Mémoires d'Hadrien

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Le « je » qui se raconte : des mémoires fictifs

  • Le genre des mémoires adopte une perspective à la fois historique et littéraire pour raconter une vie considérée comme révélatrice d'une période importante de l’Histoire.
  • L’auteure du livre Mémoires d’Hadrien n’est pas l’auteur des mémoires de l’empereur Hadrien. Marguerite Yourcenar parle de « mémoires imaginaires ».
  • Elle l’explique elle-même : « Si j'ai choisi d'écrire ces Mémoires d'Hadrien à la première personne, c'est pour me passer le plus possible de tout intermédiaire, fût-ce de moi-même. ».
  • L’écrivaine fait le « portrait d'une voix » : l’utilisation de la première personne est un moyen d’accéder à la vérité de cet être.
  • Elle dit avoir « revivifié » les documents historiographiques et recréé la subjectivité de l’empereur. Bien entendu, c’est son imagination qui sert à combler les manques.
  • L’œuvre est, dès le prologue, placée sous le signe de la mort : Hadrien est un homme qui va mourir.
  • Le regard rétrospectif lui permet de « reparcourir sa vie » pour en faire apparaître les moments d’apogée et de déclin.
  • Le roman est une lettre adressée par Hadrien à Marc-Aurèle, son petit-fils adoptif de dix-sept ans, qui est censé lui succéder.
  • Destinataire du récit, Marc-Aurèle représente le lecteur qui lit ces mémoires dans une situation d’énonciation double (Marguerite Yourcenar → lecteurs / Hadrien → Marc-Aurèle).
  • La démarche d’Hadrien n’est donc pas solitaire puisqu’elle a un destinataire et repose sur un pacte de sincérité.
  • L’empereur préfère le travail des mémorialistes à celui des historiens car, selon lui, la subjectivité permet de mieux saisir le sens des événements.
  • Il se fait son propre mémorialiste : il écrit ainsi dans l’urgence de la vérité dont il est le témoin ; urgence à la fois insufflée par la difficile construction du souvenir et l’approche imminente de sa mort.
  • Il ne livre pas que les faits publics mais parle aussi de sa vie intime.

Le « je » objet des mémoires : interroger et s’interroger pour se connaître

  • Dans l’extrait étudié (tiré de la première partie des Mémoires) Hadrien tente de définir les contours de qui il est et qui il fut.
  • Pour ce faire, il prend le contrepied de ceux à qui « leur mémoire leur fabrique complaisamment une existence explicable et claire ».
  • Il s’essaie à un autoportrait en creux, bâti sur ce que sont les autres et qu’il n’est pas  ; l’anaphore « mais point » servant à désamorcer chaque tentative de constitution du portrait.
  • Ces hésitations entre affirmation et négation renforcent l’aspect fuyant de la vie dont il tente de tracer les contours.
  • Par ces prétendues hésitations, Yourcenar cherche à reproduire ce qu’ont dû être les oublis de l’empereur à travers les lacunes de son texte et la difficulté de la résurgence.
  • Ce souvenir fuyant de l’existence se double d’une matérialité qu’on retrouve dans la suite du texte à travers la métaphore d’un paysage figurant une vie « composite », formée de « matériaux divers entassés pêle-mêle ».
  • Hadrien choisit alors un nouvel angle pour se définir, passant de sujet à objet : « me dessiner dans la mémoire des hommes ».
  • Le « je » serait donc le produit de ses « actions » et la vérité émanerait de l’analyse de celles-ci.
  • La connaissance de soi que cherche à atteindre Hadrien passe par une mise à distance de lui-même ; car il faut, pour mieux se connaître, s’étudier comme un autre.

Le « je » universel : le récit d’une vie

  • L’empereur emploie à plusieurs reprises la métaphore de la navigation pour parler de l’exploration de lui-même comme un voyage intérieur.
  • Il cherche à se « mieux connaître avant de mourir » notamment pour mieux appréhender celui qui est autre.
  • Au début du roman, Hadrien explique en quoi son rapport au monde extérieur est pour lui une véritable philosophie de vie : il appelle ce rapport au monde extérieur la « théorie du contact ».
  • L’idée est que la connaissance du monde se transmet par la rencontre avec l’autre, par l’expérience de ce qui n’est pas soi.
  • L’étude qu’Hadrien fait des barbares, par exemple, est approfondie car il souhaite évaluer l'existence humaine.
  • C’est aussi dans cet esprit qu’il se nourrit du contact avec Annius Vérus ou Plotine, qui sont partiellement des doubles de lui-même.
  • À travers l’introspection d’Hadrien, Marguerite Yourcenar cherche à définir un « je » universel.
  • En faisant déclarer à Hadrien « tout être qui a vécu l'aventure humaine est moi », l’auteure signifie que la réflexion de l’empereur est le reflet des interrogations humaines.
  • C’est en ce sens qu’il faut comprendre que l’auteure ait choisi le moment où l’empereur « se trouve devant sa propre vie dans la même position que nous » : celle d’un examinateur, d’un juge.
  • Ces mémoires fictifs sont un moyen d’interroger le monde et de faire réfléchir les lecteur·rice·s de tous les temps.
  • Le roman Mémoires d’Hadrien confronte notre vision du monde à celle des êtres du passé afin d’en tirer une forme de sagesse.
  • Les quelques adresses parsemant le récit permettent au lecteur de la moitié du XXe siècle de se sentir directement concerné (évocation des conflits mondiaux du XXe siècle, modernité du discours d’Hadrien sur l’esclavage etc.).