproportionné autour de Gargantua.
  • Le style de Rabelais reflète ces exagérations. Entre autres figures de style identifiables qui vont dans ce sens, on retrouve régulièrement des hyperboles ou des énumérations.
  • Tout ceci participe à la création d’un imaginaire occasionnellement grotesque (le bizarre et le bouffon dominent l’esthétique générale de l’œuvre).
  • Les obscénités présentes dans le roman ont pour Rabelais cet avantage de pouvoir susciter l’hilarité facilement.
  • Pour Mikhaïl Bakhtine, cette présence du « bas corporel » dans Gargantua vise à proposer une vision subversive du monde.
  • Dès lors, il est essentiel d’identifier dans l’œuvre de Rabelais le retour constant de la thématique du carnaval (événement pendant lequel toutes les valeurs et les hiérarchies sont inversées).
  • L’ironie est au service d’un tel phénomène. Par cette façon de dire l’inverse de ce qu’on l’on pense, Rabelais ne touche les sujets de ses reproches qu’indirectement.
  • Si le rire est divertissant et apparaît sous la plume de Rabelais pour plaire au lecteur, il n’est jamais gratuit. Il est l’arme d’un combat spirituel fondé sur des effets de disproportion et de retournement.

La dérision au service de la satire

  • Le personnage du géant Gargantua n’est pas un imbécile. Il est un roi philosophe, qui reçoit une éducation riche et variée. Le véritable but du roman de Rabelais est de transmettre au lecteur les préceptes de cette éducation.
  • D’un côté, il est question d’éduquer Gargantua pour qu’il sache identifier qui sont ses ennemis. Ainsi, le rire fait partie intégrante de son éducation et de la dimension satirique du roman.
  • D’un autre côté, Rabelais élabore, derrière ces attaques par la dérision, un véritable programme d’éducation humaniste.

Les cibles de Rabelais sont :

  • les intellectuels sophistes et leur enseignement ;
  • la religion (attention, le roman n’est pas un pamphlet antireligieux ou athée ; il est plutôt question de proposer un nouveau rapport à la croyance et une nouvelle organisation des ordres religieux) ;
  • les conflits guerriers et le pouvoir politique.
  • La dérision et le rire sont au cœur du programme éducatif valorisé dans Gargantua, puisqu’ils sont deux symptômes d’intelligence.
  • Cette éducation humaniste repose principalement sur un principe d’harmonie entre le corps et l’esprit, suivant la tradition éducative propre à l’antiquité.
  • Gargantua acquiert donc des connaissances dans tous les domaines, mais reçoit aussi une éducation physique exemplaire.
  • Rabelais pense également que l’emploi du temps des élèves doit être maîtrisé, pour condamner l’immobilité et favoriser la stimulation de l’appétit pour les savoirs, le sport ou la nourriture.
  • De plus, la figure de l’altérité apparaît comme une figure cardinale de la pensée sur l’éducation dans Gargantua.
  • Si la dérision dans Gargantua est au service d’une satire, les principes éducatifs qui sous-tendent la promotion de ce rire sont surtout un appel à ouvrir son esprit aux autres et à la richesse du monde. La philosophie de Rabelais, en somme, est une philosophie de la joie.