Fiche de lecture
L'Étranger, Albert Camus
Contexte

Albert Camus est né à Mondovi en Algérie en 1913. Journaliste, Camus est un homme engagé. Dès 1936, il publie ses premières œuvres, des essais et une pièce de théâtre. Il déménage en France pendant l’année 1940.

L’Étranger, paru en 1942, est son premier roman. Il s’inscrit dans une tétralogie (œuvre en 4 volets) que Camus nomme « cycle de l’absurde » et qui comprend la pièce Caligula (1938), l’essai Le Mythe de Sisyphe (1942) et Le Malentendu, une autre pièce de théâtre de 1944. Camus y propose une réflexion sur l’absurdité de la condition humaine comme point de départ de la révolte devant l’injustice de l’histoire et de l’humanisme.

Personnages

Meursault : Personnage principal, il a une maîtresse, Marie. Il ne croit pas en Dieu, on le surnomme même « Monsieur Antéchrist » à un moment dans le roman. Il vit dans une grande indifférence.
Marie Cardona : Maîtresse de Meursault, elle est aussi l’ancienne dactylo de son bureau. Elle est l’opposée de Meursault sur le plan émotionnel : elle est expressive et ouverte.
L’Arabe : On ne sait rien de lui, Camus ne dévoile pas son état civil. Il est tué par Meursault de cinq coups de feu.
Emmanuel : Collègue de service de Meursault, qui lui emprunte un brassard et une cravate noire pour se rendre à l’enterrement de sa mère.
Céleste : Ami de Meursault et propriétaire d’un restaurant dans lequel Meursault mange souvent.
Salamano : Voisin de Meursault qui vit seul avec son chien. Son comportement est ambigu : il bat son chien mais sa douleur est intense lorsqu’il le perd.
Raymond Sintès : Également voisin de Meursault, c’est un personnage immoral, très violent avec les femmes.
Masson : Ami de Raymond, il a un cabanon au bord de la plage dans lequel il accueille Raymond, Meursault et Marie.
Le concierge : Gardien de l’asile où se trouvait la mère de Meursault.
Le directeur : Directeur de l’asile où était internée la mère de Meursault.
Thomas Pérez : Vieil ami et compagnon d'asile de la mère de Meursault.
L'avocat de Meursault : Plus occupé à faire de belles phrases qu’à défendre son client.

Thèmes

L’absurdité : Ce roman fait partie du « cycle de l’absurde ». Meursault se sent étranger du monde, étranger de sa propre vie. Son attitude est absurde, contraire à la logique attendue : indifférence à l’annonce de la mort de sa mère et à son enterrement, également à l’annonce d’un changement professionnel et d’une demande en mariage. Il n’y a ni joie, ni révolte, ni prise de conscience.
La justice : Même si la culpabilité de Meursault dans le meurtre de l’Arabe ne fait aucun doute, on s’intéresse également lors du procès à son refus des conventions et à son absence de réaction à la mort de sa mère. La justice est décrite comme stéréotypée, obéissant à des rituels établis.
La révolte : Si elle n’est pas exprimée par Meursault qui se distingue par son indifférence, son refus des conventions est une forme de révolte.
La nature : Meursault est très sensible à la nature, aux éléments naturels. Seule la nature semble avoir du sens, échapper à l’absurdité.

Résumé

Première partie

Chapitre 1

Meursault, employé de bureau à Alger, apprend la mort de sa mère par un télégramme de l’asile où elle réside. Il se met alors en congé pour se rendre à Marengo. À l’asile, il rencontre le directeur et le concierge. Meursault assiste ensuite à la veillée en compagnie des amis de sa mère. Le lendemain, lors de l’enterrement, la chaleur est étouffante, Meursault assiste au cortège dans un état de semi-conscience et ne verse pas une larme.

Chapitre 2

Le lendemain de l’enterrement de sa mère, samedi, Meursault se rend au port. Il rencontre Marie Cardona, l’ancienne dactylo de son bureau. Ils se baignent ensemble et passent un bon moment. Marie est surprise de constater qu’il est en deuil et qu’il vient d’enterrer sa mère. Ils vont au cinéma et Marie passe la nuit chez lui.

Chapitre 3

Meursault retourne au travail. Il prend sa pause avec son collègue Emmanuel. Le soir, lorsqu’il rentre chez lui, il rencontre son voisin Salamano et son chien. Il croise ensuite un autre voisin, Raymond Sintès, qui l’invite à dîner. Ce dernier demande à Meursault de lui rédiger une lettre afin de faire revenir la femme qui lui a été infidèle, car il souhaite se venger. Malgré le fait que Raymond exprime un désir de vengeance très violent, Meursault accepte de rédiger la lettre.

Chapitre 4

La semaine suivante, Meursault retrouve Marie à la plage et passe la nuit avec elle. Le lendemain, ils entendent une violente dispute entre Raymond et une femme. L’homme est violent, frappe et injurie sa compagne, si bien qu’un agent est obligé d’intervenir. Raymond se retrouve au commissariat, Meursault accepte de lui servir de témoin. À son retour, Meursault rencontre son voisin Salamano complètement abattu, car son chien a pris la fuite.

Chapitre 5

Raymond invite Meursault et Marie à passer le week-end dans le cabanon sur la plage près d’Alger d’un ami, Masson. Raymond raconte à Meursault qu’il est suivi depuis le début de la journée par un groupe d’Arabes, parmi lesquels le frère de la femme qui lui a été infidèle.

Le patron de Meursault lui propose un poste à Paris, mais Meursault ne montre aucun enthousiasme. Plus tard, Marie le demande en mariage. Il accepte, totalement indifférent à cette demande.

Lorsqu’il rentre chez lui, il rencontre Salamano qui lui parle à nouveau de son chien et lui apprend qu’il est le seul à ne pas l’avoir jugé lorsqu’il a placé sa mère dans un asile.

Chapitre 6

Meursault, Marie et Raymond passent le dimanche dans le cabanon sur la plage. Après le déjeuner, les hommes, accompagnés de Masson, vont se promener sur la plage et aperçoivent deux Arabes, dont le frère de la femme infidèle de Raymond. Une bagarre éclate et Raymond est légèrement blessé par un coup de couteau.

Lorsque Meursault et Raymond retournent plus tard sur la plage, les deux Arabes sont encore là. Raymond a une arme et veut tirer sur son adversaire. Meursault l’en empêche et lui prend son arme. Dès son retour au cabanon, Meursault sent l’envie de repartir sur la plage. Il croise alors à nouveau l’Arabe. Celui-ci sort son couteau. Dans un état de demi-conscience, Meursault tire et tue l’Arabe.

Deuxième partie

Chapitre 1

Meursault rencontre son avocat qui l’interroge sur le décès de sa mère et sur son absence de réaction. Il est interrogé par le juge d’instruction sur le mobile du meurtre. Il n’exprime aucun regret. L’instruction dure onze mois.

Chapitre 2

Meursault est incarcéré. Il reçoit la visite de Marie. Mais c’est l’unique fois qu’elle le pourra, n’étant pas sa femme. Le reste du temps, il dort et lit.

Chapitre 3

Le procès commence un an après les faits. Meursault est interrogé par le président du tribunal sur sa mère et sur le meurtre de l’Arabe. De nombreux témoins défilent à la barre : le directeur de l’asile où séjournait sa mère ; le concierge de cet asile ; Thomas Pérez, le dernier compagnon de sa mère, résident de l’asile ; Céleste, ami de Meursault ; Marie ; Masson ; Salamano et Raymond Sintès. Lors du procès, l’assistance découvre qu’il a entamé sa liaison avec Marie le lendemain de l’enterrement et qu’il a rédigé un témoignage de complaisance à Raymond, son voisin proxénète.

« Pour la première fois depuis bien des années, j’ai eu une envie stupide de pleurer parce que j’ai senti combien j’étais détesté par tous ces gens-là. »

Chapitre 4

Durant la longue plaidoirie du procureur, Meursault se sent totalement étranger à ce qui se déroule devant lui. Il ne se reconnaît pas dans les différents portraits que l’on dresse de lui. Malgré le réquisitoire de son avocat, Meursault est condamné à la peine de mort.

Chapitre 5

Alors que Meursault avait refusé de le voir plusieurs fois, l’aumônier lui rend tout de même visite dans sa cellule. La réaction de Meursault est très violente, il insulte l’aumônier. Il finit par retrouver son calme lorsque l’aumônier quitte la cellule. Il atteint un sentiment de bien-être dans la résignation et l’acceptation de la mort. Il attend même impatiemment l’exécution.

Citation

« Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : "Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués." Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier. »

Première partie, chapitre 1
« Après le déjeuner, je me suis ennuyé un peu et j'ai erré dans l'appartement. […] J'ai pensé que c'était toujours un dimanche de tiré, que maman était maintenant enterrée, que j'allais reprendre mon travail et que, somme toute, il n'y avait rien de changé. »

Première partie, chapitre 1
« Il m'a demandé encore si je voulais être son copain. J'ai dit que ça m'était égal : il a eu l'air content. »

Première partie, chapitre 3
« […] devant cette nuit chargée de signes et d’étoiles, je m’ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. De l’éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j’ai senti que j’avais été heureux, et que je l’étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul, il me restait à souhaiter qu’il y ait beaucoup de spectateurs le jour de mon exécution et qu’ils m’accueillent avec des cris de haine. »

Deuxième partie, chapitre 5