Fiche de lecture
La Curée, Émile Zola
Contexte

La Curée est un roman faisant partie d’une série intitulée Les Rougon-Macquart. Cette série comporte 20 romans écrits par Émile Zola, durant la période allant de 1871 à 1893. La Curée est le deuxième volume de la série. Les romans les plus connus de cette série sont L’Assommoir et Germinal.
La Curée a pour objectif de décrire la vie dépravée de la ville parisienne telle qu’elle est durant le Second Empire. Zola qualifie d’ailleurs ce mode de vie parisien par les termes : « l’or et la chair ». Nous verrons plus tard que l’argent et l’inceste font partie des thèmes de l’œuvre, rejoignant ainsi les termes de Zola.

Personnages

Angèle Rougon-Saccard : Son nom de naissance est Sicardot. Elle est la première femme d’Aristide Rougon-Saccard. C’est une femme coquette, qui aime les belles tenues et le maquillage ainsi que la gastronomie.
Aristide Rougon (appelé Saccard) : Il est le fils de Pierre et de Félicité Rougon, ainsi que le frère cadet d’Eugène Rougon. Son premier mariage (avec Angèle Rougon-Saccard) lui a donné deux enfants : Clotilde et Maxime. Aristide possède le sens des affaires au-delà de ce qu’il est permis de l’imaginer. Il excelle dans le domaine de la spéculation immobilière sur des ventes de terrains et d’immeubles situés à Paris, profitant d’un projet immobilier du baron Haussmann (préfet de la Seine en 1870). Il se remariera avec Renée.
Clotilde Rougon-Saccard : C’est la fille d’Aristide et d’Angèle. Après la mort de sa mère, elle décide de partir vivre chez son oncle Pascal, à Plassans (ville fictive).
Eugène Rougon : C’est le ministre du Second Empire et un proche de Napoléon III. Il est aussi le frère d’Aristide Rougon.
Larsonneau : C’est le complice d’Aristide dans les affaires d’escroquerie qu’il mène.
Louise de Mareuil : C’est elle qui découvre, stupéfaite, la liaison incestueuse entre Renée et Maxime. D’abord fiancée à Maxime, elle choisit par la suite de l’épouser.
Maxime Rougon-Saccard : Ses parents sont Aristide et Angèle. Il a été élevé par sa grand-mère (Félicité Rougon). Après la mort de sa mère, il fait le choix de venir s’installer à Paris. Son physique androgyne (mi-homme, mi-femme) lui permet d’attirer toute une foule de jolies jeunes femmes.
Pascal : C’est l’oncle de Clotilde, chez qui elle emménage après le décès de sa mère.
Renée Saccard : Son nom de naissance est Béraud du Châtel. Elle tombe enceinte à la suite d’un viol mais l’enfant ne connaîtra jamais la vie, Renée ayant fait une fausse couche. Elle épouse Aristide. Ayant un côté totalement amoral, elle séduit Maxime et souhaite ardemment que celui-ci devienne son amant. Lorsque Maxime la quitte pour Louise, elle s’enferme dans un chagrin ineffaçable et perd pied face à ses vices de jeux. Elle mourra finalement d’une méningite.
Sidonie Rougon-Saccard : C’est la sœur d’Aristide. Cette commerçante à la personnalité introvertie apprécie beaucoup l’argent et le luxe qui l’entourent. Elle n’hésite pas une seule seconde à proposer à Aristide d’épouser Renée, bien que sa femme précédente Angèle se meure dans la pièce d’à côté.
Worms : C’est un grand couturier chez qui Renée et Maxime se rendent afin de renouveler la garde-robe de ce dernier.

Thèmes

L’inceste : L’inceste est présent dans l’ouvrage puisque Renée a une liaison amoureuse avec son beau-fils Maxime. D’abord secrète, cette liaison sera percée à jour par la fiancée de Maxime et le mari de Renée. Elle tiendra cependant un certain temps mais finira par se briser.
L’inceste est un sujet qui apparaît dans des œuvres de genres différents (roman, théâtre, poésie…) et ce depuis l’Antiquité.
L’argent : Dès le premier chapitre du roman, le narrateur décrit Aristide comme un spéculateur traitant d’affaires immobilières.
Plusieurs péripéties (petits événements venant entraver le déroulement normal du récit) ont un rapport direct avec l’argent ou la finance : Aristide essaie d’escroquer sa femme Renée, Maxime et Renée achètent en cachette des costumes d’une très grande valeur, Aristide est un escroc professionnel (bien que ses affaires se terminent mal) et Renée succombe à la tentation du jeu.
L’ennui : L’ennui est un thème exploité à travers le personnage de Renée. N’ayant rien pour lui occuper l’esprit, elle tente de se distraire de toutes les façons possibles. Elle aura de nombreux amants, et trouvera un certain réconfort dans le jeu. Malgré tout, rien ne parviendra vraiment à la faire sortir de cette spirale d’ennui.

Résumé

Chapitre I

L’histoire se déroule dans le Paris du XIXe siècle, lorsque le Second Empire règne sur la France. Le Second Empire est un régime politique ayant duré de 1852 à 1870 qui a été fondé par Napoléon III.
Renée et son beau-fils Maxime (le fils de son mari) profitent d’une magnifique journée ensoleillée pour se promener dans les bois. La famille vit dans le luxe. Son mari Aristide, souvent appelé Saccard, est un spéculateur.

Chapitre II

Le lecteur découvre qu’Aristide a eu une première femme du nom d’Angèle, avec laquelle il a eu deux enfants : Clotilde et Maxime. Aristide obtient un poste important à l’Hôtel de ville de Paris. Il décide ensuite de changer son nom de famille (Rougon) au profit de celui de Saccard. Il se lance dans des projets prometteurs liés à l’expropriation et à l’urbanisme. C’est grâce à sa sœur Sidonie qu’il épouse Renée, tandis que sa première femme Angèle se meurt. Renée est un bon parti pour Aristide car elle est une bourgeoise qui lui apporte des terrains et beaucoup d’argent. En ce sens, Aristide possède un caractère particulièrement opportuniste. À l’aide de son complice nommé Larsonneau, il mène d’incroyables escroqueries immobilières.

Chapitre III

Maxime quitte la province et rejoint la capitale. Renée, qui est pourtant sa belle-mère, tombe éperdument amoureuse de lui. Elle le couvre de cadeaux en l’amenant secrètement chez Worms, un célèbre et grand couturier. Aristide gravit les marches de l’échelle sociale. Renée, particulièrement sujette à l’ennui, se trouve plusieurs amants avec qui elle essaie de passer un peu le temps, en vain. Elle joue également à des jeux, un vice dont elle ne peut pas se passer.

Chapitre IV

À l’occasion d’un bal, Renée devient la maîtresse cachée de Maxime. Leur relation peut être qualifiée de pérenne (durable). Son mari Aristide connaît de graves difficultés financières et tente de sauver la face avec diverses stratégies et investissements financiers.

Chapitre V

Un rebondissement important est relaté dans ce chapitre. En effet, la fiancée de Maxime (Louise) découvre la liaison secrète de Maxime et Renée. Cette découverte a un effet dévastateur car Louise doit prochainement l’épouser. Aristide, qui n’est pas encore au courant de la trahison de sa femme, souhaite escroquer cette dernière.

Chapitre VI

Durant un bal destiné à valoriser certaines personnes ayant quelque peu d’influence, Aristide aperçoit Renée avec Maxime et comprend tout de suite la nature de leur relation.

Chapitre VII

À la suite des événements derniers aux conséquences dramatiques, la famille est au bord de l’implosion. Aristide voit sa situation financière s’effondrer malgré ses nombreuses tentatives pour la sauver. Malgré le déchirement sentimental entre Maxime et Louise, le mariage se déroule comme prévu et Maxime quitte Renée en bonne et due forme. Renée mourra peu de temps après d’une grave méningite.

Citation

« – Je te conseille de te plaindre, continua Maxime : tu dépenses plus de cent mille francs par an pour ta toilette, tu habites un hôtel splendide, tu as des chevaux superbes, tes caprices font loi, et les journaux parlent de chacune de tes robes nouvelles comme d’un événement de la dernière gravité ; les femmes te jalousent, les hommes donneraient dix ans de leur vie pour te baiser le bout des doigts… Est-ce vrai ? »

Chapitre I


« Il n’acheva pas, mais son regard ajoutait qu’il s’attendait à trouver la seconde femme de son père beaucoup plus vieille. Il était tout près d’elle, il lui regardait le cou avec tant d’attention qu’elle finit presque par rougir. Sa tête folle, d’ailleurs, tournait, ne pouvant s’arrêter longtemps sur le même sujet ; et elle se mit à marcher, à parler de son tailleur, oubliant qu’elle s’adressait à un enfant. »

Chapitre III


« Cet hiver fut pour Renée une longue joie. Elle ne souffrait que du besoin d’argent. Maxime lui coûtait très cher ; il la traitait toujours en belle-maman, la laissait payer partout. Mais cette misère cachée était pour elle une volupté de plus. Elle s’ingéniait, se cassait la tête, pour que « son cher enfant » ne manquât de rien ; et, quand elle avait décidé son mari à lui trouver quelques milliers de francs, elle les mangeait avec son amant, en folies coûteuses, comme deux écoliers lâchés dans leur première escapade. »

Chapitre V


« Depuis qu’elle s’était retrouvée seule, livrée à ce flot mondain qui l’emportait, elle s’abandonnait davantage, ne sachant à quoi tuer le temps. Elle acheva de goûter à tout. Et rien ne la touchait, dans l’ennui immense qui l’écrasait. Elle vieillissait, ses yeux se cerclaient de bleu, son nez s’amincissait, la moue de ses lèvres avait des rires brusques, sans cause. C’était la fin d’une femme. »

Chapitre VII