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Jacques le fataliste, Denis Diderot
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Fiche de lecture

Contexte

Philosophe des lumières, Denis Diderot est emprisonné en 1749 après avoir dit dans la Lettre sur les aveugles qu’il était athée et matérialiste.

Avec d’Alembert, il entreprend un long projet éditorial collectif : l’Encyclopédie, ouvrage de vulgarisation scientifique pour lequel de nombreux auteurs collaborent. Le véritable but est de combattre l’intolérance, les préjugés, le despotisme…

Drame bourgeois, roman libertin, critiques, Diderot s’essaie à différents genres. Il travaille sur l’écriture de Jacques le fataliste entre 1765 et 1784. Ce roman novateur paraît en feuilleton entre 1778 et 1780 dans la Correspondance littéraire, puis est édité après la mort de son auteur en 1796. Roman complexe, il est constitué de nombreuses digressions.

Denis Diderot

1778

Jacques le fataliste

Genre

Roman

Personnages

Le maître : Maître de Jacques, cet aristocrate peut se montrer à la fois autoritaire et bienveillant avec son valet.

Jacques : Jacques, valet du maître, est un personnage bavard qui a voyagé et fréquenté divers milieux. Il est le philosophe du livre.

Diderot : L’auteur intervient de nombreuses fois et commente son propre récit.

Thèmes

Un roman qui n’en est pas un : Jacques le fataliste est un roman novateur qui parodie tous les genres romanesques. Avec Jacques le fataliste, Diderot se positionne face au genre du « Je n’aime pas les romans ». Il remet en cause les rapports de l’auteur avec son lecteur et son récit.

Roman philosophique : Comme le titre l’indique, le fatalisme est le thème principal du roman. C’est un débat qui fulmine entre les défenseurs acharnés de la foi catholique et les philosophes des Lumières qui, eux, souhaitent une religion délivrée de toute superstition. Jacques est athée. Il base ses réflexions sur la philosophie et les sciences, plus que sur la religion. Les choix qu’il fait et ses actions vont influer le déroulement de l’histoire racontée. Il ne s’agit pas ici du fatalisme comme on peut l’entendre aujourd’hui : Jacques n’est pas passif. C’est pour cela que l’on peut parler de déterminisme : la raison et l’action ont un pouvoir sur la vie, et l’homme peut influencer une part de son destin grâce à sa compréhension du monde et sa connaissance des sciences, puisque les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Roman satirique : Diderot peint un portrait plutôt dur de la société du XVIIIe siècle : hommes d’église, bourgeois, nobles, personne n’est épargné.

Rivalité et soumission : Il y a dans Jacques le fataliste une dimension politique qui se retrouve dans la rivalité et la soumission entre Jacques et le maître.

Résumé

Jacques voyage en compagnie de son maître. Ce dernier lui demande de raconter l’histoire de ses amours. Jacques est fataliste car pour lui « tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas est écrit là-haut ». Il raconte donc à son maître qu’après avoir été blessé à la bataille de Fontenoy, il est devenu boiteux et amoureux. Son récit est maintes fois interrompu par des rencontres, une succession d’incidents, des histoires racontées par d’autres personnages, ainsi que par les interventions de Diderot lui-même ! L’auteur propose d’ailleurs aux lecteurs de choisir entre trois fins possibles.

Première journée

L’auteur, Diderot, ne veut pas présenter ses personnages.

Jacques explique que lorsqu’il était soldat, il était d’accord avec l’opinion de son capitaine qui pensait que tout est écrit à l’avance. Il donne pour exemple son histoire : il s’est querellé avec son père, du coup il s’est engagé dans l’armée, il a été blessé à la bataille de Fontenoy, il est devenu boiteux et amoureux…

Son maître veut en savoir plus, mais Jacques s’aperçoit qu’ils se sont perdus. Les deux hommes dorment dehors.

Diderot intervient pour dire qu’un auteur peut mener son intrigue comme il le souhaite.

Deuxième journée

Jacques et son maître arrivent à Conches dans une auberge.

Jacques reprend son récit et raconte que sa blessure le faisait souffrir. Son maître le coupe car il en doute. Un cavalier (chirurgien de métier), portant une femme, arrive alors et garantit qu’une blessure au genou est l’une des plus douloureuses. Il veut démontrer ceci, mais la femme tombe par terre. Jacques l’aide à remonter en selle. Le chirurgien et la femme repartent.

Jacques reprend son récit : sur le chemin de l’hôpital, une paysanne l’accueille chez elle.

Le maître pense que c’est d’elle dont il est tombé amoureux, mais non. La question de savoir si on est libre « de devenir ou de ne pas devenir amoureux » se pose alors. Une discussion philosophique commence.

Le soir venu, Jacques et son maître font halte dans une auberge qui est un repaire de brigands. Ces derniers ont mangé tout le dîner et se comportent mal avec un valet. Jacques, offusqué, les enferme dans leurs chambres et emporte leurs vêtements. Lui et le maître dorment en paix…

Troisième journée

Le matin, le maître est pressé de partir de l’auberge, mais Jacques, lui, pense que si le destin a décidé que les brigands se vengeraient, cela ne sert à rien de se dépêcher. Mais il prend quand même les clefs des chambres avec lui. Un débat commence alors sur le sujet de la fatalité, mais l’arrivée d’une troupe armée stoppe leur discussion. Elle ne fait que passer.

Jacques reprend alors le récit de ses amours : les paysans qui le logeaient vont chercher un chirurgien pour soigner son genou blessé. Trois se présentent et boivent beaucoup, ce qui déplait au paysan qui se demande alors ce que sa femme faisait à la porte lorsque la charrette des blessés est passée (si elle n’avait pas été à cet endroit, elle n’aurait pas pris Jacques en pitié, et ils n’en seraient donc pas là). Jacques est opéré et soigné.

À ce moment, le maître tombe de cheval et se blesse aussi au genou. Il avoue alors que cette douleur est en effet terrible.

Jacques reprend son récit : il entend la conversation des paysans et surtout les complaintes du mari qui se demande qui paiera les soins.

Le maître fait une réflexion qui débouche sur un débat sur le caractère et la vertu des femmes. Un orage oblige les deux hommes à passer la nuit quelque part. Diderot ne veut pas donner de précision.

Quatrième journée

Les deux hommes reprennent leur chemin le lendemain. Le maître a oublié sa montre, Jacques sa bourse avec tout l’argent du voyage. Ce dernier fait demi-tour pour aller les récupérer. Il croise alors un marchand ambulant qui vend la montre de son maître. Il veut la récupérer. Les cris du marchand ameutent les paysans. Jacques, ligoté, est amené devant un lieutenant de police de la ville de Conches qui finalement lui rend la montre. C’est une jeune fille qui est soupçonnée d’avoir emporté la bourse, mais elle dit que c’est Jacques qui la lui a donnée pour la remercier de lui avoir accordé ses faveurs. Jacques proteste, mais le lieutenant donne tout de même une partie de l’argent à la jeune fille.

Jacques retrouve son maître qui s’est endormi près d’un arbre. Le cheval a disparu. Jacques lui raconte ses mésaventures de la bourse et de la montre puis reprend le récit de ses amours : ses hôtes s’inquiètent de voir les chirurgiens, qui rendent visite à Jacques, vider les bouteilles de vin.

Diderot raconte alors l’histoire du poète de Pondichéry.

Le maître prend le cheval de Jacques, et achète un nouveau cheval qu’il donne à son valet.

Jacques évoque l’histoire de son frère et du père Ange.

Jacques et son maître parlent alors de la méchanceté naturelle des moines. Ils croisent un convoi funèbre. Jacques reconnaît les armes de son capitaine. Il est malheureux de le savoir mort, et le pleure.

Diderot raconte l’apologue d’Ésope.

Le maître console Jacques. Le convoi repasse devant eux. Le prêtre et le cocher sont emmenés par la police, car ils sont en fait des contrebandiers. Le capitaine n’est donc pas mort.

Jacques raconte l’histoire de M. Le Pelletier qui, charitable, a dépensé sa fortune pour aider les plus démunis et qui allait de porte en porte pour faire l’aumône pour les pauvres.

Le cheval de Jacques s’emballe et s’arrête au pied d’une potence, ce qui l’inquiète. Le maître le rassure. Jacques raconte alors l’histoire de son capitaine et d’un officier liés par une forte amitié.

Le cheval de Jacques s’emballe encore une fois et emmène l’homme loin. Le maître reste seul.

Diderot prend alors la parole pour dire que lui aussi a connu des gens comme son capitaine. Il relate alors l’histoire de Gousse qui était prêt à tout pour aider un ami dans le besoin.

Le cheval de Jacques jette son cavalier devant une maison dans laquelle il est recueilli et soigné. Le maître le retrouve.

Cinquième journée

Le matin suivant, Jacques et son maître reprennent la route après avoir revendu le cheval à leur hôte et en avoir racheté un autre. Alors que Jacques admire cet homme, le maître lui avoue qu’il est bourreau. Les deux hommes discutent ensuite de l’importance qu’il faut accorder aux présages et aux pressentiments.

Jacques reprend le récit de ses amours : un chirurgien loge Jacques chez lui pour mieux le soigner.

Diderot reprend l’histoire de Gousse.

Jacques et son maître s’arrêtent dans une auberge. La propriétaire crie et pleure sur Nicole qui a été violentée par des clients. Jacques et son maître compatissent. Nicole s’avère être la chienne.

Diderot raconte l’histoire d’un ami de Gousse.

Sixième journée

Jacques et son maître, en raison de la météo, doivent passer la journée à l’auberge. Jacques revient sur son histoire : après son installation chez le chirurgien, il est invité à loger dans un château voisin.

Son récit est interrompu par la conversation du patron de l’auberge et d’un paysan. Le premier a prêté de l’argent au second, et le fait encore une fois.

Diderot raconte cette histoire en la revisitant. Il fait référence à la pièce de Goldoni, Le Bourru bienfaisant.

La femme de l’aubergiste raconte à Jacques et son maître l’histoire de Mme de La Pommeraye et de ses amours.

Jacques et son maître commentent cette histoire. Diderot intervient à son tour en expliquant que c’est le désespoir qui a amené Mme de La Pommeraye à la vengeance.

Septième journée

Le temps pousse les deux hommes à rester plus longtemps à l’auberge.

Jacques reprend le récits de ses amours : dans le château dans lequel il loge, il retrouve Jeanne, une domestique à qui il a rendu service dans le passé. Cette dernière invite sa fille Denise à veiller sur lui.

Le maître comprend alors qu’il s’agit du château de son ami Desglands où il a lui aussi vécu et où il a lui aussi fait la cour à Denise en vain. Il est alors vexé que la jeune femme se soit intéressé à un valet mais pas à lui.

Jacques et son maître se disputent. La femme aubergiste les calme et leur fait signer un contrat de réconciliation. Jacques acquiert alors le droit de dire et de faire ce qu’il veut. Les deux hommes reprennent la route, lorsque le beau temps revient, avec pour compagnie le marquis des Arcis et son secrétaire Richard.

Le marquis raconte l’histoire du père Hudson et de son secrétaire Richard.

Huitième journée

La route du marquis et Richard, et de Jacques et son maître se sépare.

Jacques raconte ses premières expériences sexuelles. Une toux le contraint à se taire.

Le maître raconte alors l’histoire de ses amours avec Agathe. Il a demandé à son ami, le chevalier de Saint-Ouin, de l’aider à la conquérir. Ses parents lui demandent de l’épouser, mais le maître refuse car un noble ne peut pas épouser une bourgeoise. Saint-Ouin lui avoue qu’il est l’amant d’Agathe. Il lui propose de passer une nuit avec. Le soir venu, il se couche à la place de Saint-Ouin dans le lit de la jeune fille. La police arrive et fait un constat. Agathe, quelques semaines plus tard, annonce sa grossesse. Le maître s’engage à payer pour l’éducation de l’enfant. Mais Saint-Ouin a imaginé tout ceci pour que le maître assume la paternité de cet enfant.

Jacques et son maître arrivent près de la maison de la nourrice où est élevé le fils du maître. Ils font étape dans une auberge.

Neuvième journée

Diderot explique qu’il ne sait pas où sont Jacques et son maître, ni si les affaires du maître se terminent bien ou mal.

Épilogue

Jacques et son maître sont sur le chemin pour rendre visite au fils de ce dernier.

Jacques reprend l’histoire de ses amours : il fait la cour à Denise qui veille sur lui.

Le maître et Jacques arrivent devant la maison de son fils. Un homme se montre : c’est le chevalier de Saint-Ouen. Un duel commence entre lui et le maître. Ce dernier tue le chevalier, qui était venu rendre visite à son fils, et s’enfuit. Jacques, accusé de cet assassinat, est mené en prison.

Diderot propose au lecteur trois versions possibles des amours de Jacques. Soit Denise pleure ne se croyant pas aimée de Jacques. Il la console et les deux finissent ensemble. Soit soignant le genou de Jacques, Denise s’approche de lui et ce dernier la prend dans ses bras. Soit libéré de prison par les brigands de Mandrin, Jacques se joint aux voleurs. Les hommes s’apprêtent à pénétrer dans le château de Desglands, mais Jacques les empêche de voler les lieux. Il retrouve alors son maître qui s’y est réfugié après avoir tué Saint-Ouin. Denise y est aussi. Il l’épouse et devient concierge du château.

Citation

« Tout ce qui nous arrive de bien et de mal ici-bas était écrit là-haut. »

« On ne sait jamais ce que le ciel veut ou ne veut pas, et il n’en sait peut-être rien lui-même. »

« C’est qu’il n’y a du danger que pour ceux qui parlent ; et je me tais. »

« Ce n’est pas le linceul qui fait le mort. »