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Quand Le Rouge et le Noir, Chronique du XIXe siècle parait en 1830, Stendhal est âgé de quarante-sept ans et n’a publié qu’un seul ouvrage, Armance en 1827. Cette même année, en décembre, il lit dans la Gazette des tribunaux un fait divers en Dauphiné qui va l’inspirer : l’affaire Berthet, contant l’histoire d’Antoine Berthet qui tira deux coups de feu en pleine messe sur Mme Michoud, son ancienne maîtresse.
Le genre romanesque est en pleine ascension dans cette première moitié du XIXe siècle, où s’opère une transition entre deux courants littéraires : le romantisme et le réalisme. À sa réception par le public, Le Rouge et le Noir connaît un grand succès et projette Stendhal vers la notoriété. Il est également controversé, par Prosper Mérimée notamment qui écrira à Stendhal : « Il y a dans le caractère de Julien des traits atroces, dont tout le monde sent la vérité mais qui font horreur. Le but de l’art n’est pas de montrer ce côté de la nature humaine. »
Le titre du roman porte en lui un sens énigmatique : Julien, tout au long du roman, hésite entre le rouge, symbolisant une carrière militaire, et le noir, renvoyant à une carrière religieuse.
Julien Sorel : Fils de l’artisan Sorel, c’est un jeune homme de 19 ans qui a été instruit par le curé du village, l’abbé Chélan. Il admire Napoléon en secret et ambitionne de s’élever dans la société. Madame de Rênal : Cette jeune femme noble et sensible s’ennuie de sa vie à Verrières. Elle tombe amoureuse de Julien, qui sera la cause de sa perte. Monsieur de Rênal : Maire de Verrières, il est celui qui recrute Julien en tant que précepteur pour ses enfants. Orgueilleux et colérique, il décline au fil du roman. Mathilde de La Mole : Fille du marquis de La Mole, c’est une jeune femme de la noblesse parisienne. Rêvant d’aventures romanesques, elle tombe amoureuse de Julien. Le marquis de La Mole : Ce noble parisien est ministre du roi et emploie Julien. L’abbé Chélan : Premier père spirituel de Julien qu’il a lui-même élevé, il est l’abbé de Verrières. L’abbé Pirard : Deuxième père spirituel de Julien, c’est un prêtre janséniste qui dirige le séminaire de Besançon. Monsieur Valenod : Second maire de Verrières, rival de M. de Rênal. Fouqué : Seul ami de Julien, propriétaire d’une entreprise de vente de bois. Élisa : Femme de chambre de Mme de Rênal, elle est amoureuse de Julien, et dénonce sa relation avec Mme de Rênal lorsque celui-ci la rejette.
Le réalisme et la psychologie : Le Rouge et le Noir est un roman réaliste puisqu’il est largement construit à partir d’un fait divers, et donc de la réalité. Mais c’est aussi un roman psychologique qui rend compte de la complexité des émotions humaines. Le roman d’éducation : Le Rouge et le Noir est un roman d’apprentissage, très à la mode au XIXe siècle. Julien est confronté à deux types d’apprentissages : la vie sociale, religieuse et politique, et un apprentissage sentimental avec Mme de Rênal et Mathilde. L’hubris : Julien tout au long du roman est en proie à l’hubris (la démesure) ; il ne cesse de faire grandir ses ambitions. C’est surtout visible à travers son modèle, Napoléon, qui est un leitmotiv dans l’intrigue. Dans la tradition antique, plus l’hubris est grand, plus la chute est fatale. La critique sociale : Stendhal présente Julien comme pris en tenaille dans une société. Plus il en comprend les mécanismes, plus il sacrifie ses principes : il est petit à petit corrompu par les fonctionnements sociaux. D’ailleurs, les seuls moments de plénitude qu’il éprouve surgissent lorsqu’il est seul dans la nature ou en prison.
Le roman est construit en deux parties, ascendante et descendante avec un point culminant. La première partie présente le parcours de Julien Sorel à Verrières, son entrée chez les Rênal, puis son séjour dans un séminaire de Besançon. L’ambition de Julien ne cesse de croître. La seconde partie est consacrée à la vie du héros à Paris en tant que secrétaire du marquis de La Mole. Il voit en l’espace de quelques jours ses rêves se réaliser. Puis soudainement, le dénouement s’opère à travers la chute de Julien, puis son exécution.
Livre premier
Livre premier
Dans une petite ville de Franche-Comté, le maire, M. de Rênal, finit de faire construire sa grande maison de maître. Grâce aux bénéfices de sa fabrique de clous, il a pu acheter les terrains du père Sorel qui possédait une scierie en contre-bas, près de la rivière.
M. de Rênal souhaite engager comme précepteur pour ses enfants un des trois fils Sorel qui se distingue du reste de la fratrie : c’est un latiniste éduqué par l’abbé Chélan, et qui se destine à devenir prêtre à son tour. Sa femme, Mme de Rênal, approuve ce projet. Craignant que son rival politique, Valenod, ne se saisisse avant lui du garçon, il rend visite au père Sorel, paysan bourru, et lui fait une offre à laquelle le paysan promet de réfléchir. Puis le père Sorel surprend son fils lisant Le Mémorial de Sainte-Hélène : il s’emporte, bouscule son fils et jette le livre dans le ruisseau.
Le lendemain, le père Sorel se rend chez M. de Rênal dans l’optique de négocier. Il obtient pour son fils une chambre individuelle, des repas avec les maîtres et un habit. Le marché est conclu et Julien se met en route afin de rejoindre la demeure des de Rênal. Sur le chemin, il s’arrête un moment à l’église où il trouve une feuille de journal volante mentionnant l’exécution d’un certain Louis Jemel (signe prémonitoire qui fait écho à la fin du roman). Il reprend son chemin. De son coté, Mme de Rênal appréhende la venue de ce nouveau précepteur qu’elle imagine vieux et sévère.
Sur le seuil de la maison, Julien et Mme de Rênal se rencontrent. Tous deux sont surpris : Julien la trouve douce et belle, et Mme de Rênal est attendrie par sa beauté juvénile. Il lui promet alors de ne jamais battre ses enfants dont il se fait rapidement aimer. Mme de Rênal, quant à elle, se plaît à passer du temps avec Julien qui se distingue de la gente masculine locale. Aussi, la femme de chambre, Élisa, projette d’épouser Julien sur les conseils de l’abbé Chélan. Mme de Rênal tombe alors malade et, peu après, guérit en apprenant le refus de Julien, qui a de plus hautes ambitions. Mme de Rênal s’interroge alors sur ses sentiments pour Julien.
En 1827 ; au printemps, la famille part s’installer dans sa maison de campagne à Vergy. M. de Rênal repart aussitôt pour affaires et Mme Derville, amie de Mme de Rênal, les rejoint. Un soir, sous l’immense tilleul devant la maison, Julien prend maladroitement la main de Mme de Rênal qui retire la sienne aussitôt. Julien se sent vexé et furieux suite à ce rejet.
Le lendemain, Julien oscille toute la journée entre colère et timidité. Le soir-même, il réitère le même geste avec plus d’aplomb, et Mme de Rênal se laisse prendre la main.
Le jour d’après, M. de Rênal exprime de manière méprisante son mécontentement concernant le travail de Julien. Peu après, Julien, qui possède un portrait de Napoléon susceptible de le compromettre (car M. de Rênal hait Napoléon), parvient à le détruire avec l’aide de Mme de Rênal. Furieux après M. de Rênal, Julien décide de présenter sa démission à ce dernier. Mais le maire, redoutant encore que Valenod ne récupère Julien, l’augmente de cinquante francs.
Prétextant de rendre visite à l’abbé Chelan, Julien s’échappe pour une promenade en forêt. Là, il y observe un épervier tout en pensant à Napoléon qu’il admire en secret.
Revenu à Vergy, Julien retrouve Mme de Rênal ainsi que Mme Derville dans le jardin. M. de Rênal se joint à eux. En partant, Julien couvre de baiser la main de Mme de Rênal, qui réalise son amour pour lui. Mais, prise de remords, elle décide de prendre ses distances.
Julien obtient trois jours de congé et rend visite à son ami Fouqué, bûcheron. Le voyage à pied dans les montagnes du Jura lui procure le plus grand plaisir, au point d’en oublier Mme de Rênal. Là-bas, il passe un long moment dans une grotte qui lui plaît particulièrement. Il arrive tard dans la nuit chez Fouqué qui lui propose un partenariat commercial. Julien refuse, ayant de plus grandes ambitions.
Mme de Rênal ne contient plus ses sentiments, ce qui n’échappe pas à Mme Derville et à Julien qui devient son amant. Il se révèle être dans un premier temps un amant gauche et inexpérimenté : il gagne la chambre de Mme de Rênal pendant la nuit et s’effondre en larmes à ses pieds. Mme de Rênal en est émue, et ils passent la nuit ensemble. Julien doute cependant de sa performance. Le lendemain dans la nuit, les amants se retrouvent à nouveau et Julien, rassuré, éprouve un grand bonheur.
À Verrières, deux cérémonies, militaire puis religieuse, sont organisées à l’occasion de la venue d’un monarque. Julien y participe grâce à l’intervention osée de Mme de Rênal. Pendant la cérémonie militaire, Julien, en uniforme et sur son cheval, est comblé et se prend pour son idole, Napoléon. Il assiste ensuite, grâce à l’abbé Chélan, à une sublime cérémonie religieuse.
À Vergy, Mme de Rênal est accablée de remord depuis que le cadet de ses fils est tombé soudainement malade : elle y voit un châtiment de Dieu pour la punir de son adultère et manque de tout révéler à son époux. Son fils guérit finalement et Julien revient : ils reprennent leur relation qui s’étiole quelque peu. Par la suite, la femme de chambre de Mme de Rênal, Élisa, révèle à Valenod la liaison entre sa maîtresse et le précepteur de ses enfants. Il s’empresse alors d’envoyer une lettre anonyme à M. de Rênal, ce qui le plonge dans la colère et le fait douter. Julien remarque l’attitude de son employeur et en déduit qu’il est informé de leur liaison. Il demande à Mme de Rênal plus de prudence. Dans un premier temps, celle-ci ne le prend pas au sérieux, puis elle invente un stratagème : elle s’écrit elle-même une lettre anonyme avec les mêmes informations pour en être outrée devant son mari et demander l’éloignement de Julien. La ruse opère et déstabilise M. de Rênal. En lui remettant la lettre le lendemain, elle regagne sa confiance et il décide d’envoyer Julien à Verrières pour la semaine.
À Verrières, en l’absence du maire, Valenod en profite pour gagner la faveur politique des habitants. Par ailleurs l’abbé Chélan est informé lors d’une confession d’Élisa de la liaison de Julien avec Mme de Rênal : il le somme de partir sous trois jours pour le séminaire de Besançon et de ne pas revenir à Verrières avant un an. Les amants passent une dernière nuit ensemble.
À Besançon, le séminaire apparaît sinistre et morne à Julien qui s’évanouit à son arrivée. Il est accueilli par l’abbé Pirard, ami de l’abbé Chélan, qui est impressionné en contrôlant Julien sur ses connaissances. Il lui attribue une bourse et une cellule individuelle. Julien ne s’intègre pas au sein du séminaire, s’attirant les foudres de ses compères, jaloux de ses réussites scolaires. Aussi, il apprend rapidement que son confesseur, le père Pirard, est suspecté de jansénisme. Une fouille dans sa cellule manque de le compromettre.
Afin de préparer la fête de Dieu, Julien offre son aide à l’abbé Chas-Bernard pour décorer la cathédrale : il impressionne l’abbé de part son courage et son agilité. Il est ensuite chargé de garder les lieux : soudainement, il entrevoit Mme de Rênal accompagnée de Mme Derville. Mme de Rênal s’évanouit en le voyant, puis Mme Derville le somme de partir. Il quitte les lieux, manquant de s’évanouir à son tour.
Julien se voit nommé répétiteur par l’abbé Pirard mais il est rétrogradé à cause d’une supercherie tendue par un ennemi de l’abbé Pirard, l’abbé Frilair. L’abbé Pirard démissionne et cède sa place de secrétaire auprès du marquis de La Mole à Julien.
Julien quitte Besançon et, avant de se rendre à Paris, passe par Verrières pour rendre visite à Fouqué et à l’abbé Chélan qui lui conseille de quitter la ville discrètement. Mais n’écoutant pas son bienfaiteur, il se rend chez les de Rênal et s’introduit dans la chambre de Mme de Rênal pendant la nuit, par la fenêtre. Le lendemain, Julien passe la journée caché dans la chambre de sa maîtresse. Le soir, les amants se retrouvent mais sont surpris par M. de Rênal, et Julien s’enfuit par la fenêtre sous des coups de feu.
Livre second
Livre second
Sur le trajet en direction de Paris, Julien entend deux voyageurs critiquer la société (parisienne et provinciale). À son arrivée, son premier réflexe est de se rendre à Malmaison afin d’honorer son culte bonapartiste. Puis, il rejoint l’abbé Pirard qui le rassure à propos de sa future situation chez le marquis en lui proposant de partager son revenu si jamais Julien ne s’y sent pas à sa place. Julien est ému par la générosité de ce père adoptif.
Ils gagnent ensuite l’Hôtel de La Mole et l’abbé Pirard présente son protégé au marquis de La Mole, sa fille Mathilde et son fils, le comte de Norbert. Au premier regard, Mathilde ne plaît pas à Julien. Lors de leur premier dîner, Julien fait bonne impression grâce à ses connaissances. Par la suite, Julien parfait son éducation : il monte à cheval, tire au pistolet, se bat en duel avec le chevalier de Beauvoisis (avec qui il se lie d’amitié), et va à l’opéra. Cependant, Julien éprouve quelques malaises dans cette société aristocratique parisienne qui l’ennuie.
Le marquis de La Mole a une crise de goutte qui le paralyse. Il s’amuse en compagnie de Julien à qui il offre un habit bleu spécial : lorsque Julien le porte, ils sont soi-disant dans un rapport égalitaire. Puis il envoie Julien à Londres, où il se lie d’amitié avec le prince russe Korasoff. Cependant, Julien éprouve toujours un malaise intérieur dans une société qu’il trouve injuste et amorale. Il rencontre, à l’occasion d’un bal, le comte Altamira, exilé, avec qui il converse vivement de politique. Mathilde est séduite par les élans de Julien lors de cette conversation. Ils débattent tous deux le lendemain sur des questions morales : la fin justifie-t-elle les moyens ? Puis Julien est surpris un jour de voir Mathilde en habits de deuil : il apprend qu’elle honore la mémoire de son ancêtre, Boniface de La Mole, qui fut l’amant de Marguerite de Navarre (la reine Margot). Ce dernier s’étant fait décapiter, son amante récupéra sa tête pour l’enterrer secrètement : cette histoire fait fantasmer Mathilde. Julien, intrigué, passe du temps avec Mathilde qui flatte son orgueil. Soudainement, elle pense l’aimer, projetant sur lui un amour plein de contradictions et de rebondissements qu’elle a pu lire dans des romans.
Les faveurs de Mathilde pour Julien engendrent la suspicion de ses proches, notamment de son frère Norbert. En conséquence, Julien s’apprête à prendre congé. Mais la veille au soir, il reçoit une lettre de Mathilde dans laquelle elle lui fait sa déclaration, ce qui flatte son orgueil mais ne le rend pas pour autant amoureux d’elle. Mathilde lui donne par la suite rendez-vous dans sa chambre à minuit : Julien est hésitant, craignant un piège pour l’humilier, mais escalade tout de même la fenêtre de Mathilde pour gagner sa chambre. Il est perplexe car il ne l’aime pas, et lui fait librement part de ses suspicions. Cette maladresse déçoit la jeune femme qui pense s’être trompée de parti.
Au matin, Julien trouve Mathilde froide et distance, ce qu’il interprète comme du mépris. En réalité, elle redoute qu’il ne la compromette. Ils s’échauffent lors d’une discussion et Mathilde finit par l’insulter, lui disant qu’elle a honte de s’être donnée au premier venu. Julien, de rage, saisit une épée et se reprend aussitôt. Mathilde est subjuguée par cet élan de folie. Elle continue par la suite de feindre l’indifférence.
Perdu, Julien entrevoit le suicide mais se ressaisit et décide de monter à la fenêtre de Mathilde qui se jette aussitôt dans ses bras : les amants passent la nuit ensemble. Les jours qui suivent, Mathilde continue d’osciller, passant du tout au rien. Julien la trouve à la fois folle et charmante.
Le marquis de La Mole mandate à nouveau Julien d’une mission. Cette fois-ci, c’est une mission secrète : après s’être rendu dans une réunion de nobles conspirateurs, il doit délivrer oralement un message à une personne importante à Strasbourg. En s’y rendant, il contrecarre une tentative d’assassinat. Arrivé à Strasbourg, il délivre le message secret et rejoint son ami Korasoff qui lui délivre ses conseils en matière d’amour : rendre jalouse Mathilde en courtisant une femme de son entourage. Par des lettres toutes faites (provenant de Korasoff), il feint de séduire la maréchale de Fervaques en lui envoyant des lettres d’un ennui mortel. Mathilde finit par les découvrir et fait une scène de jalousie à Julien. Julien reste distant, satisfait d’avoir remporté la partie. Il compare leur relation à un champ de bataille et reste sur ses gardes. Il assimile Mathilde à un tigre qu’il a réussi à dompter mais qui peut l’attaquer à tout moment. Mais Mathilde lui apprend qu’elle est enceinte et décide d’écrire une lettre à son père en tentant de le convaincre d’accepter leur union.
Le marquis de La Mole est furieux d’apprendre cette nouvelle. Il s’emporte contre Julien. Ce dernier écrit une lettre au marquis lui disant qu’il accepte sa vengeance et qu’il se laissera assassiner par un valet dans le jardin. Mais rien ne se passe, alors Julien se réfugie chez l’abbé Pirard. Pendant ce temps, Mathilde fait pression sur son père pour obtenir un mariage avec Julien. Le marquis finit par céder, leur promet ses terres dans le Languedoc et anoblit Julien lui offrant le rang de lieutenant des hussards à Strasbourg. Julien s’y rend et s’y épanouit alors que le marquis continue de douter de son honnêteté.
Julien reçoit une lettre de Mathilde qui lui demande de rentrer sur le champ car son père a reçu une lettre de Mme de Rênal (écrite sur les conseils de son confesseur) décrivant Julien comme un jeune séducteur arriviste.
Julien voit ses rêves s’écrouler et, dans un excès de folie, se rend à Verrière et tire à deux reprises sur Mme de Rênal dans l’église. Il est par la suite emprisonné et interrogé : il plaide coupable. Puis il écrit une lettre d’excuse à Mathilde lui disant de l’oublier. Le gardien de prison lui apprend que Mme de Rênal a survécu. Il est transféré à Besançon en haut d’une tour où il attend la mort. L’abbé Chélan lui rend visite, accablé, suivi de l’ami Fouqué qui lui propose un plan d’évasion. Mathilde, déguisée en paysanne, vient aussi le voir, admirative de sa conduite, et lui propose de mourir avec lui. Elle tente ensuite de corrompre l’abbé Frilair pour libérer Julien. Mais celui-ci se lasse des excès de Mathilde et est absorbé par des rêveries : il pense à Mme de Rênal, dont il est réellement amoureux. Cette dernière écrit d’ailleurs une lettre aux jurés les suppliant de relaxer Julien.
Le jour du procès, on s’attend à l’acquittement de Julien, suite à la plaidoirie convaincante de son avocat. Mais Julien décide de prendre la parole et fait un violent réquisitoire contre la société. Suite à cela, Valenod rend la sentence : il est reconnu coupable et condamné à mort. Des cris fusent dans la salle, en particulier, ceux de Mathilde. Julien est alors ramené dans un cachot où il repense à sa vie. Mathilde interrompt cette rêverie le sommant, en compagnie de l’avocat, de faire appel. Mais il refuse catégoriquement.
À son réveil, Julien trouve Mme de Rênal pleurant. Il lui demande pardon. Elle le pardonne et le conjure de signer l’appel. S’ensuivent plusieurs visites : un prêtre imposteur, Mathilde qui lui explique que Valenod les a trahis, son cupide père qui lui demande de rembourser ses dettes… Navré, il est distrait par trois galériens qui lui racontent leurs vies. Julien réfléchit ensuite avec noirceur à la société et à la religion. Il s’avoue être follement amoureux de Mme de Rênal. Celle-ci vient le voir deux fois par jour, provoquant la jalousie de Mathilde, qui finit par s’écarter. Julien refuse toujours de faire appel et Mme de Rênal est désespérée de ne pouvoir le sauver : il lui demande de profiter pleinement de leurs derniers moments ensembles.
Julien est finalement exécuté. Fouqué est chargé d’emporter son corps pour l’enterrer dans la grotte où Julien s’était arrêté en venant le voir mais Mathilde, assouvissant son fantasme, s’empare de la tête de Julien, la couvre de baiser et l’emporte à la grotte pour l’enterrer elle-même. Quant à Mme de Rênal, elle meurt trois jours après l’exécution de Julien.
« Voilà, se disait-il, comme sont ces gens riches, ils humilient et croient ensuite pouvoir tout réparer, par quelques singeries ! »
Livre premier, chapitre 7« L’idée la plus utile aux tyrans est celle de Dieu. »
Livre second, chapitre 7« Un roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l’azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route. Et l’homme qui porte le miroir dans sa hotte sera par vous accusé d’être immoral ! Son miroir montre la fange, et vous accusez le miroir ! Accusez bien plutôt le grand chemin où est le bourbier, et plus encore l’inspecteur des routes qui laisse l’eau croupir et le bourbier se former. »
Livre second, chapitre 19« Qui s’excuse, s’accuse. »
Livre second, chapitre 34