Du côté de chez Swann constitue le premier tome du roman intitulé À la recherche du temps perdu. La série est écrite entre 1906 et 1922 et publiée en sept tomes entre 1913 et 1927.
Marcel Proust propose d’abord Du côté chez Swann à la NRF, que l’éditeur refuse. Il fait donc éditer son livre par Grasset, mais la NRF, comprenant son erreur, le persuade ensuite de quitter son nouvel éditeur.
Il est difficile de classifier cette œuvre très moderne. En effet, au-delà de l’aspect autobiographique du livre, il s’agit d’une réflexion sur la littérature même. Tout au long du roman, on suit l’évolution du narrateur en tant qu’écrivain en devenir. Le livre réinvente ainsi les codes de l’autobiographie en suivant une chronologie non linéaire et en ne prenant pas position sur la fiabilité du narrateur : il est impossible de savoir à quel point les personnages et événements sont réels. Le roman emploie des techniques de narration modernes, et se sert du monologue intérieur pour évoquer sensations et images.
Marcel : Le narrateur est identifié à l’auteur. Tout au long du livre, il évoque ses souvenirs d’enfance, les lieux et les expériences marquantes de sa vie, ainsi que son entourage amical et familial. Marcel est un enfant heureux et choyé, curieux de la littérature, très proche de sa mère et de sa grand-mère. Léonie : C’est la tante du narrateur, qui possède une maison à Combray, où Marcel passe ses vacances avec sa famille. Hypocondriaque, elle ne sort pas de sa chambre et passe ses journée à observer les allées et venues des villageois par la fenêtre. La mère : Personnage cultivé et aimant, la mère de Marcel se montre ferme à son égard, tout en respectant sa liberté. Elle entretient de bonnes relations avec son fils, dont elle doit gérer les caprices et la santé fragile. Charles Swann : Voisin et ami de la famille, Swann est un homme fortuné, cultivé, et élégant. Le narrateur s’identifie à lui et Swann incarne pour lui une sorte de modèle. Il tombe amoureux d’Odette de Crécy et vit une histoire tumultueuse, dominée par la jalousie. Bathilde Amédée : C’est la grand-mère du narrateur. Femme à la personnalité fantasque, Marcel y est extrêmement attaché. Françoise : Cuisinière de la tante Léonie, c’est un cordon bleu et une paysanne simple, parfois cruelle, mais qui fait preuve d’une loyauté indéfectible envers Léonie. Odette de Crécy : Jeune femme élégante fréquentant le salon de Mme Verdurin, elle impressionne le narrateur par sa coquetterie. Inconstante et intéressée, tout le village la soupçonne d’avoir une liaison avec M. Charlus alors qu’elle est mariée à Swann. Mme Verdurin : Femme ambitieuse et jalouse, Mme Verdurin tient un salon bourgeois parisien souvent fréquenté par Swann et Odette. Très autoritaire, on la surnomme « la Patronne », et même son mari n’ose rien faire sans lui demander son avis. Gilberte : Il s’agit de la fille de Swann et d’Odette. Le narrateur en tombe amoureux et la voit très souvent pour des promenades. Elle semble l’apprécier mais prend plaisir à le rendre jaloux. M. de Vinteuil : Professeur de piano et compositeur respecté, c’est un homme conservateur à la morale rigide, qui cesse de rendre visite à la famille de Marcel par crainte d’y rencontrer Swann, dont il désapprouve le mariage. Désespéré par l’homosexualité de sa fille, il finit par mourir. Mlle de Vinteuil : Garçon manqué, elle fait le désespoir de son père et fait scandale au village. Le narrateur sera surpris et choqué de découvrir par hasard son homosexualité.
La mémoire : L’une des originalités de l’œuvre est le concept de mémoire involontaire, ou réminiscence. Ainsi, une perception peut déclencher un flot de souvenirs et de sensations. Le goût de la madeleine ressuscite ainsi tous les souvenirs d’enfance que le narrateur va raconter. L’amour Tout comme les voyages que le narrateur rêve d’entreprendre, les femmes sont l’objet d’un désir fantasmatique. Il les rêve davantage qu’il les connaît. La duchesse de Guermantes, notamment, est longuement imaginée et lorsque le narrateur la voit enfin, il est confronté à la déception.
« “C’est cela, ce n’est que cela, Mme de Guermantes !” disait la mine attentive et étonnée avec laquelle je contemplais cette image qui naturellement n’avait aucun rapport avec celles qui sous le même nom de Mme de Guermantes étaient apparues tant de fois dans mes songes […] » La littérature : La lecture est une activité importante pour le narrateur, qui trouve un refuge et une évasion dans les livres, ainsi qu’un moyen d’introspection. Dans Du côté de chez Swann, on assiste aux premiers balbutiements de l’écrivain, qui tente de capturer le temps qui passe par l’écriture.
Du côté de chez Swann se divise en trois parties. La première partie, « Combray », raconte les souvenirs du narrateur chez sa tante Léonie où il venait passer les vacances. On y fait la connaissance de Swann, à qui la deuxième partie est consacrée. Enfin, la troisième partie, très courte, évoque les frustrations du narrateur, trop malade pour voyager.
Première partie : « Combray »
Première partie : « Combray »
Âgé de douze ans, le narrateur est un enfant fragile et sensible qui redoute plus que tout l’heure du coucher, qui signifie qu’il doit se séparer de sa mère. Sa vie est rythmée par les visites de Swann, apprécié de la famille qui ignore qu’il s’agit en réalité d’un homme fortuné qui fréquente de nombreuses célébrités à Paris.
Tous les matins, Marcel apporte sa tisane à sa tante, qui se prétend malade et ne quitte pas sa chambre. Et tous les après-midi, la famille part en promenade. Ils vont « du côté de chez Swann » quand il ne fait pas beau, et « du côté de Guermantes » quand il fait beau. Au retour, le narrateur raconte la promenade à sa tante. Celle-ci finit par décéder et la famille du narrateur, occupée avec des questions d’héritage, délaisse le jeune garçon qui connaît une nouvelle liberté. Il se promène souvent seul et c’est ainsi qu’il surprend un jour Mlle de Vinteuil dans une relation homosexuelle.
Les promenades reprennent, et le narrateur rêve de plus en plus de la duchesse de Guermantes, qu’il n’a jamais vue. Enfin, il s’essaie à l’écriture en dépit de ses doutes, et parvient à rédiger une description des clochers de Martainville qu’il juge réussie.
Deuxième partie : « Un amour de Swann »
Deuxième partie : « Un amour de Swann »
Cette partie déploie une intrigue séparée, relatant des événements qui commencent quinze ans avant la naissance du narrateur, à Paris. L’histoire raconte la rencontre de Charles Swann et d’Odette de Crécy au salon des Verdurin. Swann finit par perdre l’amitié de Mme Verdurin, jalouse de ses autres fréquentations. Swann et Odette deviennent amants, même si Swann la considère comme superficielle et peu intelligente. Swann développe une jalousie maladive à l’égard d’Odette, qui continue à fréquenter le salon des Verdurin alors que lui-même n’y est plus invité. Swann finit par apprendre qu’Odette a de nombreux amants, ce qui entraîne leur séparation définitive. Swann réalise alors que malgré tous les tourments qu’il a endurés pour elle, il ne l’a jamais vraiment aimée.
Troisième partie : « Noms de pays »
Troisième partie : « Noms de pays »
Lors d’un séjour à Balbec en compagnie de sa grand-mère pour soigner son asthme, le narrateur s’imagine les autres villes normandes grâce à leurs noms, puis il évoque l’Italie qu’il rêve de visiter. Ses parents finissent d’ailleurs par prendre la décision de l’emmener à Venise, mais Marcel est trop gravement malade pour pouvoir s’y rendre. Il fait la connaissance de Gilberte, avec qui il passe de plus en plus de temps, tout en développant des sentiments pour sa mère, Odette.
Dans cette partie, le narrateur découvre la puissance d’évocation des mots pour réenchanter le quotidien et faire vivre l’imaginaire.
« Ce que je reproche aux journaux c’est de nous faire faire attention tous les jours à des choses insignifiantes tandis que nous lisons trois ou quatre fois dans notre vie les livres où il y a des choses essentielles. »
« Combray »« Je n’avais pas de plus grand désir que de voir une tempête sur la mer, moins comme un beau spectacle que comme un moment dévoilé de la vie réelle de la nature ; ou plutôt il n’y avait pour moi de beaux spectacles que ceux que je savais qui n’étaient pas artificiellement combinés pour mon plaisir, mais étaient nécessaires, inchangeables, – les beautés des paysages ou du grand art. »
« Noms de pays »« Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir. »
« Combray »« À cette époque de la vie, on a déjà été atteint plusieurs fois par l’amour ; il n’évolue plus seul suivant ses propres lois inconnues et fatales, devant notre cœur étonné et passif. Nous venons à son aide, nous le faussons par la mémoire, par la suggestion. »
« Un amour de Swann »