Les Contemplations

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La poésie et l’écriture de soi

  • Depuis la redécouverte du mythe d’Orphée, la poésie est associée au lyrisme.
  • Le lyrisme est un registre littéraire caractérisé par l’écriture de soi et l’expression des sentiments personnels propres à émouvoir.
  • Le recueil Les Regrets (XVIesiècle) de du Bellay utilise ce registre pour conter la souffrance qui résulte de l’exil volontaire du poète en Italie.
  • Puis, au XVIIe siècle, la poésie classique se détourne de l’écriture de soi au profit de l’ordre et la raison. Les poètes classiques s’inspirent des auteurs de l’Antiquité, redécouverts à la Renaissance.
  • Au XIXe siècle la poésie romantique française réagit contre le classicisme, et renoue avec le lyrisme.
  • Elle met alors en avant une quête d’absolu, un désir d’idéal, l’affirmation d’un « moi » dont la solitude est mise en avant.
  • L’écriture du soi présente des formes variées. On distinguera :
  • l’autobiographie qui consiste pour l’auteur à faire le récit de sa propre vie ;
  • les mémoires qui retracent des événements historiques dont l’auteur a été l’acteur ou le témoin.
  • Ainsi, Les Confessions de Rousseau sont une autobiographie ; alors que les Mémoires d’outre-tombe de Chateaubriand sont des mémoires.
  • C’est aussi ce mot, « mémoires », que Victor Hugo choisit pour désigner les Contemplations dans sa préface. La vie de l’homme de lettres, telle qu’elle est retracée dans ce recueil, est en effet marquée par des drames à la fois personnels (le deuil de sa fille) et historiques (son exil).
  • Né après le siècle des Lumières et la Révolution française, le romantisme réagit au rationalisme des philosophes et préfère la passion à la raison et l’individu à la société.
  • Hugo est le chef de file du romantisme, à travers son œuvre poétique, mais aussi théâtrale et romanesque :
  • sa pièce Cromwell est accompagnée d’une préface qui constitue un manifeste anticlassique ;
  • celle d’Hernani revendique la prise de liberté du romantisme vis-à-vis des règles du classicisme ;
  • Notre-Dame de Paris illustre le romantisme romanesque d’Hugo ;
  • ses recueils Les Contemplations et La Légende des siècles témoignent du renforcement de cette esthétique dans la poésie.

Une immersion dans l’intimité du poète

  • Le poème « Veni, vidi, vixi » se distingue par sa dimension intimiste.
  • Il est autobiographique comme le suggère l’emploi de la première personne et la mention de la mort de Léopoldine.
  • En effet, le livre IV du recueil, intitulé Paucae meae, est consacré tout entier à sa mémoire.
  • Le titre du poème reprend la célèbre formule de Jules César (« veni, vidi, vici ») et remplace « vici » (j’ai vaincu) par « vixi » (j’ai vécu).
  • Parallèlement à l’évocation de son passé, Victor Hugo dépeint sa vie au moment de l’écriture du poème.
  • Le titre du recueil, Les Contemplations, suggère que l’auteur est un observateur de sa propre existence.
  • Hugo évoque une autre cause de lassitude, le rejet qu’il dit avoir subi de la part des autres hommes.
  • Il fait ici allusion aux batailles littéraires et politiques qu’il a menées, et dont certaines sont la cause de son exil.
  • La répétition de la négation « ne… plus », tout au long du poème fait part de la lassitude et la résignation.
  • Le désespoir est clairement formulé dans le vers 9, « l’espoir serein dans mon âme est vaincu ».
  • Le dernier mot fait écho au verbe « vici » employé par César mais à la voix passive (le contraire d’une victoire).
  • L’espoir vaincu est ainsi présenté comme l’équivalent de la mort.
  • Le désir de mourir est d’abord exprimé de manière imagée : « j’aspire à l’ombre où tu reposes » (v. 11) ; puis, plus directement avec le mot « mort » (v. 12).
  • Le poème se fait l’épilogue d’une vie de souffrance, sa longueur et sa langueur figure le temps qui passe et mène peu à peu le poète à la mort.

Une dimension universelle

  • À cette démonstration de mélancolie intime, s’oppose un discours sur l’universalité de la condition humaine.
  • La fuite du temps est au centre du poème « Veni, vidi, vixi ».
  • Elle éveille la nostalgie des poètes et révèle leur angoisse de la mort, qui est aussi celle de tout un chacun.
  • Ce thème universel est particulièrement présent dans la poésie du XIXe siècle. * Le « je » est omniprésent chez les romantiques, ce qui semble dans un premier temps restreindre la portée de leur poésie à la situation individuelle de l’auteur.
  • Tout l’enjeu est d’accorder la dimension intime de l’être à la communauté de destin des humains.
  • Victor Hugo revendique cette dimension universelle de sa poésie, dans la Préface des Contemplations.
  • C’est d’ailleurs une caractéristique du registre lyrique : le « je » qui prédomine se veut universel, au service de l’expression de sentiments que tout homme est amené à éprouver au cours de sa vie.
  • En partant de son expérience personnelle, le poète s’inscrit plus largement dans l’humanité et exprime sa conception de la destinée humaine.
  • Sa souffrance est à l’image de celle de tous les hommes, et sa mission de poète est de l’exprimer au nom de tous.