La naissance d'un nouvel ordre mondial bipolaire après la Seconde Guerre mondiale

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Introduction :

La destruction de l’Allemagne nazie par les Alliés entraîne la création d’un nouvel ordre mondial, dans lequel deux puissances vont s’opposer : les États-Unis et l’URSS. Alliés contre Hitler depuis 1941, les deux puissances ont œuvré pour attaquer conjointement l’Allemagne nazie sur deux fronts : à l’ouest de l’Europe pour les Américains, et à l’est pour l’Union soviétique. Les deux armées se rejoignent sur les rives du fleuve Elbe, en Allemagne, le 25 avril 1945. En avançant en direction de l’Allemagne, les Alliés ont libéré les pays occupés du joug nazi. Désormais se pose la question de l’avenir de ces pays. Quel modèle de société leur proposer ? L’Union soviétique, communiste, et les États-Unis, capitalistes, sont idéologiquement opposés et vont alors s’affronter pour façonner le monde de l’après-guerre à leur manière.

Nous verrons dans ce cours comment l’Europe va devenir le théâtre des premières oppositions frontales entre les Alliés d’hier, malgré la mise en place d’accords quant au futur de l’Europe. Nous verrons ensuite les efforts mis en place pour recréer un monde de l’après 1945, avec une nouvelle gouvernance économique mondiale, puis comment la création de l’ONU entérine l’établissement d’un nouvel ordre mondial bipolaire.

La division de l’Europe entre les Alliés

Sur les ruines du IIIe Reich, les Alliés doivent reconstruire une nouvelle Europe de la paix. Or, deux idéologies s’opposent, soutenues par les deux grandes puissances des Alliés : les États-Unis et l’Union soviétique.

Les Alliés et les oppositions idéologiques

La constitution du camp allié durant la Seconde Guerre mondiale a été rendue possible grâce à des intérêts stratégiques communs entre le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union soviétique. C’est leur opposition à l’Axe qui a permis la création de cette alliance.

Bien avant son entrée en guerre, l’Union soviétique propose un modèle de société complètement opposé à celui des États-Unis. La dictature stalinienne, totalitaire et d’idéologie communiste n’a rien en commun avec les États-Unis, une démocratie capitaliste et libérale. Si jusqu’alors les deux modèles ne s’opposent pas frontalement, du fait du danger que représente l’Allemagne hitlérienne et de l’éloignement des deux pays, le déroulement du conflit puis la fin de la guerre les amène à se côtoyer, à collaborer mais aussi à se concurrencer.

Alors que le principal front dans la guerre contre l’Allemagne nazie se situe à l’Est et mobilise toutes les forces soviétiques, Staline demande en 1942 aux Alliés américains et britanniques d’ouvrir un nouveau front à l’ouest pour alléger la pression en Russie. Cette stratégie permet en 1944 et 1945 aux Soviétiques de libérer toute l’Europe de l’Est et aux Anglo-américains de libérer les pays d’Europe de l’Ouest. Sur le terrain, les deux forces se servent de l’aide apportée par les résistances locales antinazies, qu’elles soient communistes ou nationalistes. Or, sur le front oriental, les groupes de partisans nationalistes rejettent également le communisme totalitaire de l’URSS. Staline cherche à s’en débarrasser lorsqu’ils s’opposent à lui, comme en Pologne lors de l’insurrection de Varsovie (1er aout-2 octobre 1944). À l’approche des troupes soviétiques, chargées de libérer la Pologne de l’occupation nazie, les groupes nationalistes présents dans la capitale polonaise se révoltent pour en expulser les troupes allemandes.

Résistants polonais - insurrection de Varsovie - août 1944- SchoolMouv - Histoire - terminale Résistants polonais pendant l’insurrection de Varsovie en août 1944 ©Stefan Bałuk

Staline freine alors ses troupes, les empêchant de porter secours aux insurgés afin que la résistance polonaise, qui lui était hostile, se fasse massacrer par les nazis. Par cette décision, le dictateur soviétique prépare l’après-guerre et l’occupation de l’Europe de l’Est par l’armée rouge.

Refaire l’Europe

Dans la dernière phase de la guerre, alors que la fin du IIIe Reich semble inéluctable, les Alliés anticipent donc la gestion de l’après-guerre afin d’éviter la création de nouvelles tensions. L’Empire nazi, qui avait fini par s’étendre sur toute l’Europe, laisse des peuples sans pays et des pays sans frontières. Pour les Alliés, la paix en Europe ne peut passer que par une redéfinition des frontières des États et une refondation du continent sur de nouvelles bases. Du 4 au 11 février 1945 se tient la Conférence interalliée de Yalta, en Union soviétique. Cette conférence réunit les chefs d’État des trois principales puissances constituant les Alliés : le premier ministre britannique Winston Churchill, le président américain Franklin Roosevelt et Joseph Staline, le dirigeant de l’Union soviétique. Ensemble, ils élaborent les bases de l’Europe d’après-guerre.

 Chuchill, Roosevelt et Staline à la conférence de Yalta - SchoolMouv - Histoire - Terminale Chuchill, Roosevelt et Staline à la conférence de Yalta

À Yalta, les trois dirigeants décident le rétablissement des frontières des États telles qu’elles étaient avant les invasions nazies et de la mise en place d’une phase de transition politique, afin que les peuples aient la possibilité de décider de la forme d’État qu’ils souhaitent mettre en place. Il est décidé que les populations doivent pouvoir décider démocratiquement, et que l’ordre doit être assuré par les armées des puissances alliées qui ont libéré les pays.
En réalité, les Alliés se partagent l’Europe avec des zones d’occupation qu’ils négocient selon leurs intérêts stratégiques propres. L’Allemagne et l’Autriche doivent être divisées et occupées conjointement par toutes les puissances alliées. Berlin, la capitale allemande, est divisée de la même manière.

À Yalta, les dirigeants des grandes puissances posent les principes de l’Europe d’après-guerre, mais également les bases de la confrontation américano-soviétique qui a eu lieu sur le sol européen par la suite.

La naissance d’une opposition frontale

Sur le terrain, les troupes soviétiques et anglo-américaines se livrent à une course dans la dernière phase de la guerre afin de libérer un maximum de territoires. En effet, si les accords de Yalta ont établi le principe du droit des peuples à décider d’eux-mêmes par voie démocratique, leur application concrète ne peut se faire que par le biais d’une situation stabilisée et sécurisée. Les différentes puissances savent que le contrôle militaire sur un territoire donné peut leur permettre d’influencer les élections à venir en leur faveur. En effet, Anglo-Américains comme Soviétiques souhaitent transformer les zones libérées et occupées en zones d’influence, en y imposant leur modèle, capitaliste ou communiste.

La période d’occupation succédant à la libération permet aux puissances occupantes de favoriser les acteurs politiques qui représentent leurs intérêts et leurs idéologies. Et de fait, dans tous les pays, les élections qui se tiennent entre 1945 et 1948 apportent toujours un résultat favorable à la puissance occupante. On constate que dans les faits le principe démocratique n’est pas toujours respecté et que les élections se font sous la pression militaire des puissances occupantes, par le biais d’intimidations ou d’illégalités dans le déroulement des scrutins. Très vite, les élections font apparaître une carte de l’Europe divisée en deux, entre l’ouest, occupé par les Anglo-américains, qui choisissent d’adopter le modèle des démocraties capitalistes, et l’est, occupé par les Soviétiques, qui se dote de gouvernements communistes. L’Europe est alors bipolaire, avec deux modèles en opposition complète.

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Un nouvel ordre mondial

La fin de la Seconde Guerre mondiale est l’occasion de recréer un nouvel ordre mondial. Il passe par une nouvelle donne économique et par le retour de la diplomatie, afin de résoudre les litiges entre pays via une nouvelle institution internationale : l’ONU.

Un nouvel ordre économique mondial

Établissant le constat que la montée au pouvoir de Hitler était la conséquence de la crise économique internationale provoquée par le krach de 1929, le président américain Franklin Roosevelt et l’économiste John Maynard Keynes imaginent de créer un nouvel ordre économique international, avec des institutions qui permettent de garantir la stabilité et la solvabilité des pays, mais également du système des échanges. En juillet 1944, cette idée aboutit aux accords de Bretton Woods, conclus en présence de représentants des 44 nations alliées. Ils établissent la création de nouvelles institutions et permettent la mise en place de mesures concrètes pour appliquer leurs idées.

Les accords de Bretton Woods donnent alors naissance à deux institutions économiques à vocation internationale :

  • la Banque mondiale, alors appelée Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), qui se charge d’aider les États à se reconstruire et à coordonner leurs politiques économiques ;
  • le Fond Monétaire International (FMI), qui doit assister financièrement les États dans le besoin et leur donner des conseils de gestion.

Autre pilier de l’économie d’après-guerre décidé lors des accords de Bretton Woods, le gold standard. Il s’agit de la parité exclusive entre l’or et le dollar. Désormais, en fixant la valeur du dollar sur le stock d’or mondial, la valeur des cours des monnaies mondiales est garantie par le dollar américain. Ce système fait de l’économie américaine la garante de l’économie mondiale et le nouveau centre de l’économie mondiale.
Ce système vient renforcer l’accord du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade). Signé en 1947, il établit les principes du commerce international. Le GATT vise à établir un marché mondial libéralisé par la mise en place d’une harmonisation des politiques douanières et le principe de libre concurrence. Élaboré par les Américains à la fin de la guerre, le nouvel ordre économique mondial est dépendant de l’économie américaine et des principes du capitalisme. Il est donc tout naturellement rejeté par l’Union soviétique.

L’ONU, un gouvernement mondial ?

Après avoir mené deux guerres mondiales en moins de 25 ans, et étant convaincus de la nécessité de recourir à la diplomatie pour éviter que les différentes puissances ne s’opposent par la voie militaire, les Alliés décident la création d’une organisation mondiale pour la paix : l’Organisation des Nations Unies (ONU) voit le jour en 1945.

Siège de l’ONU à New York - SchoolMouv - Histoire - Terminale Le siège de l’ONU à New York

L’ONU doit œuvrer pour la paix et doit favoriser un espace de dialogue pour la résolution des conflits. Cette idée n’est en rien nouvelle : la Société des Nations, une organisation similaire, est née à la fin de la Première Guerre mondiale avec un objectif semblable. Or son projet a échoué dans les années 1930 à prendre en compte les rapports de force entre les puissances et à empêcher les guerres. Prenant en compte cela, l’ONU va accorder un statut spécial à cinq puissances, considérées comme les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale.

L’ONU est composée de plusieurs organes. L’un des plus important, le Conseil de Sécurité de l’ONU, regroupe les représentants de plusieurs pays, siégeant à tour de rôle, et les cinq. Ces derniers sont les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Chine et l’Union soviétique. En plus de siéger de manière permanente au conseil, ils ont un droit de veto, c’est-à-dire qu’ils peuvent s’opposer à toute décision qui irait à l’encontre de leurs intérêts. Ce mécanisme est créé afin d’éviter que le Conseil de Sécurité ne froisse l’une des grandes puissances, la poussant ainsi à quitter brusquement l’organisation.
Le Conseil de Sécurité, qui peut voter des sanctions contre un État ou le déploiement d’une force militaire de sécurité, les casques bleus, est central dans la gouvernance mondiale. Il devient d’ailleurs peu après le théâtre de l’affrontement entre États-Unis et Union soviétique.

La bipolarisation du monde

À l’issue de la Seconde Guerre mondiale, l’ordre mondial est complètement rebattu. Les principales puissances de l’avant 1939 ont été battues ou considérablement marquées par le conflit et ne se rendent plus compte qu’elles sont désormais dans l’incapacité de prétendre au même statut qu’auparavant. La France et le Royaume-Uni, qui étaient les principales puissances de l’entre-deux guerres et qui dominaient les deux plus vastes empires coloniaux du monde depuis un siècle sont considérablement affaiblies. Si elles parviennent à se voir attribuer un siège de membre permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU, elles sont désormais des puissances sur le déclin, en lutte pour empêcher la dissolution de leurs empires coloniaux. La gouvernance mondiale oppose désormais les deux géants, les États-Unis et l’Union soviétique, de véritables superpuissances dont l’opposition idéologique et diplomatique va progressivement croître à partir de 1945.

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Définition

Superpuissance :

État qui dépasse en importance les autres puissances mondiales, et ce dans les secteurs économiques, militaires, culturels et technologiques.

Les deux superpuissances vont s’appuyer sur leurs atouts pour prendre la place de la France et du Royaume-Uni sur la scène internationale. Les États-Unis, pays gigantesque et dont l’économie a été épargnée par la guerre, se sert de ses liens culturels privilégiés avec l’Europe pour se présenter comme le successeur de la civilisation occidentale. Disposant de la bombe atomique, avec laquelle Washington est venue à bout du redoutable ennemi japonais, les États-Unis se positionnent également comme protecteurs du monde.
L’Union soviétique, forte d’une armée considérable qui a su vaincre l’Allemagne nazie et prendre Berlin, jouit d’une grande popularité. Staline se sert des partis communistes locaux comme des relais de sa puissance et de sa popularité. De plus, au sortir de la guerre, l’idéologie progressiste relayée par l’URSS séduit les masses populaires qui souhaitent tourner la page du totalitarisme hitlérien. Les deux modèles semblent s’opposer en tout point, c’est pour cela que l’on parle d’un monde bipolaire dans la période d’après-guerre.

Une délégation americano-soviétique à Séoul en mars 1946 - Histoire - Terminale - SchoolMouv Une délégation americano-soviétique à Séoul en mars 1946

Conclusion :

La destruction du IIIe Reich laisse un monde complètement différent de ce qu’il pouvait être avant le conflit. Les Alliés s’accordent pour bâtir un nouveau monde, refonder les frontières de l’Europe, les rapports entre les États et décident d’un nouvel ordre économique mondial, centré autour d’un ordre américain. La création de l’ONU doit permettre d’éviter l’avènement d’un nouveau conflit mondial en prenant en compte les réalités des oppositions entre les puissances et ainsi garantir la paix. Épuisées par le conflit et par les nouvelles questions liées à la décolonisation, les principales puissances traditionnelles sont très vite remplacées par deux superpuissances, les États-Unis et l’Union soviétique. L’opposition entre les deux géants est complète et ce sur tous les points, si bien que le monde d’après 1945 est perçu comme un affrontement bipolaire entre les deux superpuissances.