Fiche de lecture
Jean de Florette, Marcel Pagnol
Contexte

Marcel Pagnol atteint la célébrité avec sa pièce Marius en mars 1929. En 1934, il crée sa propre société de production et ses studios de cinéma. Il réalise alors de nombreux films.

Jean de Florette est le premier tome du cycle « L’Eau des collines », œuvre que Marcel Pagnol publie en 1963. Manon des sources en est le second. L’histoire d’Ugolin et de Manon est inspirée du film Manon des sources réalisé par Pagnol lui-même en 1952. C’est sa femme Jacqueline qui interprète le personnage de Manon.

Claude Berri propose sa propre adaptation en 1986 avec Yves Montand, Gérard Depardieu et Daniel Auteuil.

Personnages

Ugolin Soubeyran : Surnommé « Galinette », c’est un garçon un peu simplet. Il est le neveu du Papet pour qui il représente le dernier espoir de la « race des Soubeyran ».
César Soubeyran : Surnommé « le Papet », c’est l’oncle d’Ugolin et un des derniers représentants des Soubeyran, une des plus riches familles du village.
Jean Cadoret, « Jean de Florette » : Homme de la ville, il hérite du terrain convoité par le « Papet » et s'y installe avec sa femme et sa fille, Manon. Il a soigneusement étudié son projet d’élevage de lapins.
Aimée Cadoret : Femme de Jean de Florette et mère de Manon.
Manon Cadoret : Fille de Jean de Florette et Aimée Cadoret.
Philoxène de Clarisse : Maire du village.
Pamphile de Fortunette : Menuisier-charpentier-charron du village.
Casimir : Forgeron du village.
Anglade : Vieil homme, sage du village.
Ange : Fontainier du village.
Eliacin : « Géant » du village.
Martial Chabert : Boulanger du village.
Méderic : Patron du bar du village.

Thèmes

La famille : Pour le Papet, il n’y a rien de plus important que la famille, que l’honneur de son nom. C’est ce qui motive chacun de ses actes. Il est prêt à tout pour voir les projets de son neveu aboutir, car il sera bientôt le dernier Soubeyran.
La cupidité : Le Papet, et dans une moindre mesure Ugolin, est porté par l’appât du gain. Son désir de voir sa famille prospérer le conduit aux pires atrocités. Contrairement à Ugolin, le Papet ne fréquente pas Jean de Florette, ne s’y intéresse pas et ne montre aucun remord, ni aucune culpabilité.
Les préjugés : Dans ce petit village où tous les habitants se connaissent et vivent reclus, les préjugés règnent. On juge Jean de Florette parce qu’il est un citadin, un bossu et qu’il vient de Crespin.
La nature et l’agriculture : Dans ce roman s’opposent deux conceptions de l’agriculture. D’un côté, il y a une conception traditionnelle dans laquelle les hommes se plient à la nature et vivent avec elle. D’un autre côté, il y a la conception de Jean de Florette, homme instruit, qui veut appliquer la science à l’agriculture. Il cherche grâce à la connaissance à apprivoiser et maîtriser la nature.

Résumé

Chapitre 1

Les Bastides Blanches est un village de 150 habitants près d’Aubagne (commune française située dans le département des Bouches-du-Rhône, en région Provence-Alpes-Côte d'Azur). On ne trouve pas plus de cinq ou six noms dans ce petit village. Aussi, pour éviter les confusions, on ajoute au prénom le prénom de la mère. Les habitants vivent en vase clos (sans contact avec l’extérieur). On ne voit que très rarement des étrangers dans le village, et les villageois eux-mêmes ne se rendent à Aubagne que pour porter des légumes au marché. Du fait de l’isolement, il y a dans le village des rivalités, des rancœurs et des fâcheries. Le personnage le plus important des Bastides Blanches est César Soubeyran.

Chapitre 2

Jeune homme, César Soubeyran s’était engagé chez les Zouaves, sans doute suite à un chagrin d’amour. Approchant de la soixantaine, il est surnommé « le Papet » dans tout le village, non pas parce qu’il est grand-père (César ne s’est jamais marié) mais parce qu’il est le plus vieux représentant des Soubeyran. Il est l’un des deux derniers survivants de la famille avec son neveu et filleul Ugolin. Celui-ci, âgé de 24 ans, rentre du service militaire. Le Papet aimerait trouver une femme pour son neveu. Il lui présente Adélie, une veuve de 40 ans qui viendra faire le ménage chez lui toutes les semaines.

Chapitre 3

Lors de son service militaire, Ugolin, inspiré par son voisin de chambre qui cultive des fleurs, décide de cultiver des œillets dans son mas (ferme) à son retour. Il montre au Papet le résultat de son travail et, pour lui prouver qu’il n’est pas fou, il le conduit chez un fleuriste qui achète ses fleurs pour un bon prix. César est prêt à avancer de l’argent à son neveu pour la réalisation de son projet. Il lui propose d’acheter le terrain voisin, celui de Pique-Bouffigue, sur lequel se trouve une source.

Pique-Bouffigue, de son vrai nom Marius Camoins, occupe la ferme des Romarins et vit du braconnage. Un jour, un étranger nommé Siméon s’installe dans le village. Pique-Bouffigue découvre que celui-ci lui vole ses pièges. Alors qu’il le prend sur le fait, Siméon l’attaque et le roue de coups. Pique-Bouffigue le piège en retour et le tue.

Chapitre 4

À l’issue de son procès pour le meurtre de Siméon, Pique-Bouffigue est acquitté, ce qui ne l’empêche pas de clamer sa culpabilité sur tous les toits et d’en tirer un grand orgueil.

Chapitre 5

Ugolin et le Papet se rendent chez Pique-Bouffigue pour lui proposer de lui acheter son terrain. Ils ont droit à un accueil peu chaleureux. Le Papet se fâche lorsque Pique-Bouffigue s’en prend aux Soubeyran et se jette sur lui. Il part avec Ugolin, sans se soucier de savoir s’il a tué son adversaire. Plus tard, Ugolin est surpris par la visite de Pique-Bouffigue. L’homme, à cause de la violence des coups, semble avoir perdu la tête et ne le reconnaît plus. Le Papet reste néanmoins méfiant, craignant que Pique-Bouffigue ne joue la comédie.

Chapitre 6

Ugolin envisage de trouver une exploitation à Gémenos avec un champ et de l’eau pour cultiver ses fleurs. La réaction du Papet lui fait comprendre qu’il lui est impossible de déserter. Ugolin interroge son ami Attilio sur la quantité d’eau nécessaire. Après consultation du Papet, de Philoxène et enfin de l’institutrice, il arrive à la conclusion que son projet n’est pas réalisable.

Chapitre 7

Pique-Bouffigue est mort. Le jour de l’enterrement, le Papet et Ugolin profitent de se trouver sur le terrain de la ferme des Romarins pour observer la source qui n’est qu’à moitié bouchée. Après les funérailles, César interroge le père Anglade sur la succession de Pique-Bouffigue. On lui apprend que sa sœur, Florette, hérite de tout. Cette dernière, dont on dit que le Papet l’a bien connue, vit désormais à Crespin. César fait croire aux autres habitants que le terrain de Pique-Bouffigue ne vaut rien et que la source est tarie.

Chapitre 8

Le Papet décide d’aller boucher la source de Pique-Bouffigue avec Ugolin, afin de ne pas attirer d’éventuels acheteurs étrangers.

Chapitre 9

Le Papet avait écrit à une vieille connaissance, amie de Florette, Graffignette. Il reçoit sa réponse. Elle lui apprend qu’elle a reçu sa lettre le jour de la mort de Florette. Ces biens, dont le terrain de Pique-Bouffigue, iront à son fils, Jean Cadoret, un percepteur bossu.

Chapitre 10

Ugolin et le Papet sont très inquiets et impatients de connaître les projets de Jean Cadoret.

Chapitre 11

Ugolin assiste à l’arrivée d’un bossu avec sa femme et sa fille. Il n’est pas encore tout à fait sûr que l’homme soit Jean Cadoret. La famille arrive avec des meubles. Ugolin se propose d’aider à décharger la charrette. Il apprend par Jean que sa femme a été chanteuse d’opéra. Et que le prénom de leur fille, Manon, vient d’un de ces opéras. L’homme confirme qu’il est Jean Cadoret. Ugolin lui précise que s’il était du village, on le nommerait Jean de Florette, du prénom de sa mère. Jean Cadoret est bien décidé à s’installer ici. Il a noté sur le cadastre du notaire la présence d’une source. Il s’agit de la source du Plantier et non de celle bouchée par Ugolin et le Papet. Jean de Florette est très optimiste.

Chapitre 12

Ugolin raconte toute la scène au Papet. Les deux espèrent que devant les difficultés Jean de Florette finira par renoncer et abandonner le terrain. Le Papet conseille à Ugolin de s’en faire un ami afin qu’il lui vende la ferme lorsqu’il aura renoncé.

Chapitre 13

Ugolin permet à Jean de Florette de se servir à son puits. Il est très inquiet, car il craint que le bossu ne connaisse l’existence de la source.

Chapitre 14

Ugolin tente de comprendre pourquoi Jean de Florette s’est procuré des tuyaux. Pour lui, il ne fait aucun doute qu’il sait qu’une source est présente sur le terrain. Jean, très mystérieux sur ses projets, finit par lui dévoiler ce qu’il compte faire. Il souhaite en fait développer un élevage massif de lapins, grâce à des techniques modernes. Il a beaucoup lu et étudié sur le sujet.

Chapitre 15

À nouveau, Ugolin fait un rapport détaillé au Papet. De son côté, Jean de Florette est enthousiasmé par l’amitié que lui témoigne Ugolin. Il craignait à la première rencontre qu’il lui soit hostile. Sa femme est moins convaincue et se montre méfiante vis-à-vis d’Ugolin.

Chapitre 16

Les villageois sont vexés et méfiants, car depuis son arrivée une semaine auparavant, Jean de Florette n’est jamais venu au village. Ugolin leur explique qu’il est de Crespin, connaissant les inimitiés entre les deux villages, il lui est compliqué de se mêler aux habitants.

Chapitre 17

Jean de Florette invite Ugolin à fêter avec lui la fin des gros travaux qu’il a entrepris dans la maison. Il s’occupe ensuite du terrain et s’épuise dans cette tâche difficile. Ugolin lui prête une charrue. Son intention n’est pas tout à fait louable. D’une part, il obéit aux consignes de Papet de se rapprocher de Jean de Florette afin de récupérer son terrain, et d’autre part, il craint qu’avec une pioche il ne découvre par hasard la source. Il y a une troisième raison à son geste : malgré ses mauvaises intentions, il espère que cette bonne action saura le sauver auprès de Dieu.

Chapitre 18

Jean de Florette commence l’installation de son potager. Le Papet observe ses travaux et se moque de ses erreurs de débutants. Jean installe ensuite son parc aux lapins. Ugolin est découragé de voir que, malgré ses erreurs, Jean s’en sort très bien.

Chapitre 19

La citerne de Jean est vide. Pour ne pas abuser encore de l’eau d’Ugolin, il se rend avec sa femme et sa fille à la source du Plantier. Malgré tout, Jean reste optimiste car d’après les statistiques, il peut savoir qu’il ne devrait pas tarder à pleuvoir. Le bossu rencontre Baptistine et Giuseppe qui vivent dans les collines, dans la grotte dont Jean a également hérité. Ils craignent tous deux d’être chassés, mais il n’en est rien.

Chapitre 20

Jean de Florette va chercher son lapin reproducteur et le montre à Ugolin.

Chapitre 21

Ugolin est rassuré de voir que la pluie ne vient pas et que les plantations de Jean de Florette commencent à en souffrir. Mais son réconfort est de courte durée : un orage éclate.

Chapitre 22

Pour nourrir ses lapins, Jean de Florette a planté des courges. Sa récolte est un succès.

Chapitre 23

Contrairement à Ugolin, le Papet ne croit pas en la réussite de Jean de Florette.

Chapitre 24

Le potager continue de prospérer et Jean de Florette vend des lapins à Aubagne.

Chapitre 25

Manon, petite fille timide et sauvage, admire son père et l’écoute avec fascination. Ugolin fait part de son inquiétude au Papet : les affaires du bossu fonctionnent et il semble très heureux ici.

Chapitre 26

Jean de Florette se rend pour la première fois au village avec sa femme et sa fille pour se rendre à la messe. Jean sent tous les regards sur lui et devine les moqueries provoquées par sa bosse. Pendant une partie de pétanque, la boule de Cabridan atterrit sur la bosse de Jean. Ce dernier est convaincu qu’il ne s’agit pas d’un accident.

Chapitre 27

Jean de Florette investit encore beaucoup d’argent pour mener à bien son projet. La pluie continue de remplir la citerne. L’été arrive tardivement, et avec lui la sécheresse. Jean n’est pas inquiet car sa citerne est pleine grâce aux pluies et qu’il compte se rendre à la source du Plantier pour la remplir davantage. Mais malgré des voyages quotidiens à la source, le niveau d’eau de la source ne cesse de diminuer. Jean veut louer son mulet à Ugolin afin de faciliter ses voyages à la source qui deviennent épuisants. Lorsqu’il se présente chez lui, il est absent mais il laisse son message à sa femme de ménage.

Chapitre 28

Ugolin, pris d’affection pour Jean de Florette, voudrait lui louer son mulet mais le Papet lui interdit, car cela le sauverait. Ugolin évite Jean pour ne pas avoir à lui refuser directement son aide. La citerne est vide. Alors que tout semble perdu, un orage éclate.

Chapitre 29

Ugolin revient d’Antibes avec des boutures. Il pense que c’est parce qu’il a anticipé l’achat des boutures qu’il a plu. Il craint encore que Jean lui demande son mulet.

Chapitre 30

Ugolin annonce à Jean qu’il ne pourra lui prêter son mulet car il a déjà prévu de le prêter au menuisier, puis au forgeron. La sécheresse s’installe à nouveau. Jean mise beaucoup sur l’orage qui s’apprête à tomber, mais comme un coup du sort, c’est plus loin que la pluie tombe. Désespéré, Jean de Florette implore le ciel.

Chapitre 31

Pamphile, le menuisier, fait part à sa femme de son inquiétude. Il ne cesse de voir Jean de Florette faire des aller-retours vers la source du Plantier avec sa femme et sa fille, sous une chaleur accablante. Pourtant il croit savoir qu’il existe une source sur leur terrain. Il doute qu’elle se soit bouchée toute seule et met en cause les Soubeyran.

Chapitre 32

Malgré le sirocco (vent saharien violent, très sec et très chaud), Jean continue ses aller-retours. Manon s’inquiète pour son père, qui finit par tomber malade, victime d’une insolation. Sa maladie le tient alité durant six jours, assez de temps pour ruiner son potager, sauf une partie dont Manon a pris soin.

Chapitre 33

Ugolin n’ose pas croiser Jean de Florette, car il est plein de remords. Ce dernier entreprend de creuser un puits. Il compte sur sa baguette de coudrier pour trouver l’endroit adéquat. Jean se rend de plus en plus à Aubagne pour régler ses problèmes financiers : il vend des lapins, dépose des objets de valeur au mont-de-piété (organisme de prêt sur gage.)

Chapitre 34

Jean trouve l’emplacement pour son puits et commence à creuser.

Chapitre 35

Il devient difficile de creuser le puits, car Jean atteint la roche. Ugolin lui fait part de son inquiétude et de son pessimisme. Lorsque Jean lui demande combien il donnerait pour la ferme, Ugolin croit avoir enfin réussi à atteindre son but. Mais il n’en est rien, Jean souhaite seulement l’hypothéquer. Sa femme et sa fille, affolées au début de l’échange, sont rassurées.

Chapitre 36

Ugolin informe le Papet des projets de Jean. Le Papet lui donne pour consigne d’aller voir Jean pour l’informer qu’un vieil oncle souhaite lui faire une hypothèque de quatre mille francs.

Chapitre 37

Jean étudie le minage dans ses livres. Pendant l’opération de minage, Jean reçoit une pierre sur la nuque alors qu’impatient il se précipite pour voir si l’eau jaillit du puits. Ugolin se rend chez lui et assiste à son malaise. Le docteur appelé en urgence ne peut rien faire, Jean de Florette est mort. Ugolin est saisi par la culpabilité, contrairement au Papet, qui ne regrette rien, et semble satisfait.

Chapitre 38

Ugolin craint d’éveiller les soupçons en se précipitant pour s’approprier la ferme. Il raconte à son oncle que lors des funérailles, certains villageois ont fait des sous-entendus témoignant de leurs suspicions. Ugolin propose de racheter la ferme mais en laissant la femme et la fille de Jean y vivre tant qu’elles le désireront. Elles pourront ainsi l’aider dans la cueillette des œillets.

Chapitre 39

Aimée et Manon acceptent la proposition d’Ugolin et le remercient de sa bonté.

Chapitre 40

Aimée, Manon et le Papet se rendent chez le notaire pour conclure l’acte de vente.

Chapitre 41

Ugolin et le Papet fêtent leur réussite. Alors qu’Aimée et Manon portent toujours le deuil, ils se rendent à la ferme et feignent de chercher de l’eau avec un pendule. Manon les surprend alors qu’ils débouchent la source.

Citation

« Et où est-il ?
- Au cimetière.
- Et qu’est-ce qu’il est allé faire là-bas ?
- Il est allé faire le mort. »

Chapitre 5
« C’est souvent qu’un paysan devient bossu, c’est rare qu’un bossu devienne paysan. »

Chapitre 9
« Galinette, attention ! Il faut pas faire confiance aux bossus ! Ils sont toujours plus malins que nous ! […] Et qu’est-ce qu’il veut planter ?
- Des légumes, de la vigne, du blé, et surtout, il dit qu’il va cultiver des lotantiques ! Des lotantiques partout ! Qu’est-ce que c’est ?
- Ça doit être une plante qui pousse dans les livres… Je vois ça d’ici. »

Chapitre 12
« C’est pas moi qui pleure ! c’est mes yeux… »

Chapitre 37