Colomba est une nouvelle de Prosper Mérimée publiée en 1840 dans La Revue des Deux Mondes en juillet 1840. L’histoire se déroule en Corse, île que l’auteur connaît bien pour s’y être rendu en 1839 lors d’une mission archéologique. Les principes de la « vendetta » sont exposés en mettant en lumière le devoir de vengeance de génération en génération. Mais le retour d’Orso dans son pays natal amène une autre réflexion : celle du pardon, celle de ne pas céder aux instincts de vengeance et de laisser les problèmes de justice à la Cour de justice. C’est finalement, la justice naturelle qui aura raison de cette affaire.
Colomba della Rebbia : Elle possède un désir ardent de vengeance et demande à son frère la mort de l’ennemi de leur famille, M. Barricini, responsable selon elle de la mort de son père. Orso della Rebbia : Orso est le frère de Colomba, il est lieutenant de l’armée napoléonienne. Sa sœur lui apprend la mort de son père, mais ses valeurs morales ont changé : il préfère le pardon à la vengeance. Orso épouse Lydia. M. Barricini : L’ennemi de la famille della Rebbia, maire du village, il est soupçonné d’avoir tué le père de Colomba par cette dernière. Il a deux fils qu’Orso tue après qu’ils l’aient attaqué. Colonel Thomas Nevil : Cet officier Irlandais rencontre Orso lors de son périple en Corse qui lui raconte l’histoire de la « vendetta ». Il joue un rôle crucial dans la libération d’Orso en affirmant que l’assassinat des fils de Barricini était du à une légitime défense. Mademoiselle Lydia Nevil : Elle est la fille unique du Colonel Nevil qui tombe amoureuse d’Orso et qui finit par l’épouser.
La vendetta : C’est, en Corse, le mot utilisé pour désigner l’histoire d’une vengeance personnelle entre familles, principalement lorsque la justice n’était pas juste. Chaque génération hérite de cette haine, et Colomba incarne cette tradition. Orso témoigne d’une pensée qui s’occidentalise de plus en plus. Il exprime un questionnement sur la pertinence de garder cette tradition et sur sa violence. Les femmes : Les femmes sont bien représentées dans Colomba. Lydia représente la femme capricieuse qui incarne cependant l’amoureuse romantique. On trouve dans cet ouvrage un portrait de la pensée occidentale sur la justice et la conventionalité bourgeoise à travers Lydia. L’esprit farouche et sauvage de la fille Corse, et le caractère de vengeance et de liberté est exprimé à travers Colomba.
Sur le continent
Sur le continent
Chapitre 1
Chapitre 1
Le colonel irlandais sir Thomas Nevil revient d’Italie avec sa fille Lydia. À l’hôtel à Marseille, ils rencontrent des anciens officiers qui évoquent le souvenir de la Corse et parlent des mœurs du pays, des histoires de Vendetta. Cet enthousiasme les séduit et ils décident de partir sur l’île pour une quinzaine de jours.
Chapitre 2
Chapitre 2
Le colonel et sa fille embarquent sur une goélette vers la Corse. On leur annonce qu’un passager inattendu est du voyage (ils avait demandé au commandant d’y être seuls). Dans un premier temps contrariés, la conversation que le colonel engage avec Orso della Rebbia va finalement les rapprocher.
Chapitre 3
Chapitre 3
À la fin du dîner, Lydia remonte sur le pont et entend le matelot chanter une complainte corse. Cette dernière cesse lorsqu’Orso monte lui aussi sur le pont. Elle apprend que la musique qu’elle a aimé est une ballata composée pour la mort du colonel della Rebbia, qui n’est autre que le père d’Orso. Lydia pense alors qu’Orso est de retour en Corse pour venger son père et rendre des comptes à la famille ennemie Barricini. Durant le voyage, Orso explique les mœurs corses à Lydia.
Ajaccio
Ajaccio
Chapitre 4
Chapitre 4
Installés à Ajaccio, le colonel et Orso décident de partir à la chasse tandis que Lydia se promène. Rapidement lasse des paysages, elle essaie de « civiliser » Orso, qui tombe amoureux d’elle. Ils reçoivent un soir le préfet du département. En constatant le retour d’Orso, il s’inquiète de savoir s’il souhaite suivre la coutume de la vendetta. Alors que l’instinct du pays semble se réveiller chez le jeune homme, Lydia réussit à le convaincre de renoncer à ce désir de vengeance.
Chapitre 5
Chapitre 5
C’est l’entrée en scène de Colomba, sombre et farouche, qui vient retrouver son frère. Lydia s’intéresse à elle. Colomba semble emplie d’un orgueil familial singulier et d’une vive tristesse. Avec l’improvisation d’un vocero, Colomba appelle subtilement son frère à la vengeance.
Chapitre 6
Chapitre 6
L’auteur explique que la rivalité des familles della Rebbia et Barricini remonte au XVIe siècle. Elle vient d’une première offense, suivie d’une première vendetta. Elle était réapparue plus vivement entre le colonel della Rebbia (le père d’Orso) et l’avocat Giudice Barricini. Ce dernier est devenu maire du village de Pietranera, où revient vivre le colonel. Les rivalités continuent de se succéder entre eux. On interdit par exemple au colonel d’enterrer son épouse selon ses dernières volontés. Cette querelle s’est terminée par l’assassinat du père d’Orso qui réussit à noter dans son carnet le nom de son meurtrier. Le carnet ayant été remis au maire avant de l’être au juge, la page a disparu, ce que reproche la famille della Rebbia, suspicieuse. Colomba, qui ne supporte le non-lieu de la justice, exprime sa haine dans une « ballata » qui devient extrêmement populaire. Elle ne cesse de dire à son frère les soupçons qu’elle a au sujet des Barricini. Orso n’est pourtant pas revenu pour tuer, mais pour marier sa sœur et vendre ses propriétés afin de vivre sur le continent.
Chapitre 7
Chapitre 7
Orso confie à Lydia la crainte qu’il a par rapport à l’attitude de sa sœur. Lydia tente de le convaincre de ne pas céder à la vengeance.
Chapitre 8
Chapitre 8
Le colonel et Lydia saluent Orso et Colomba qui quittent Ajaccio pour se rentre au centre de l’île, à Pietranera. Colomba offre un poignard à Lydia tandis que le Colonel offre un fusil à Orso. On voit Lydia succomber au charme d’Orso.
Chapitre 9
Chapitre 9
Au cours du voyage, Colomba partage son admiration envers Lydia qu’elle trouve belle et pousse Orso à l’épouser. Ils se reposent une nuit chez un ami de leur famille et repartent en direction de Pietranera à travers le maquis. Comme Colomba a fait courir le bruit que son frère revient pour honorer la vengeance, une troupe de bergers armés viennent à leur rencontre pour sécuriser leur arrivée. Leur joie se manifeste bruyamment, mais Orso n’apprécie pas cet accueil et les fait éloigner. Le village semble être prêt à assister à une guerre entre les deux familles.
Pietranera
Pietranera
Chapitre 10
Chapitre 10
Dans la maison de son enfance, Orso évoque le doux souvenir de sa mère et celui, plus mêlé, de son père qui, après l’avoir affectueusement traité, lui avait, à l’armée, strictement imposé la discipline. Il envisage aussi l’avenir, sombre ou souriant, selon qu’il pense à la vengeance ou à la visite prochaine de Lydia. Survient une petite fille, Chilina, à qui Colomba donne du pain et de la poudre pour son oncle, le bandit Brando Savelli, ou BrandoIaccio, qui vit pauvrement et dangereusement dans le maquis. Orso, contrarié, fait des reproches à sa sœur.
Chapitre 11
Chapitre 11
Colomba fait fondre des balles pour le fusil d’Orso et lui offre des vêtements qu’elle a faits pour lui ainsi qu’un poignard. Son obsession de vengeance gêne Orso. Colomba amène son frère, lors d’une promenade-pèlerinage, sur le mucchio où se dresse une croix de bois là où leur père a été assassiné. Remué par les souvenirs, Orso part seul et se questionne sur l’engagement ordonné par sa sœur. Il préfèrerait un duel avec l’un des fils plutôt que d’honorer la vendetta. Puis il repense aux conseils de Lydia. Errant dans le maquis, il rencontre Chilina qui le conduit près de son père, le bandit Brandolaccio, qui a pris le maquis avec un autre bandit, appelé le « Curé ».
Chapitre 12
Chapitre 12
Colomba demande à son frère de l’accompagner à la veillée funèbre du corps de Charles-Baptiste Pietri où elle va réciter une ballata. Son improvisation est interrompue par l’arrivée du maire Barricini, accompagné de ses deux fils. Les hommes se moquent d’elle ouvertement.
Chapitre 13
Chapitre 13
Le préfet annonce à Orso et Colomba qu’une lettre de Tomaso Bianchi, un voleur en prison, accuse le bandit Agostini d’avoir tué par vengeance leur père et tente ainsi de faire cesser l’inimitié entre les deux familles. Colomba refuse d’y croire.
Chapitre 14
Chapitre 14
Lydia donne des nouvelles à Orso dans une lettre et lui annonce son arrivée prochaine à Pietranera. Elle incite fortement Orso à écouter le préfet qui porte les preuves d’innocence des Barricini. Orso, soulagé, penche pour cette même opinion. Colomba, en colère, reste sur son idée de vengeance et lit toute une nuit de vieux papiers. Elle fait venir deux visiteurs étranges.
Chapitre 15
Chapitre 15
Colomba prétexte qu’Orso ne peut se déplacer et réussit à faire venir chez eux le préfet et les Barricini. Alors que le préfet fait une déclaration d’innocence, Colomba annonce qu’elle a la preuve que l’un des fils des Barricini est venu voir régulièrement l’auteur de la fameuse lettre et qu’il lui a fait écrire celle-ci (elle avance comme preuves ses papiers, ainsi que deux bandits : Brandolaccio et le « Curé », qui témoignent). La rencontre tourne à la confrontation et Orso envoie à Orlanduccio une convocation pour un duel au fusil.
Chapitre 16
Chapitre 16
Une lettre de Lydia annonce qu’elle et son père arrivent au village plus tôt que prévu. Elle n’a pas reçu les alertes d’Orso qui la prévenait sur l’état de siège au village. Colomba conseille à son frère de partir de lui-même pour leur déconseiller ce voyage et propose de prendre d’assaut la maison de leurs ennemis. Cette menace attise encore la haine des partisans de la famille della Rebbia. Les deux bergers qui accompagnent Orso font preuve de zèle et tuent un cochon de la famille ennemie. Orso, loin de cette idée de vengeance, les renvoie.
Chapitre 17
Chapitre 17
Sur le chemin, Orso rêve de Lydia. Il est prévenu également par Chilina de la présence des fils Barricini. Les deux frères tirent sur Orso, et le blessent. Il est atteint au bras gauche, et blessé légèrement à la poitrine. Orso riposte et tue les fils Barricini. Toute la scène s’est déroulée très rapidement, avec seulement quatre coups de feu. Alerté, le bandit Brandolaccio arrive sur les lieux et constate avec admiration le coup de main d’Orso. Il soigne sa blessure et l’amène dans le maquis de la Stazzona.
Chapitre 18
Chapitre 18
Le colonel et Lydia arrivent au village. Ils ont entendu les quatre coups de feu. Chilina survient et annonce qu’Orso est en vie. Elle confie également à Lydia l’impatience que le jeune homme avait de lui écrire et de la voir. Le Colonel s’étonne de ses étranges règlements de compte qui sont en marge de la justice légale. Les cadavres des fils Barricini sont rapportés. Des tirs sont portés contre les fenêtres du manoir des Rebbia, mais Colomba défie les Barricini. Suite aux évènements, le Colonel veut quitter Pietranera et même la Corse, mais Lydia prétexte vouloir rester aider Colomba pour rester en vérité près d’Orso. Ce dernier lui envoie une lettre où il se dit victime de la « fatalité » et condamné à un avenir de proscrit. Le préfet mène une enquête et garde le témoignage des Anglais qui affirment que les coups de feu du fusil offert par le Colonel ont été les deux derniers.
Chapitre 19
Chapitre 19
Colomba propose à Lydia de la suivre pour une promenade qui se fait longue. Elle l’amène en réalité au maquis pour voir Orso. Ce dernier, lorsqu’il la voit, lui dit qu’il l’aime. Des coups de feu retentissent, les hommes réussissent à s’enfuir. Colomba et Lydia sont arrêtées et amenées à Pietranera, mais le préfet va les libérer. Colomba triomphe de cette vengeance tandis que Lydia avoue à son père son engagement auprès d’Orso.
Près de bastia
Près de bastia
Chapitre 20
Chapitre 20
Quelque mois plus tard, Orso et Colomba partent sur une montagne au-dessus de Bastia pour dire adieu aux bandits et leur annoncer le non-lieu établi par la justice envers Orso grâce au témoignage des anglais. Les bandits refusent de s’assurer une vie plus « sûre » en Sardaigne (comme leur propose Orso) et ils font l’éloge de la liberté dont ils jouissent dans le maquis. Refusant l’argent, ils acceptent un souvenir : pour Brandolaccio, c’est le fusil d’Orso ; pour le « Curé », c’est une édition d’Horace.
À Pise
À Pise
Chapitre 21
Chapitre 21
Lydia et Orso se marient et partent visiter Pise, accompagnés du Colonel et de Colomba. Cette dernière rencontre par hasard le père Barricini que la mort de ses fils a rendu fou. Elle le provoque en chantant une ballata. Barricini qui la reconnaît lui dit : « Il fallait m’en laisser un, un seul », ce à quoi Colomba répond : « Il me les fallait tous les deux […] Les rameaux sont coupés, et si la souche n’était pas pourrie, je l’eusse arrachée. »
« Au thé, le capitaine charma de nouveau miss Lydia par une histoire de vendetta encore plus bizarre que la première, et il acheva de l’enthousiasmer pour la Corse en lui décrivant l’aspect étrange, sauvage du pays, le caractère original de ses habitants, leur hospitalité et leurs mœurs primitives ».
Chapitre 1« Enragé, je me mis moi-même à la tête d’une dernière charge. Leurs fusils, crassés à force de tirer, ne partaient plus, mais les soldats étaient formés sur six rangs, la baïonnette au nez des chevaux, on eût dit un mur. Je criais, j’exhortais mes dragons, je serrais la botte pour faire avancer mon cheval, quand l’officier dont je vous parlais, ôtant enfin son cigare, me montra de la main à un de ses hommes, J’entendis quelque chose comme : Al capello bianco ! J’avais un plumet blanc. Je n’en entendis pas davantage, car une balle me traversa la poitrine ».
Chapitre 2« Le patron nommait les points principaux de la côte, et, bien qu’ils fussent tous parfaitement inconnus à miss Lydia, elle trouvait quelque plaisir à savoir leurs noms. Rien de plus ennuyeux qu’un paysage anonyme ».
Chapitre 3« – Papa, dit miss Lydia en anglais, demandez-lui donc si les Corses aiment beaucoup leur Bonaparte ?
Avant que le colonel eût traduit la question en français, le jeune homme répondit en assez bon anglais, quoique avec un accent prononcé :
– Vous savez, mademoiselle, que nul n’est prophète en son pays. Nous autres, compatriotes de Napoléon, nous l’aimons peut-être moins que les Français. Quant à moi, bien que ma famille ait été autrefois l’ennemie de la sienne, je l’aime et l’admire. »
Chapitre 2