Andromaque fut représentée pour la première fois par les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne dans l’appartement de la reine, devant Louis XIV et sa cour, le 17 novembre 1667. Elle fut quelques jours plus tard jouée au public parisien dans le théâtre de l’Hôtel de Bourgogne.
Cette pièce est la première tragédie grecque qu’écrit Racine, avant Iphigénie (1674) et Phèdre (1677). Elle est aussi le premier grand succès du dramaturge.
Avec cette pièce, Racine s’inscrit dans une longue tradition en reprenant un sujet exploité depuis l’Antiquité. Déjà, dans l’Iliade, Homère évoquait à plusieurs reprises la figure d’Andromaque. Au IIIe siècle avant J.-C., c’est Euripide, que Racine cite dans sa préface, qui s’emparait de cette figure émouvante dans son Andromaque. Dans Les Troyennes, le philosophe et poète latin Sénèque (Ier siècle après J.-C.) met en scène les malheurs des habitants de la cité de Troie vaincue. Mais c’est surtout Virgile qui, dans l’Énéide, met en valeur le personnage d’Andromaque, exilée, captive à la cour de Pyrrhus, mais toujours fidèle au souverain Hector.
Andromaque : Veuve d’Hector, mort à Troie lors d’un duel contre Achille, mère d’Astyanax elle est la captive de Pyrrhus qui tombe amoureux d’elle et souhaite l’épouser. Pyrrhus : Fils d’Achille et roi d’Épire. Oreste : Fils d’Agamemnon (roi de Mycènes qui a gagné la guerre de Troie avant de devenir le roi le plus puissant de Grèce). Hermione : Fille d’Hélène (épouse de Ménélas, roi de Sparte et frère d’Agamemnon, elle avait fui avec Pâris, prince de Troie et frère d’Hector) et fiancée de Pyrrhus. Pylade : Confident d’Oreste. Cléone : Confidente d’Hermione. Céphiste : Confidente d’Andromaque. Phœnix : Gouverneur d’Achille puis de Pyrrhus. Suite d’Oreste : null
L’amour et le pouvoir : Pyrrhus nourrit une passion amoureuse pour Andromaque, qui est sa captive. Pour répondre aux réticences d’Andromaque et parvenir à l’épouser, il se sert de son pouvoir politique et la menace : soit elle accepte ce mariage, soit il fait exécuter son fils. C’est la passion de Pyrrhus qui va précipiter tous les personnages dans le tragique, entraînant le meurtre de Pyrrhus suivi du suicide d’Hermione. La jalousie : Le personnage d’Hermione est dévoré par la jalousie. Alors qu’elle était fiancée à Pyrrhus, celui-ci annule leur mariage pour épouser Andromaque. La jalousie d’Hermione s’exprime dans l’acte III lorsqu’elle refuse d’aider sa rivale, et éclate lorsqu’elle demande à Oreste de tuer Pyrrhus. L’amour impossible : Pyrrhus ne peut vivre pleinement son amour pour Andromaque, ni Hermione son amour pour Pyrrhus, ni Oreste son amour pour Hermione. L’amour maternel : Andromaque incarne l’amour maternel, elle est prête à se sacrifier pour protéger son fils Astyanax, tout en restant fidèle à Hector.
L’action de la pièce se déroule un an après la chute de Troie, dans une salle du palais de Pyrrhus, à Buthrot, une ville d’Épire qui est la capitale du royaume de Pyrrhus.
Acte I
Acte I
Pour perpétuer l’entente avec les Grecs, ses alliées dans la guerre, Pyrrhus doit épouser Hermione, la fille de Ménélas, roi de Sparte. Mais Pyrrhus, qui est tombé amoureux de sa captive Andromaque, ne cesse de repousser la date de ce mariage.
Oreste demande à Pyrrhus de lui livrer Astyanax, le fils d’Andromaque et d’Hector, pour le tuer et supprimer cette menace en évitant ainsi qu’il puisse un jour tenter de reprendre la guerre pour relever Troie et venger sa patrie. Pyrrhus refuse cette mise à mort et demande à Andromaque de l’épouser en échange de cette grâce. Andromaque tente de refuser pour rester fidèle à Hector mais Pyrrhus perd patience et la menace : soit elle accepte le mariage, soit Astyanax sera exécuté.
Acte II
Acte II
Hermione décide de retourner en Grèce si Pyrrhus s’unit à Andromaque. Oreste, qui est depuis toujours amoureux d’Hermione, se réjouit. Mais Pyrrhus lui annonce finalement son intention d’épouser Hermione et de livrer Astyanax. Oreste est désespéré.
Acte III
Acte III
Andromaque supplie Hermione de convaincre Pyrrhus de renoncer à exécuter son fils, mais Hermione rejette sa rivale, et ne souhaite pas aider celle qui remet en cause son mariage avec Pyrrhus, dont elle est amoureuse. Andromaque supplie à nouveau Pyrrhus de changer d’avis mais celui-ci renouvelle son chantage : il ne laissera la vie sauve à Astyanax que si elle consent à l’épouser.
Acte IV
Acte IV
Andromaque apprend à sa confidente Céphise qu’elle consent à épouser Pyrrhus, mais qu’elle se suicidera à la fin de la cérémonie religieuse. Ainsi, Pyrrhus devra respecter son serment de protéger Astyanax, mais elle restera à jamais fidèle à Hector, son défunt mari qui incarnait la cause troyenne. Hermione, qui apprend les préparatifs du mariage, ordonne à Oreste d’assassiner Pyrrhus afin de la venger.
Acte V
Acte V
Hermione, en proie au trouble, déchirée entre l’amour et la jalousie, regrette son ordre, mais Oreste revient déjà lui annoncer la mort de Pyrrhus. Celle-ci maudit Oreste et va se suicider sur le cadavre de Pyrrhus. Oreste sombre dans la folie et son ami Pylade l’entraîne vers le port avant qu’Andromaque, nouvelle reine quoique déjà veuve de Pyrrhus, ne le fasse arrêter.
« Fais connaître à mon fils les héros de sa race ;
Autant que tu pourras, conduis-le sur leur trace.
Dis-lui par quels exploits leurs noms ont éclaté ;
Plutôt ce qu’ils ont fait que ce qu’ils ont été ;
Parle-lui tous les jours des vertus de son père ;
Et quelque fois aussi parle-lui de sa mère.
Mais qu’il ne songe plus, Céphise, à nous venger […] »
Andromaque à Céphise
Acte IV, scène 1« J’ai cru que tôt ou tard, à ton devoir rendu,
Tu me rapporterais un cœur qui m’était dû.
Je t’aimais inconstant ; qu’aurais-je fait fidèle ? »
Hermione à Pyrrhus
Acte IV, scène 5« Où suis-je ? Qu’ai-je fait ? Que dois-je faire encore ?
Quel transport me saisit ? Quel chagrin me dévore ?
Errante, et sans dessein, je cours dans ce palais.
Ah ! Ne puis-je savoir si j’aime ou si je hais ? »
Hermione à elle-même
Acte V, scène 1« Dieux ! Quels affreux regards elle jette sur moi !
Quels démons, quels serpents traîne-t-elle après soi ?
Hé bien ! Filles d’enfer, vos mains sont-elles prêtes ?
Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? »
Oreste
Acte V, scène 5