Albert Camus publie La Peste en 1947. Ce livre est son premier grand succès : 161 000 exemplaires vendus dans les deux premières années. Il s’inscrit dans le cycle de la révolte avec sa pièce de théâtre Les Justes (1949) et son essai L’Homme révolté (1951). Dans ce cycle, il évoque les maux de l’histoire dont les hommes eux-mêmes sont responsables.
Albert Camus écrit La Peste entre 1940 et 1942, durant la Seconde Guerre mondiale, et ne publie le roman qu’à la fin de la guerre. Le souvenir des atrocités de cette guerre était encore vif dans la mémoire collective et pour l’auteur.
Bernard Rieux : Médecin, humaniste, il lutte contre la peste pendant tout le roman. On apprend à la fin qu’il en est le narrateur. Jean Tarrou : Voisin de Rieux, il devient au cours du roman son ami et se met à sa disposition, créant un groupe de volontaires pour l’aider dans sa tâche. Il est étranger à la ville et tient dans ses carnets une chronique de l’épidémie. Joseph Grand : Employé de mairie, il travaille sur un livre mais ne parvient pas à dépasser la première phrase qu’il souhaite parfaite et dont il n’est jamais satisfait. Cottard : Recherché par la police au début du roman, il tente de se suicider mais il en est empêché par Joseph Grand. Il est le seul personnage à tirer avantage de la peste, car elle éloigne l’attention de la justice sur sa personne et lui permet de s’enrichir. Paneloux : Prêtre jésuite, il interprète la peste comme une punition divine et commencera par condamner les Oranais. Mais lorsqu’il est confronté à la mort d’un enfant, le fils d’Othon, il s’intègre dans la communauté, sur laquelle il ne rejette plus la faute, et prône l'acceptation. Raymond Rambert : Journaliste venu de Paris, il fait tout ce qu’il peut pour quitter la ville et retrouver la femme qu’il aime, mais il est retenu à cause de la peste. Il envisage de fuir mais renonce à ses projets pour aider Rieux. M. Michel : Concierge de l’immeuble de Rieux et premier cas recensé de la peste.
La maladie : Ce roman se présente comme une chronique de l’épidémie. Les étapes de la propagation, les symptômes mais aussi les effets sur la ville (mise en quarantaine, isolement des malades, traitement des cadavres, etc.) sont décrits avec une grande précision médicale. La mort : La menace de la mort plane. Il y a de nombreuses victimes et Camus se focalise sur certaines d’entre elles. La première victime est inconnue du lecteur, mais peu à peu les décès choquent et révoltent : la mort d’un enfant puis, pour finir, celle de Jean Tarrou, l’un des principaux personnages auquel le lecteur a eu le temps de s’attacher. La condition humaine : Présenter des personnages isolés, coupés du monde, permet à l’auteur d’étudier les comportements humains face à une épreuve collective. De cette épreuve naît de la résignation, de la révolte, mais aussi de la solidarité et du dévouement. L’allégorie du nazisme : La peste représente le nazisme. Oran est occupée par la peste, comme la France fut occupée par les nazis. Les volontaires aux côtés du docteur Rieux représentent la Résistance.
Première partie
Première partie
Dans les années 1940, à Oran, le docteur Bernard Rieux trouve le cadavre d’un rat sur son palier. Quelques jours plus tard, on apprend par la presse que plus de six mille rats ont été ramassés la même journée. Les habitants sont plongés dans l’angoisse et accusent la municipalité. Peu à peu, les rues retrouvent leur propreté et le nombre de cadavres diminue. Les habitants, rassurés, minimisent les événements pourtant, l’épidémie ne fait que commencer. Le concierge de l’immeuble de Rieux tombe gravement malade. Malgré les soins, il ne peut être sauvé et le mystère plane autour de cette mort brutale. Par la suite, un employé de mairie, Joseph Grand, sollicite Rieux pour qu’il vienne ausculter un certain Cottard, pris d’une crise de folie et qui veut se suicider. Rieux parvient à le ramener à la raison. Les morts se multiplient à Oran et Rieux soupçonne une épidémie de peste. Il consulte des confrères et l’un d’eux, Castel, confirme son hypothèse. Rieux insiste pour que les autorités placent la ville en quarantaine, ce qu’elles font après bien des réticences. La ville est fermée.
Deuxième partie
Deuxième partie
L’isolement bouleverse les habitants et modifie leur comportement individuel et collectif. Rambert, un journaliste parisien venu faire un reportage à Oran, demande l’aide de Rieux pour quitter la ville et regagner Paris pour retrouver sa femme. Rieux refuse, car il trouve ça trop dangereux. Cottard, de son côté, qui avait tenté de se suicider, semble profiter de la situation. Grand, l’employé de mairie, essaye désespérément d’écrire un livre mais ne cesse de réécrire la première phrase. Le prêtre, le père Paneloux, profite d’un prêche pour accuser les Oranais qu’il juge responsables de la peste, un châtiment divin. Tarrou, qui n’est pas originaire d’Oran, tient une chronique de l’épidémie dans un carnet. Il décide de seconder Rieux pour organiser le service sanitaire. Ils sont rejoints par Rambert.
Troisième partie
Troisième partie
L’été arrive et l’épidémie fait de plus en plus de victimes. Il y en a tellement que la municipalité renonce à les enterrer et jette les cadavres dans la fosse commune. La tension monte dans la ville. Certains habitants semblent résignés et attendent la mort tandis que d’autres multiplient les actes de vandalisme. Les autorités sont obligées de réprimer les soulèvements et les pillages.
Quatrième partie
Quatrième partie
Rambert a enfin la possibilité de quitter la ville, mais après des mois d’engagement auprès du docteur Rieux, il renonce à son projet, estimant que sa place est auprès de Rieux et Jean Tarrou. Le jeune fils du juge Othon tombe malade à son tour et son agonie vient ébranler Rieux et les certitudes de l’abbé Paneloux. Ce dernier meurt également de la peste, refusant toute intervention médicale. À Noël, Grand tombe à son tour malade, mais il est sauvé par un nouveau sérum. Les habitants sont rassurés d’apprendre l’existence de ce sérum et de voir réapparaître des rats, vivants.
Cinquième partie
Cinquième partie
Même si elle fait encore des victimes, parmi lesquelles Othon et Tarrou, l’épidémie recule. Avant de mourir, Tarrou a confié ses carnets au docteur Rieux. Cottard est arrêté par la police suite à une crise de démence. Ses nerfs lâchent lorsqu’il découvre que l’épidémie a quitté Oran. Rieux apprend par un télégramme que sa femme est morte. Le docteur la savait très malade dès le début du roman, mais, coupé du monde, il ignorait que l’épidémie l’avait atteinte. Rieux, qui se révèle le narrateur du livre, a voulu relater les événements pour inviter à la plus grande vigilance car l’épidémie peut revenir.
« Le mal qui est dans le monde vient presque toujours de l'ignorance, et la bonne volonté peut faire autant de dégâts que la méchanceté, si elle n'est pas éclairée. »
Deuxième partie « Maintenant je sais que l'homme est capable de grandes actions. Mais s'il n'est pas capable d'un grand sentiment, il ne m'intéresse pas. »
Deuxième partie « C’était encore heureux qu’il y eût la fatigue. Si Rieux avait été plus frais, cette odeur de mort partout répandue eût pu le rendre sentimental. Mais quand on n’a dormi que quatre heures, on n’est pas sentimental. »
Quatrième partie « Il n’y avait pas de honte à préférer le bonheur […] mais il peut y avoir de la honte à être heureux tout seul. »
Quatrième partie