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Mademoiselle de Maupin, Théophile Gautier
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Fiche de lecture

Contexte

Mademoiselle de Maupin est le premier roman de Théophile Gautier, publié en novembre 1835 en deux volumes (le premier datant de 1835, et le second de 1836).

Il semblerait que Gautier se soit inspiré d’un personnage réel : une cantatrice du XVIIe siècle en révolte contre la morale de son temps, qui, vêtue en cavalier, maniait les armes et se battait en duel. Un article de L’Artiste, que Gautier a certainement lu, lui fut consacré en 1831. Toutefois, Gautier n’a gardé de ce mythe Maupin que l’idée du déguisement et sa vie aventureuse et libre. Mademoiselle de Maupin tient une place importante parmi les œuvres romantiques de l’époque. Sa célèbre Préface, qui fit scandale, est significative dans l’histoire de la littérature. Considérée comme un manifeste de la théorie de « l’art pour l’art », Gautier y fustige les visions moralistes et utilitaires de la littérature. Il y proclame sa conception de l’art qui doit être indépendant et inutile, sa seule exigence étant de viser le beau : « Il n’y a de vraiment beau que ce qui ne peut servir à rien ; tout ce qui est utile est laid […]. » Avec un ton caustique et beaucoup d’ironie il prend ainsi nettement position contre l’esprit de son temps.

Cette théorie de « l’art pour l’art » annonce le mouvement littéraire du Parnasse, que Gautier a largement influencé.

Si Mademoiselle de Maupin scandalisa la critique classique et la presse bourgeoise, Balzac et Hugo en firent très tôt l’éloge, tandis que Baudelaire salua ce roman qu’il considéra comme un « hymne à la Beauté ».

Théophile Gautier

1835

Mademoiselle de Maupin

Genre

Roman

Personnages

D’Albert : D’Albert est un jeune dandy mélancolique de 22 ans. Atteint du « mal du siècle », D’Albert est condamné à la tristesse et à l’ennui. Il rêve constamment d’un idéal inaccessible qui lui fait mépriser la réalité toujours décevante et insatisfaisante. Il rencontre finalement son idéal de beauté féminine, la maîtresse idéale qu’il recherchait pour atténuer ses maux, sous les traits de Théodore. D’Albert se croit d’abord amoureux d’un homme avant de douter de son identité et de découvrir qu’il s’agit en fait de Madeleine de Maupin, travestie en cavalier.

Madeleine de Maupin / Théodore de Sérannes : Madeleine de Maupin est une jeune femme qui souhaite mieux connaître les hommes avant de s’abandonner à eux et de se marier. Pour ce faire, elle prend l’apparence d’un homme et se déguise en cavalier pour s’immiscer parmi eux et observer leur comportement lorsqu’ils ne sont pas en présence de femmes. Elle raconte les aventures qu’elle vit dans la peau de Théodore de Sérannes dans ses lettres à Graciosa. Rosette et D’Albert sont amoureux de ce cavalier qui est la parfaite incarnation de l’idéal de beauté de D’Albert. Madeleine finira par révéler son identité aux deux amants.

Rosette : Elle est la jeune femme en rose que D’Albert rencontre dans un salon au début du roman. Elle devient sa maîtresse, mais est parfaitement consciente que D’Albert ne l’aime pas vraiment. Elle est secrètement amoureuse de Théodore.

Alcibiade : C’est le frère de Rosette. Il invite Théodore chez lui pour rencontrer sa sœur. Il sera blessé dans un duel contre Théodore visant à venger l’honneur de sa sœur, que ce dernier ne veut pas épouser.

Isnabel / Ninon : Isnabel est le jeune page de Théodore âgé de 14 ou 15 ans. Il s’agit en fait de la jeune fille Ninon déguisée en page, que Madeleine de Maupin protège.

Silvio : Il est l’ami de D’Albert, son confident et le destinataire de ses lettres, dans lesquelles D’Albert se livre à une véritable introspection.

Graciosa : Elle est l’amie et confidente de Madeleine de Maupin, ainsi que la destinataire de ses lettres qui relatent ses aventures dans la peau d’un homme.

Thèmes

La mélancolie : D’Albert incarne la figure du dandy mélancolique, fréquente dans la littérature romantique et sous la plume de Gautier. Il est atteint du « mal du siècle », condamné à l’ennui, à la tristesse et à l’insatisfaction, méprisant la réalité, il tend sans cesse vers un idéal symbolisé par une beauté féminine. Même sa rencontre avec Rosette ne parvient pas à le détourner de ses chimères et de ses humeurs noires.

La beauté idéale : D’Albert rencontre l’incarnation de son idéal de beauté sous les traits de Théodore de Sérannes/Madeleine de Maupin. Pour D’Albert, l’idéal de beauté est donc celui qui présente à la fois des traits masculins et féminins : la beauté de l’hermaphrodite.

Le travestissement : Le thème du travestissement est central dans le roman. Madeleine de Maupin se travestit pour devenir le beau cavalier Théodore de Sérannes. Ninon est déguisée en Isnabel, le page de Théodore. Mais le thème est aussi important dans le chapitre XI où les protagonistes sont déguisés pour incarner les personnages de la pièce shakespearienne Comme il vous plaira. Le travestissement permet de révéler des vérités : Madeleine découvre les hommes sous leurs masques, D’Albert est convaincu que Théodore est une femme en le voyant déguisé en Rosalinde et son propre déguisement en Orlando lui permet d’avouer ses sentiments à Théodore par l’intermédiaire des répliques de la pièce jouée.

L’homosexualité : D’Albert croit être amoureux d’un homme, Théodore, tandis que Madeleine éprouve des sentiments troublants pour Rosette puis Ninon.

L’amour impossible : D’Albert et Rosette ne parviennent pas à être heureux ensemble. Rosette est désespérément amoureuse de Théodore, qui ne peut lui rendre son amour. Madeleine, déçue par les hommes et ne pouvant vivre de passion amoureuse avec une femme, est incapable de recevoir l’amour que lui vouent D’Albert et Rosette : « je ne pourrai jamais aimer complètement personne ni homme, ni femme ».

Résumé

Chapitre I

Le roman s’ouvre sur une lettre du jeune dandy mélancolique, D’Albert, répondant à son vieil ami Silvio qui se plaint de la rareté de ses lettres. D’Albert explique qu’il ne trouve pas matière à écrire des lettres puisque sa vie très monotone se résume à son ennui et à ses rêveries mélancoliques. La forme épistolaire permet au personnage de D’Albert de livrer ses sentiments intimes et de partager avec son ami son travail d’introspection mené pour identifier le mal qui l’habite : « Tout cela n’est pas fort intéressant, mon pauvre ami, et ne vaut guère la peine d’être écrit, n’est-ce pas ? Mais puisque tu veux absolument que je t’écrive, il faut bien que je te raconte ce que je pense et ce que je sens, et que je te fasse l’histoire de mes idées, à défaut d’événements et d’actions. »

Il cherche à comprendre l’origine de sa tristesse et son incessante insatisfaction face aux divertissements que lui offrent le monde et les hommes, dont il se désintéresse absolument. Les quelques plaisirs qu’il connaît, comme celui d’avoir un cheval qu’il désirait depuis longtemps, ne le divertissent qu’un temps avant de le lasser. Il exprime ensuite son désir de trouver une maîtresse, car il n’en a jamais eu et n’a jamais aimé de femme. Même s’il craint de se lasser de cette expérience comme il se lasse de tout le reste, il est animé par l’espoir de trouver une maîtresse qui serait l’incarnation de ses rêves, qui pourrait le satisfaire pleinement et le sortir de cet état : « J’ai assez rêvé ; à l’action maintenant ».

Chapitre II

Dans cette seconde lettre, D’Albert fait le récit de sa recherche de la femme avec laquelle il souhaite vivre le parfait amour. Dans un premier temps, il va de déception en déception, ne trouvant de femme assez belle pour être aimée. Il commence à douter et se laisse à nouveau aller au lyrisme et à la rêverie : « J’ai bien peur, mon cher ami, de ne pouvoir jamais embrasser mon idéal, et cependant il n’a rien d’extravagant et de hors nature ». D’Albert se décide ensuite à accepter l’invitation de son ami de C*** qui lui propose de le présenter dans une maison où l’on peut rencontrer de jolies femmes. D’Albert est d’abord assez mal à l’aise dans ce contexte, mais de C*** le conseille et lui désigne une jeune femme en rose qui, selon lui, conviendrait très bien à son ami. D’Albert, dont la curiosité a été attisée et qui est assez séduit par le physique de la jeune femme, prend la résolution d’en faire sa maîtresse.

Chapitre III

D’Albert confirme à Silvio être devenu l’amant de cette jeune femme en rose qu’il appelle Rosette. Il lui fait l’histoire de leurs amours. Il confie que cette relation lui fait beaucoup de bien : elle est la seule femme avec laquelle il soit parvenu à être vraiment lui et elle a le mérite d’arriver à la détourner de ses pensées chimériques. Mais D’Albert n’est pas pleinement satisfait et n’a pas véritablement l’impression d’avoir une maîtresse, peut-être parce qu’elle ne ressemble pas assez à la maîtresse rêvée… Malgré ses efforts, D’Albert ne parvient pas à se satisfaire du bonheur que lui offre Rosette : « Je suis toujours ce que j’étais, c’est-à-dire quelque chose de très ennuyé et de très ennuyeux, qui me déplaît fort ».

Chapitre IV

Cela fait cinq mois que D’Albert est l’amant de Rosette. Celle-ci s’est bien aperçue de la lassitude qu’éprouve D’Albert. Elle décide alors de l’amener à la campagne dans un vieux château. Mais bientôt D’Albert ne supporte plus leur tête-à-tête continuel. Pour distraire son amant, Rosette décide d’envoyer des invitations à ses connaissances du voisinage. Ils s’occupent alors des préparatifs.

Chapitre V

Dans le début de ce chapitre, D’Albert s’abandonne à nouveau à l’introspection : il exprime à la fois ses contradictions intimes, son regret de l’idéal abandonné, son amour exacerbé de la beauté et toutes ses rêveries mélancoliques qui le hantent et lui procurent le sentiment d’une éternelle solitude. Mais l’arrivée des invités de Rosette parvient à le détourner de ses « humeurs noires ». Il remarque surtout l’arrivée d’un jeune cavalier, accompagné d’un jeune page, dont la beauté le surprend : « Voilà donc enfin un des types de beauté que je rêvais réalisé et marchant devant moi ! Quel dommage que ce soit un homme, ou quel dommage que je ne sois pas une femme ! » Bien que Rosette lui ait réservé un accueil très chaleureux, D’Albert ne donne aucun signe de jalousie. Il se réjouit à l’idée de se lier d’amitié avec ce cavalier.

Chapitre VI

Dans ce chapitre, Gautier abandonne pour un temps la forme épistolaire pour nous dresser le tableau suivant : le jeune cavalier Théodore prend soin de son jeune page, qui s’est endormi, en lui ôtant ses bottines avant de lui donner quelques baisers sur les pieds. Cette scène d’une tendresse étonnante est interrompue par Rosette. On apprend qu’elle est amoureuse de lui depuis longtemps. Théodore tente de décourager l’amour que Rosette a pour lui en mentionnant son amant D’Albert. Mais Rosette assure que D’Albert n’est pas vraiment amoureux d’elle, et qu’elle a toujours été fidèle, « d’âme et de cœur », qu’à Théodore. Celui-ci reste réservé à l’écoute de cette déclaration d’amour, qui agite toutefois ses pensées avant qu’il ne parvienne à s’endormir.

Chapitre VII

Au début du chapitre, D’Albert et Théodore se retrouvent dans la chambre de Rosette, au pied de son lit, pour partager le plaisir de converser un moment. La journée se poursuit par une partie de chasse dans laquelle Théodore et Isnabel entraînent D’Albert et Rosette. Pendant leur course, Isnabel et Rosette font quelques preuves discrètes de leur attachement pour Théodore. Rosette et Isnabel se lancent alors quelques regards de jalousie, tandis que D’Albert ne s’aperçoit de rien. Au cours de la chasse, Isnabel tombe de cheval et s’évanouit. Alors que D’Albert et Théodore sont loin devant, Rosette s’arrête pour le secourir. Pour lui faire reprendre ses esprits, elle commence par défaire les boutons de son justaucorps et découvre une poitrine de jeune femme : Isnabel est une femme.

Chapitre VIII

Le chapitre VIII reprend la forme épistolaire. D’Albert confie à son ami Silvio la nouvelle passion qui l’habite : il aime Théodore, en qui il a trouvé la parfaite incarnation de son idéal de beauté. Il est bouleversé et déchiré entre le bonheur d’avoir rencontré son idéal et le sentiment d’être un monstre éprouvant une « passion insensée, coupable et odieuse » pour un homme.

Chapitre IX

Après l’examen plus approfondi de ses sentiments, D’Albert confirme avec plus de calme et de certitude son amour pour Théodore : « […] je rougis d’y penser et de l’écrire ; mais la chose, hélas ! n’est que trop certaine, j’aime ce jeune homme, non d’amitié, mais d’amour ; – oui, d’amour. » Cependant, à cause de l’excessive beauté de Théodore, qui emprunte certains traits à la féminité, D’Albert en vient à se persuader que Théodore est une femme déguisée en homme, et s’interroge sur les motifs de son travestissement.

Chapitre X

Laissant D’Albert déchiré entre le doute et le désir, Gautier apprend à son lecteur le véritable sexe de Théodore. Il donne à lire une lettre de Théodore grâce à laquelle le lecteur comprend qu’il est en fait Madeleine de Maupin. Dans sa lettre à son amie Graciosa, Madeleine explique son désir « d’étudier l’homme à fond » : avant de se marier, elle souhaitait connaître les hommes et leurs comportements lorsqu’ils ne sont pas en présence de femmes. C’est pourquoi Madeleine de Maupin a décidé de prendre l’apparence de Théodore de Sérannes pour s’immiscer parmi les hommes. Elle raconte à Graciosa sa rencontre avec un groupe de jeunes cavaliers dans une auberge de campagne. Après avoir passé la soirée avec eux, elle a pu constater le « parfait mépris pour la femme » dont ont témoigné ces hommes lorsque la conversation tournait autour de l’amour. Cette soirée lui en apprit beaucoup sur les hommes, et elle fut surprise de voir à quel point ils étaient différents de leurs masques : « ma surprise égalait mon dégoût ». Plus tard, elle dût partager son lit avec un de ces hommes ivres, ce qui éveilla des sensations étranges : elle fut tentée de lui dévoiler son identité.

Chapitre XI

Dans cette lettre, D’Albert reprend la plume pour partager avec Silvio des considérations multiples sur le théâtre, avant de lui expliquer qu’il a imaginé faire jouer aux invités de Rosette la pièce fantaisiste de Shakespeare Comme il vous plaira. Dans cette pièce, le personnage féminin de Rosalinde est presque toujours habillé en cavalier, sauf au premier acte. Rosette refuse de s’habiller en homme, c’est alors Théodore qui va interpréter Rosalinde. D’Albert se réjouit à l’idée de pouvoir admirer Théodore dans une toilette de femme. La répétition de la pièce est un succès et Théodore, déguisé en Rosalinde, éclipse toutes les femmes. Ce moment semble être vécu comme une révélation dans les yeux de Rosette. Tandis que certaines scènes de la pièce vont provoquer un trouble entre D’Albert et Théodore. En effet, le personnage d’Orlando est amoureux de Rosanlide qui va lui apparaître sous les traits d’un cavalier ; l’interprétation de la scène semble révéler des vérités sur la situation réelle des comédiens. Si bien que les scènes de tête-à-tête entre les deux amants permettent à D’Albert d’exprimer des sentiments qu’il éprouve réellement pour Théodore, par le biais des répliques que le personnage d’Orlando, qu’il incarne, adresse à Rosalinde. Madeleine-Théodore n’est pas indifférente à ce trouble. D’Albert, ne supportant plus de vivre dans le doute, se décide à écrire à Théodore une lettre qu’il dépose dans la chambre du jeune homme.

Chapitre XII

Madeleine de Maupin poursuit le récit de ses aventures à son amie Graciosia. Après le départ de l’auberge, un des cavaliers invite Madeleine/Théodore chez lui pour lui présenter sa sœur. Il s’agit en fait de Rosette qui tombe très vite amoureuse du beau Théodore. Pour garder parfaitement l’air d’un homme, ce dernier se risque à faire la cour à la jeune femme. Bientôt, des complications se présentent : si Madeleine/Théodore développe une profonde amitié pour Rosette, celle-ci nourrit une passion de plus en plus forte pour le cavalier et s’arrange pour provoquer des tête-à-tête pour le séduire. Lors d’une scène importante se déroulant dans une cabane rustique isolée, Rosette, égayée par un verre de vin, se rapproche de Théodore. La sensualité de ce moment trouble particulièrement Madeleine/Théodore, qui avoue ne pas savoir comment cela aurait pu finir si Alcibiaide, le frère de Rosette, n’avait brusquement ouvert la porte de la cabane.

Chapitre XIII

Ce chapitre donne à lire la lettre où D’Albert déclare à Théodore son amour, et décrit la naissance et l’évolution des sentiments qui le déchirent, entre le désir et le doute. Enfin, il le supplie de se dévoiler et rêve d’être aimé en retour.

Chapitre XIV

Une nouvelle lettre de Madeleine/Théodore explique à Graciosa comment, une nuit, Rosette, vêtue d’une mince chemise de nuit, s’est présentée à la porte de sa chambre. Après des reproches et des larmes, Rosette est tombée dans les bras de Théodore, qui se retrouvait dans une situation encore plus périlleuse que la précédente. La scène se termine, cette fois encore, par l’arrivée d’Alcibiade. Celui-ci provoque Théodore en duel pour venger l’honneur de sa sœur, à moins que Théodore n’accepte de l’épouser. Théodore préfère se battre ; il blesse Alcibiade, et s’enfuit à cheval.

Chapitre XV

Avant de poursuivre son récit, Madeleine confie à Graciosa quelques réflexions qui l’ont agitée après sa fuite du château de Rosette. Elle aimait beaucoup Rosette et regrette non seulement de lui avoir fait de la peine, mais aussi que leur amour soit impossible. Cette relation ambiguë, après la rencontre décevante des hommes à l’auberge, lui font presque regretter d’être une femme : « Oh ! Que de fois j’ai souhaité être véritablement un homme comme je le paraissais ! Que de femmes avec qui je me serais entendue, et dont le cœur aurait compris mon cœur ! »

Ses aventures se poursuivent avec la rencontre d’une petite fille de quinze ans qu’elle va emmener avec elle, avec l’accord de sa mère, pour la soustraire aux assiduités d’un homme débauché. La petite fille croit que Théodore est un homme et, toute innocente, s’imagine qu’elle est sa maîtresse. La tendresse presque maternelle que Madeleine/Théodore lui témoigne finit de persuader la jeune fille sur ce point. Madeleine/Théodore s’attache très vite à cette jeune fille, nommée Ninon, qu’elle se fait un plaisir de dérober aux hommes et qu’elle veut protéger. Peu à peu, les sentiments de Madeleine/Théodore deviennent confus : « Je perdais insensiblement l’idée de mon sexe, et je me souvenais à peine, de loin en loin, que j’étais une femme […]. »

On apprend ensuite que Rosette, ayant retrouvé la trace de Théodore, le supplie de revenir. Théodore/Madeleine se rend alors au château de Rosette accompagné de Ninon, costumée en page, et prenant le nom d’Isnabel. Théodore/Madeleine raconte son arrivée au château et en particulier sa rencontre avec D’Albert pour lequel, sans l’aimer, elle confie avoir un penchant. Souhaitant « savoir ce que c’est qu’un homme, et le plaisir qu’il donne », Madeleine décide de se donner à D’Albert. Elle souhaite également rendre visite à Rosette pour lui révéler son identité afin qu’elle sache que si elle ne lui retourne pas son amour, ce n’est pas par froideur ou dégoût.

Chapitre XVI

D’Albert a déposé sa lettre chez Théodore depuis quinze jours. Un soir, Madeleine se présente enfin à D’Albert pour lui révéler son identité dans le costume de Rosalinde qui ne cache rien de ses formes de femme. D’Albert contemple longtemps Madeleine comme une statue : « cette fois la réalité fut au-dessus de son rêve ». Après avoir passé une longue nuit d’amour ensemble, Madeleine rejoint Rosette, au petit matin, pour se dévoiler à elle aussi. Une femme de chambre de Rosette confie à l’auteur que bien que sa maîtresse n’eût pas couché avec son amant cette nuit-là, le lit « portait l’empreinte de deux corps », et deux perles semblables à celles du costume de Rosalinde, porté par Théodore, y ont été retrouvées.

Chapitre XVII

Le roman se conclut par une lettre que D’Albert reçut quelques jours plus tard de la part de Madeleine de Maupin. Celle-ci a disparu avec son page. Elle explique alors à D’Albert les raisons de son départ : ne souhaitant pas s’abandonner à une passion amoureuse dont ils se lasseraient tôt ou tard, elle préfère garder et laisser le souvenir de cette nuit d’amour, pour rester un objet de désir aux yeux de D’Albert. Elle termine sa lettre en demandant à D’Albert de consoler Rosette et souhaite qu’ils s’aiment : « Aimez-vous bien tous deux en souvenir de moi, que vous avez aimée l’un et l’autre, et dites-vous quelquefois mon nom dans un baiser. »

Citation

« […] je suis un imbécile, un idiot, un véritable oison, qui ne sais me contenter de rien et qui vais toujours chercher midi à quatorze heures ; et, au lieu d’être tout à fait heureux, je ne le suis qu’à moitié ; - à moitié, c’est déjà beaucoup pour ce monde-ci, et cependant je trouve que ce n’est pas assez. »

Chapitre III

« C’est une lacune que nous laissons à remplir au lecteur, et dont il s’acquittera assurément mieux que nous ; qu’il imagine à cette place cinq ou six pages remplies de tout ce qu’il y a de plus fin, de plus capricieux, de plus curieusement fantasque, de plus élégant et de plus pailleté. »

Chapitre VII

« Cela est ainsi. – J’aime un homme, Silvio. – J’ai cherché longtemps à me faire illusion ; j’ai donné un nom différent au sentiment que j’éprouvais, je l’ai vêtu de l’habit d’une amitié pure et désintéressée […]. Il n’y a pas à se le cacher : je me suis bien examiné, […] j’ai fouillé mon âme dans tous les sens avec cette sûreté que donne l’habitude d’étudier sur soi-même ; je rougis d’y penser et de l’écrire ; mais la chose, hélas ! n’est que trop certaine, j’aime ce jeune homme, non d’amitié, mais d’amour ; — oui, d’amour. »

Chapitre IX

« Le jeune enthousiaste de la beauté ne pouvait rassasier ses yeux d’un pareil spectacle : nous devons dire, à la louange immense de Rosalinde, que cette fois la réalité fut au-dessus de son rêve, et qu’il n’éprouva pas la plus légère déception.

Tout était réuni dans le beau corps qui posait devant lui : – délicatesse et force, forme et couleur, les lignes d’une statue grecque du meilleur temps et le ton d’un Titien. – Il voyait là, palpable et cristallisée, la nuageuse chimère qu’il avait tant de fois vainement essayé d’arrêter dans son vol […]. »

Chapitre XVI