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Horace, Pierre Corneille
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Fiche de lecture

Contexte

Après la querelle autour de sa pièce, Le Cid, Corneille tient compte des critiques de l’Académie et écrit Horace, une tragédie romaine rigoureusement conforme aux règles et aux bienséances. Il y accorde une place capitale aux affaires d’État, conformément à sa conception de la tragédie (Premier discours sur le poème dramatique) : « [L]a dignité [de l’action tragique] demande quelque grand intérêt d’État, quelque passion plus noble et plus mâle que l’amour, telles que sont l’ambition ou la vengeance, et veut donner à craindre que des malheur plus grands que la perte d’une maîtresse. »
Horace est dédiée au cardinal de Richelieu, est construite en 5 actes.

Pierre Corneille

1640

Horace

Genre

Théâtre

Personnages

Le vieil Horace : Le vieil Horace est un chevalier romain qui a trois fils et une fille, Camille.

Horace : Horace est l’un des trois fils du vieil Horace.

Curiace : Curiace est un gentilhomme d’Albe, fiancé à Camille.

Sabine : Sabine est une Albaine (habitante d’Albe), sœur de Curiace et épouse du Romain Horace.

Camille : Camille est une Romaine, sœur d’Horace et fiancée à Curiace.

Julie : Julie est une Romaine, confidente de Sabine et de Camille.

Tulle : Tulle est le roi de Rome.

Valère : Valère est un chevalier romain amoureux de Camille.

Thèmes

Un sujet extraordinaire mais vrai : « Les grands sujets qui remuent fortement les passions, et en opposent l’impétuosité aux lois du devoir et aux tendresses du sang, doivent toujours aller au-delà du vraisemblable et ne trouveraient aucune croyance parmi les auditeurs, s’ils n’étaient soutenus ou par l’autorité de l’histoire qui persuade avec empire, ou par la préoccupation (préjugé favorable) de l’opinion commune qui nous donne ces mêmes auditeurs déjà tout persuadés. » (Discours de l'utilité des parties du poème dramatique, 1660) Ainsi la tragédie cornélienne a un sujet extraordinaire, qui serait même invraisemblable s’il n’était fondé sur l’autorité de l’histoire. Pour Horace, c’est à l’histoire romaine, telle qu’elle est rapportée par l’historien Tite-Live, que Corneille emprunte un sujet extraordinaire, une situation exceptionnelle. Au vraisemblable tel que l’a défini Boileau (« Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable »), Corneille préfère une « vérité » extraordinaire.

Le conflit tragique : Le conflit tragique oppose « l’impétuosité [des passions] aux lois du devoir et aux tendresses du sang » : dans Horace, la passion patriotique fait taire chez le héros romain non seulement l’amour pour sa femme albaine Sabine et l’amitié pour ses beaux-frères mais aussi les liens fraternels puisqu’il tue sa sœur Camille, coupable d’avoir souhaité la perte de Rome ; chez Curiace, l’amour s’incline, à regret, devant le devoir patriotique. Dans ce conflit tragique, provoqué par une situation exceptionnelle, le héros est partagé entre une passion et son devoir, et c’est le devoir qui l’emporte.

L’art de Corneille : D’une part, l’art dramatique de Corneille réside notamment dans sa capacité à ménager des rebondissements de l’action et des coups de théâtre, comme l’annonce de la victoire d’Horace (à la scène 2 de l’acte IV) après celle de sa fuite (à la scène 6 de l’acte III). D’autre part, l’éloquence tient une place importante dans la pièce, à travers le procès d’Horace (à l’acte V), où interviennent Valère, Horace lui-même, Sabine, le vieil Horace et le roi.

Résumé

L’action se déroule dans l’Antiquité romaine. Les Horaces et les Curiaces, deux familles de deux cités voisines, Rome et Albe, sont intimement liés : l’un des trois fils de la famille des Horaces a épousé Sabine, une Curiace, tandis qu’un des trois fils de la famille des Curiaces est fiancé à Camille, une Horace. Mais les deux cités entrent en guerre et il est décidé que l’issue de ce conflit dépendra d’un combat organisé entre les trois frères Horaces et les trois frères Curiaces. C’est l’époux de Sabine, seul survivant, qui l’emporte. Sa sœur Camille l’accable de reproches. Il la tue. Il est jugé pour meurtre, mais est acquitté après un vibrant plaidoyer de son père.

Acte I

Albe et Rome, deux cités voisines, sont en guerre. L’Albaine Sabine, mariée au Romain Horace, fait part à sa confidente Julie de son désarroi : quelle que soit l’issue du conflit, elle sera malheureuse. Puis c’est Camille, sœur d’Horace fiancée à l’Albain Curiace, qui déplore cette situation auprès de Julie, qui est aussi sa confidente et qui lui conseille de laisser Horace pour Valère, un chevalier romain amoureux d’elle. Curiace annonce que seuls six guerriers issus des deux camps vont s’affronter.

Acte II

Les trois frères Horaces et les trois frères Curiaces ont été choisis, malgré leurs liens, pour s’affronter et décider du sort des deux cités. Camille et Sabine expriment leur désespoir. Le père Horace ordonne à son fils et au fiancé de sa fille de ne pas se laisser attendrir et de faire leur devoir.

Acte III

L’espoir renaît quand on annonce que la volonté des dieux va être consultée sur ce combat, mais ceux-ci confirment la décision des chefs. Le combat a donc bien lieu, et seul Horace, le mari de Sabine, survit.

Acte IV

Camille, dont le fiancé Curiace est mort, est inconsolable. Son père lui demande de se réjouir de la victoire de Rome. Son frère vainqueur n’accepte pas la réaction de sa sœur et la tue. Sabine, effondrée aussi par la perte de ses frères, demande à son mari de la tuer aussi, ce qu’il ne fait pas.

Acte V

Devant le roi Tulle, Horace exprime son souhait d’être condamné à mort pour le meurtre de sa sœur. Après l’intervention du vieil Horace en faveur de son fils, le roi décide de laisser le héros romain en vie et d’enterrer Camille avec Curiace.

Citation

« HORACE
Qui veut mourir, ou vaincre, est vaincu rarement. »

Acte II, scène 1

« HORACE
Albe vous a nommé, je ne vous connais plus.

CURIACE
Je vous connais encore, et c’est ce qui me tue. »

Acte II, scène 3

Le vieil Horace s’adresse à son fils et à Curiace, l’amant de sa fille :
« LE VIEIL HORACE
Faites votre devoir, et laissez faire aux dieux. »

Acte II, scène 8

Camille s’adresse à son frère Horace :
« CAMILLE
Rome, l’unique objet de mon ressentiment !
Rome, à qui vient ton bras d’immoler mon amant !
Rome, qui t’a vu naître et que ton cœur adore !
Rome, enfin que je hais parce qu’elle t’honore ! »

Acte IV, scène 5

Horace s’adresse à sa sœur Camille :
« HORACE
C’est trop, ma patience à la raison fait place ;
Va dedans les enfers plaindre ton Curiace. »

Acte IV, scène 5