Fiche de lecture
Le Roman comique, Paul Scarron
Contexte

La première partie du Roman comique parut en 1651, la seconde en 1657. Scarron y prend le contre-pied du roman précieux pratiqué à la même époque par Honoré d’Urfé ou par Madeleine de Scudéry, en mêlant réalisme et burlesque.

Personnages

Le Destin : Le Destin est un jeune homme de bonne famille qui se fait passer pour un comédien.
Mlle de l’Étoile : Mlle de l’Étoile est l’amie du Destin, qui la fait passer pour sa sœur.
Le baron de Saldagne : Le baron de Saldagne est amoureux de Mlle de l’Étoile.
La Caverne : La Caverne est une comédienne de la troupe.
Angélique : Angélique est la fille de La Caverne.
Léandre : Léandre est un jeune bourgeois entré dans la troupe par amour pour Angélique.
La Rappinière : La Rappinière est un lieutenant de police.
Ragotin : Ragotin est un avocat de petite taille.
La Rancune : La Rancune est un vieux comédien aigri.

Thèmes

Un réalisme comique : La dimension réaliste de l’œuvre s’appuie sur une observation aiguë de la vie provinciale : on voit des tripots (cabarets), des halles, des hôtelleries et tout un peuple de personnages nettement dessinés, pris sur le vif ; mais l’image de ces réalités justement saisies est souvent caricaturale. Le burlesque culmine à travers le personnage vaniteux et colérique de Ragotin, les bagarres et empoignades générales, etc.
Un roman démystifié : Le romancier se moque de son roman, en s’immisçant dans son œuvre, en la commentant avec ironie, en révélant avec humour au lecteur les procédés de fabrication de l’auteur.

Résumé

Le Roman comique, c’est le roman d’une troupe comique, c’est-à-dire d’une troupe de comédiens itinérants du XVIIe siècle. L’intrigue principale est constituée par l’histoire du Destin et de l’Étoile. Persécutés dans leur amour, ces deux personnages se sont engagés, sous ces noms d’emprunt, comme comédiens dans une troupe de théâtre. À cette intrigue, déjà complexe, s’ajoutent plusieurs actions secondaires : le narrateur développe les histoires de personnages qui font partie de l’entourage du Destin et de l’Étoile, tels que La Rancune et Ragotin. Enfin prennent place des récits racontés par les acteurs du roman, dont des nouvelles adaptées de l’espagnol.

Livre 1

Une troupe de comédiens ambulants arrive dans la ville du Mans. Parmi eux, sous le nom d’emprunt du Destin se cache un jeune homme de bonne famille, et sous celui de Mlle de l’Étoile son amie, qu’il fait passer pour sa sœur ; tous deux cherchent à échapper à la jalousie du baron de Saldagne. Quant à Léandre, c’est un jeune bourgeois entré dans la compagnie pour l’amour d’Angélique, fille de la comédienne La Caverne.

Livre 2

Le baron de Saldagne enlève Angélique en la prenant pour l’Étoile, dont il est amoureux. La troupe se lance à sa poursuite, retrouve la première pour apprendre aussitôt que la seconde a été enlevée à son tour. Mais le Destin finit par délivrer l’Étoile et découvre que le prévôt La Rappinière, qui a pris les comédiens sous sa protection, a joué dans cette affaire un rôle très louche. La troupe peut enfin donner des représentations au Mans.

La troisième partie du roman n’a jamais été écrite par Scarron.

Citation

À propos de La Rancune :
« […] Parce qu’il se courbait un peu en marchant, on l’eût pris de loin pour une grosse tortue qui marchait sur ses jambes de derrière. Quelque critique murmurera de la comparaison, à cause du peu de proportion qu’il y a d’une tortue à un homme ; mais j’entends parler des grandes tortues qui se trouvent dans les Indes, et de plus, je m’en sers de ma seule autorité. »

Livre I, chapitre 1


À propos de Ragotin :
« C’était le plus grand petit fou qui ait couru les champs depuis Roland. Il avait étudié toute sa vie ; et, quoique l’étude aille à la connaissance de la vérité, il était menteur comme un valet, présomptueux et opiniâtre comme un pédant et assez mauvais poète pour être étouffé s’il y avait de la police dans le royaume. »

Livre I, chapitre 8


Ragotin vient d’être extrait d’un coffre où l’avait coincé une servante :
« Cependant le demi-homme fut tiré de la chausse-trappe, et ne fut pas plus tôt sur ses pieds qu’il courut à une épée. On l’empêcha de la prendre, mais on ne put l’empêcher de joindre la grande servante, qu’il ne put aussi empêcher de lui donner un si grand coup sur la tête, que tout le vaste siège de son étroite raison en fut ébranlé. »

Livre II, chapitre 7


Le Destin se retrouve en tête-à-tête avec Mme Bouvillon, une femme d’âge mûr :
« La grosse sensuelle ôta son mouchoir de col et étala aux yeux du Destin, qui n’y prenait pas grand plaisir, dix livres de tétons pour le moins, c’est-à-dire la troisième partie de son sein, le reste étant distribué à poids égal sous ses deux aisselles. »

Livre II, chapitre 10