Le projet européen remis en question : les crises de la coopération européenne

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Quelle gouvernance pour l’Union européenne ?

  • Il existe traditionnellement en Europe deux conceptions de la construction européenne et de sa gouvernance. Chaque crise que traverse l’Union européenne fait rejaillir cette opposition :
  • les unionistes (ou souverainistes) : le Royaume-Uni, avant sa sortie de l’UE en 2020, incarnait ce courant en refusant d’intégrer les accords de Schengen en 1985 et en conservant la livre sterling au lieu d’adopter l’Euro en 2002 ;
  • les fédéralistes : cette vision de la construction européenne était défendue par Robert Schuman, père fondateur de l’Europe, dès 1950. Ce courant est populaire dans les pays pour lesquels l’intégration assez récente au sein de l’UE a accéléré le développement économique et social de sa population (pays méditerranéens, pays baltes, etc.).
  • Conscients de la nécessité de réformer les institutions européennes élaborées initialement pour une Union européenne comportant 12 membres, les 25 chefs d’État et de gouvernement se réunissent en 2004 à Rome.
  • L’accord signé stipule notamment l’élaboration d’une constitution pour l’Europe et prévoit la nomination d’un président de l’UE ainsi que d’un ministre des affaires étrangères.
  • Ce projet de constitution donne lieu en France à l’organisation d’un référendum le 29 mai 2005. Le « Non » l’emporte majoritairement, de même qu’aux Pays-Bas lors du référendum du 1erer juin 2004.
  • Face à ces deux refus, le projet de constitution européenne n’a pas pu entrer en application.
  • L’Union européenne entre alors dans une période de doute et de crise institutionnelle dont elle ne sortira qu’en décembre 2007 avec la signature du traité de Lisbonne qui modifie le fonctionnement des institutions (il entre en application en 2009) :
  • un président européen, représentant de l’UE dans le monde, est nommé à la tête du conseil de l’Europe pour cinq ans, ainsi qu’un haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité ;
  • pour faciliter les prises de décision au sein du Conseil de l’UE, les décisions se prennent désormais à la majorité qualifiée.
  • Automne 2008 : la crise bancaire et financière demande aux États européens de s’endetter de dizaines de milliards d’euros pour garantir la viabilité de leur secteur bancaire et de sécuriser les dépôts bancaires de leurs citoyens.
  • La crise financière se transforme en crise de la dette des États en quelques mois, notamment dans les pays les plus fragiles tels que la Grèce, l’Irlande et le Portugal. Les spéculations contre l’Euro se multiplient, menaçant sa stabilité.
  • Mars 2012 : pour sortir de cette crise, l’Union européenne met en place le « mécanisme européen de stabilité » qui permet à la BCE de prêter 750 milliards d’euros aux pays européens.
  • Certains pays (notamment le Royaume-Uni) unionistes souhaitent aller plus loin et proposent l’exclusion de la Grèce de la zone euro, pays le plus en difficulté, tandis que d’autres États plus fédéralistes (comme la France) vont prôner un maintien dans la zone euro ainsi qu’une surveillance plus stricte des déficits budgétaires nationaux par l’Union européenne. La 2e solution est retenue.
  • Cette crise aura montré la difficulté des pays européens à parler d’une même voix pour résoudre une situation conflictuelle.

Des citoyens qui se désintéressent du projet de construction européenne

  • Afin de développer le sentiment d’appartenance à l’Union européenne, le traité de Maastricht instaure une citoyenneté européenne qui s’ajoute à la citoyenneté nationale. Malgré cela, on note depuis les années 1990 une montée de l’euroscepticisme dans de nombreux pays.
  • Les citoyens estiment souvent que l’administration européenne est trop éloignée de leurs préoccupations. L’opinion publique ne perçoit pas l’impact que la construction européenne peut avoir dans leur vie quotidienne.
  • La crise migratoire qui frappe l’Europe à partir de 2015 suscite le développement du nationalisme dans plusieurs pays.
  • L’Union européenne est accusée par les eurosceptiques de perdre le contrôle de ses frontières extérieures, ce qui menacerait la souveraineté des pays membres et la sécurité de ses habitants.
  • Après de longues et difficiles négociations, un programme de réinstallation des migrants entre les 28 pays de l’UE est finalement signé en mai 2016, ce qui permet de dénouer la crise.
  • Des affaires très médiatisées viennent également contribuer à alimenter cette défiance (ex. : Jean-Claude Junker en 2016).
  • Des mesures sont toutefois adoptées par le traité de Lisbonne (2007) pour développer le sentiment d’appartenance des citoyens à l’Union européenne, comme la charte des droits fondamentaux 2005), intégrée au traité, et une initiative citoyenne européenne.
  • Depuis 1979, les députés du parlement européen (Strasbourg), sont élus au suffrage universel. Cette première élection est organisée au sein des neuf pays alors membres de la CEE et mobilise 62 % de l’électorat. Depuis lors, la participation se situe le plus souvent entre 40 % et 55 %, cette proportion pouvant varier en fonction des élections et des pays.
  • Beaucoup d’électeurs estiment que les enjeux de ces élections sont trop déconnectés de leur réalité quotidienne et qu’elles n’auront aucun impact sur leur futur.
  • Lors d’organisations de référendums, les électeurs se sont prononcés à plusieurs reprises contre l’approfondissement du projet européen :
  • 1992 : les électeurs se sont exprimés (d’une courte majorité) contre le traité de Maastricht.
  • 2005, les Français et les Néerlandais se sont exprimés contre la ratification du projet de constitution européenne, rendant ainsi impossible sa mise en œuvre.
  • Le 23 avril 2016, à la suite d’un référendum organisé par David Cameron (Premier ministre conservateur), une majorité des voix s’exprime en faveur du Brexit.
  • Theresa May, Première ministre suivante, est en charge des négociations avec l’UE pour la mise en œuvre du Brexit. Les négociations se révèlent beaucoup plus compliquées que prévues. À trois reprises, le parlement britannique refuse les projets d’accords proposés par la Commission européenne, estimant qu’ils ne sont pas suffisamment conformes aux intérêts du pays.
  • En avril 2019, Boris Johnson, remplaçant de Theresa May, poursuit le projet. À l’issue de négociations particulièrement difficiles, le Royaume-Uni sort officiellement de l’Union européenne le 31 janvier 2020.
  • Si le Brexit montre l’importance de l’euroscepticisme au Royaume-Uni, les difficultés rencontrées lors des négociations pour sortir effectivement de l’Union européenne prouvent qu’il est extrêmement difficile de revenir sur plusieurs décennies de coopération économique entre les pays membres.