Les impacts des pratiques alimentaires

Introduction :

Les pratiques agricoles actuelles en France ont permis une augmentation importante des rendements au cours du XXe siècle. Cette augmentation des rendements était nécessaire car corrélée à une augmentation de la population. Cependant, ces pratiques connaissent des limites car les rendements stagnent tandis que la pollution s’accroît.

Les démographes prévoient que d’ici à 2050, la population mondiale passera de 7 milliards à 9 milliards d’habitants. Il est donc urgent d’adapter nos pratiques agricoles et surtout nos pratiques de consommation afin de pouvoir nourrir tout le monde.
Ce cours va permettre de voir quelles sont les limites de la planète cultivable et quelles sont les pistes à envisager pour l’avenir.

Les limites de la planète cultivable

L’agriculture n’est pas homogène à l’échelle de la planète : il existe différentes agricultures. On peut voir sur la carte ci-dessous qu’il y a des régions entières du monde où l’agriculture n’est pas possible. C’est le cas par exemple en Sibérie où il fait trop froid et où le sol est gelé toute l’année.

Dans beaucoup de régions du monde comme en Afrique et en Asie, l’agriculture est dite vivrière, c’est-à-dire que les paysans cultivent uniquement de quoi nourrir leur famille et ne tirent pas de bénéfices à cultiver. L’agriculture vivrière est caractérisée par de faibles rendements. En revanche, les paysans de ces régions n’ont généralement pas accès aux intrants et aux outils motorisés comme les tracteurs. On y trouve également des zones peu cultivables où domine l’élevage intensif ou extensif. Ce sont des endroits où l’on voit en majorité de grandes prairies comme en Mongolie et où les conditions ne sont pas réunies pour pratiquer l’agriculture : cela peut être des raisons culturelles ou physiques.

L’agriculture intensive comme on la connaît en France est limitée à l’Europe, la partie Est des États-Unis et une partie de l’Amérique du Sud et de l’Australie. Elle ne représente donc qu’une petite part de notre planète. On trouve également des zones où prédominent les cultures tropicales intensives destinées à l’exportation et des zones où prédomine la riziculture vivrière.

Les différentes zones cultivables dans le monde

Pour augmenter la quantité d’aliments produits, il existe deux moyens : l’augmentation des surfaces cultivées et l’augmentation des rendements.

Augmenter les surfaces cultivées

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Définition

Terre arable :

Une terre est dite arable si elle peut être labourée et par extension cultivée.

Certaines régions de la planète n’offrent donc aucune terre cultivable. Mais au-delà de cela, toutes les terres ne sont pas cultivables dans les autres régions. Certaines parcelles sont trop en pente, trop humides, trop salées, trop sèches etc. Par ailleurs, les types d’agricultures à la surface du globe sont différents. Un hectare en France ne vaut donc pas un hectare en Afrique si l’on compare les rendements. Il est donc difficile de se limiter à compter le nombre d’hectares qu’il faudrait théoriquement cultiver pour produire la quantité de nourriture nécessaire pour nourrir la population future.

Aujourd’hui, les réserves en terres arables se situent principalement en Afrique et en Asie. Cependant, ce sont des terres fragiles soumises à une érosion forte. Ces terres sont également souvent recouvertes de forêts primaires dont la destruction a des répercussions écologiques importantes. Bien que chaque année de nouvelles surfaces soient mises en culture, on sait que des terres perdent de leur fertilité par érosion et deviennent stériles. C’est le cas par exemple dans la région Manchourie en Chine où la vitesse d’érosion est estimée à 1 cm par an. Cela est d’autant plus préoccupant qu’il s’agit du « grenier à céréales » de la Chine.

La Terre n’est pas extensible et les pratiques des hommes tendent à rendre les sols stériles. Le fait d’augmenter la surface des terres cultivées afin d’augmenter la production agricole semble une solution fragile, non sans conséquences sur l’environnement.

Augmenter les rendements

L’apparition des engrais et des pesticides a été accompagnée d’une augmentation importante des rendements. Cela a été très marqué en Inde où l’utilisation massive de semences sélectionnées et d’intrants dans les années 60 a permis une augmentation très importante de la production. Cette pratique a été appelée la révolution verte. Les Indiens ont vite dû payer le coût de cette révolution verte : baisse impressionnante des nappes phréatiques, pollutions diverses, explosion d’une usine à Bopal, etc.

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À retenir

L’utilisation massive d’intrants a des répercussions fortes sur l’environnement et nécessite une quantité non négligeable d’énergies fossiles pour les confectionner.

Par ailleurs, le développement de l’agriculture irriguée pose des problèmes quant à la ressource en eau. C’est pourtant les cultures irriguées qui produisent la plus grande partie des céréales consommées dans les pays du Sud. En France, l’irrigation des champs de maïs permet de produire l’alimentation des animaux d’élevage. Il semblerait que l’on puisse difficilement augmenter de manière significative les rendements des cultures sans être victime de contreparties. Quel serait alors l’intérêt de manger à sa faim si l’on n’a plus que de l’eau polluée à boire ?

Des pistes pour l’avenir

Pratiques culturales

Afin d’augmenter la production agricole de manière durable sans répercussions néfastes sur l’environnement, les chercheurs mettent en place des pratiques dites écologiques et intensives. Un exemple de pratique agroécologique est le semis sous couvert végétal. Il est beaucoup utilisé dans les pays du Sud où s’alternent une saison sèche et une saison des pluies, saison pendant laquelle les paysans cultivent.

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À retenir

Cette technique repose sur 3 principes :

  • Le sol n’est jamais nu : il est toujours recouvert d’un couvert végétal qui peut être mort ou vivant ;
  • Le sol n’est pas labouré ;
  • Le paysan pratique une succession de cultures afin de développer la biodiversité au niveau de sa parcelle.

Ces pratiques permettent de limiter l’érosion des sols nus et donc de maintenir la fertilité de la parcelle sans avoir à ajouter des engrais. Lors de la saison sèche, le paysan sème la culture appelée plante de couverture. Celle-ci va accroître l’activité biologique du sol. Elle va alors se développer pendant la saison sèche et capter les polluants dans les eaux profondes. Une fois qu’elle a fini son cycle végétatif, le paysans va la détruire mécaniquement avec un outil approprié. La plante, une fois détruite, reste au sol et n’est pas exportée hors du système de la parcelle. Le paysan peut alors semer la plante qu’il souhaite cultiver.

Technique du semis sous couvert végétal

Les avantages de cette technique sont nombreux, qu’ils soient environnementaux ou agronomiques. Il est donc intéressant de promouvoir cette technique à l’échelle planétaire.

Pratiques alimentaires

Bien qu’il existe des pratiques comme le semis sous couvert végétal qui offre des espoirs quant à l’augmentation de la production sans avoir recours à plus d’intrants, il paraît essentiel de modifier les pratiques alimentaires.

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À retenir

Ainsi, consommer des aliments cultivés localement est primordial afin de réduire le coût énergétique du transport des aliments.

De plus, cela fait fonctionner l’économie locale et crée des emplois.

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À retenir

64 % des terres cultivables servent à la production de viande.

À l’heure où les terres arables manquent, il paraît essentiel que chacun diminue sa consommation de viande et se tourne vers les protéines végétales. Il faut 1 m2 pour produire 1 kg de riz, 53 m2 pour produire 1 kg de poulet et 269 m2 pour produire 1 kg de bœuf.

Surface nécessaire à la production d’aliments

De plus, il est maintenant admis qu’une consommation excessive de viande à des répercussions néfastes sur la santé : en effet, il ne faudrait manger que 500 g de viande par semaine. Il faut aujourd’hui prendre conscience des répercussions sur l’environnement et sur la santé des consommations de l’Homme et devenir acteur du changement : c’est le rôle de tous.

Conclusion :

Il faut actuellement faire face à une augmentation importante de la population. Pour nourrir cette dernière, il faut produire plus, alors que la superficie cultivable à l’échelle de la planète ainsi que la ressource en eau est limitée.
Il faudrait alors développer et généraliser des techniques d’écologie intensive telle que le semis sous couvert végétal. Il est aussi essentiel de revoir les pratiques alimentaires et prendre conscience que la répétition de choix individuels a des conséquences non négligeables à l’échelle de la planète.