Fiche de lecture
L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde, Robert Louis Stevenson
Contexte

Le XIXe siècle voit l’apparition du genre fantastique dans la littérature. Entre Frankenstein et Dracula, Stevenson donne lui aussi sa version du roman d’horreur avec L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde. On y retrouve le motif du savant fou qui cherche à défier les lois de la nature, et qui se fait finalement dépasser par ce qu’il a créé.

S’inspirant des progrès de la science et de la psychologie, Stevenson donne vie à ce court roman manichéen où se mêlent horreur, fantastique, enquête et dédoublement de personnalité dans une ambiance sombre, propre à l’Angleterre du XIXe siècle.

Personnages

M. Utterson : Notaire londonien et cousin de Richard Enfield, il est ami avec le docteur Jekyll et conserve son testament et celui de Lanyon.
Henry Jekyll : Docteur à la bonne réputation, il a réussi à créer une potion qui sépare son âme en deux, ce qui amène à la création de M. Hyde.
Edward Hyde : C’est le versant noir de Jekyll. Petit et d’apparence monstrueuse, il est constitué des vices de son créateur, le docteur Jekyll.
M. Lanyon : Docteur, ami commun de Utterson et de Jekyll.
Poole : Domestique dévoué de Jekyll.

Thèmes

Le dédoublement de personnalité : Amorcé avec la légende de Faust, la dualité de l’être humain est un motif courant dans la littérature. Avec les progrès de la science de l’humain et de la psychologie, le XIXe siècle voit se multiplier les histoires de héros dédoublés. La lutte entre le bien et le mal, le clair et l’obscur s’explique également grâce à l’influence de la religion judéo-chrétienne.
Le fantastique : Les phénomènes inexpliqués sont toujours source d’inspiration pour les écrivains. L’écriture se débride et les auteurs construisent une imagerie et un vocabulaire spécifique pour ce nouveau genre. Les images horrifiques et monstrueuses sont très présentes dans ce roman, Stevenson n’ayant pas peur de choquer son lecteur, lui-même étant en recherche de sensations fortes.
Les différents points de vue : La multiplication des narrateurs et des sources (lettres, récit, etc.) a pour effet de forcer le lecteur à se créer sa propre opinion sur l’histoire. C’est une mise en abyme du dédoublement, le lecteur penchant une fois pour un avis et une fois pour l’autre. Il est lui-même confronté à sa propre dualité d’être humain. La forme rejoint donc le fond.

Résumé

Chapitre 1

En passant devant une maison avec son cousin M. Enfield, M. Utterson lui raconte une histoire sordide selon laquelle une petite fille aurait été piétinée par un petit homme répugnant. Pour éviter le scandale, le petit homme, M. Hyde, serait entré dans la maison du bon docteur Jekyll et ressorti avec de l’argent pour la dédommager.

Chapitre 2

Inquiet pour son ami Jekyll, Utterson enquête auprès de Poole et constate que M. Hyde est son héritier ainsi que son protégé. Il le soupçonne de faire du chantage à Jekyll depuis une sombre histoire passée qu’Utterson ignore.

Chapitre 3

Utterson, ayant en sa possession le testament de Jekyll, l’interroge. Jekyll est méfiant et lui avoue qu’il tient à Hyde pour plusieurs raisons. Il lui demande de respecter son testament.

Chapitre 4

Un an plus tard, sir Danvers Carew est assassiné par M. Hyde. Utterson est mêlé à l’affaire car une lettre trouvée sur la victime porte son nom. Hyde a disparu. Cependant, un morceau de la canne de Jekyll est trouvé chez lui, confirmant la relation entre eux.

Chapitre 5

Utterson se rend auprès de Jekyll, qui semble malade. Jekyll remet à Utterson une lettre de Hyde disant qu’ils ne se verraient plus. Après analyse, Utterson trouve un lien étrange entre les deux : leurs écritures sont quasi-similaires. Utterson a peur que Jekyll ne protège Hyde par de fausses lettres.

Chapitre 6

Le docteur Jekyll montre des troubles du caractère. Utterson, ne comprenant plus son ami, va voir Lanyon qui, mourant, ne veut plus parler de Jekyll. Peu après, Lanyon meurt. Dans son testament, Utterson trouve une mystérieuse lettre à n’ouvrir qu’après la mort de Jekyll.

Chapitre 7

Utterson et Enfield visitent Jekyll qui se sent mourir. En pleine discussion, Il referme soudainement une fenêtre comme s’il avait vu un fantôme. Leur inquiétude grandit face au comportement de Jekyll.

Chapitre 8

Poole, en panique, vient chercher Utterson, il est inquiet car Hyde est enfermé, seul, dans le bureau de Jekyll. Ils forcent la porte : Hyde s’est donné la mort et il n’y a aucune trace de Jekyll. Utterson emporte la confession laissée là par Jekyll, mais se promet de lire la lettre de Lanyon en premier.

Chapitre 9

La lettre de Layon explique qu’il avait découvert le secret de Jekyll : après avoir récupéré ses potions chez lui, Hyde est arrivé chez Lanyon et s’est transformé en Jekyll devant lui. Lanyon ne s’en est jamais remis et il est mort terrorisé.

Chapitre 10

Dans sa confession, Jekyll raconte tout. De ses penchants pour le vice, de son expérience pour scinder son âme en deux : le vertueux docteur d’un coté, et le répugnant Hyde de l’autre. Il expose ses sentiments lors de ses dédoublements et sa perte de contrôle. Il n’avait plus besoin de potion pour faire venir Hyde, qui prenait de plus en plus le dessus. Il a décidé d’en finir car il savait que c’était désormais Hyde qui le maîtrisait et non plus l’inverse.

Citation

« Chaque question est comme une pierre que vous lancez. Vous êtes vous-même bien tranquillement perché au sommet d’une colline. La pierre vole, tombe, entraîne d’autres pierres. Bientôt, un innocent quelconque, que vous ne connaissez même pas, est frappé à la tête au milieu de son jardin. Et voilà une famille en deuil ! Cela vous explique pourquoi, plus une affaire me paraît singulière, moins je questionne. »

Chapitre 1
« Le sinistre quartier de Soho, vu sous ces différents aspects, avec ses rues boueuses, ses passants malpropres et ses réverbères non éteints, 50 ou au moins qui avaient été rallumés pour combattre cette nouvelle invasion des ténèbres, paraissait aux yeux de l’avocat comme un district de quelque ville vue sous l’influence d’un cauchemar. »

Chapitre 4
« Edward Hyde, seul parmi les rangs de l’humanité, était fait exclusivement de mal. »

Chapitre 10
« Bien qu’expert du double jeu, je n’étais en rien un hypocrite ; chacune de mes deux facettes était vraiment authentique. Je n’étais pas plus moi-même lorsque je me libérais de toute entrave pour plonger dans l’abjection que lorsque je travaillais au grand jour et avec acharnement à l’avancement des connaissances ou au soulagement du chagrin et des souffrances. »

Chapitre 10