Fiche de lecture
Méditations poétiques, Alphonse de Lamartine
Contexte

En 1820, Lamartine est au plus mal. Après le décès de ses parents, il hérite de leur fortune et choisit de la partager avec ses sœurs, sous forme de rente. Il est alors pris de « langueur » (dépression) et fait une cure à Aix-les-Bains. Là bas, il rencontrera Julie Charles. Épouse de Jacques Charles et plus âgée que lui de six ans, cela n’empêche pas les deux jeunes gens de tomber amoureux l’un de l’autre et d’entretenir une relation pendant environ un an. Mais Julie est atteinte de phtisie (une forme de tuberculose) et la maladie aura finalement raison d’elle en 1817. C’est à partir de là que le futur recueil va prendre forme.

Lamartine va, dès lors, s’atteler à la rédaction de ce qui sera considéré comme une œuvre majeure de la poésie française du XIXe siècle. Il s’agit de son premier ouvrage publié, et il obtiendra un grand retentissement.

Thèmes

Le deuil : Il s’agit de la grande thématique du recueil. La perte de son amante est au cœur du recueil, de nombreux textes s’y réfèrent comme « L’Invocation », « Isolement ». Les relations amoureuses évoquées dans le recueil se terminent presque toutes de manière tragique, l’ombre de la perte plane toujours sur elles.
L’enfance et la nostalgie : Évoquées dès la préface, l’enfance et la nostalgie sont deux éléments indissociables de l’ouvrage. L’enfance est perçue comme un âge d’or, un lieu où se réfugier (« Le Vallon »).
La nature et la poésie : Le plus grand poète est la nature, telle est la conviction de Lamartine. Il en fait donc l’éloge au travers de certaines pièces, dont « Le Lac ». Le poète n’est là que pour contempler et tenter de reproduire humblement les merveilles de la Création, parfaite car divine. Le poète est donc en somme un apôtre de la parole divine.
Le divin : Lamartine est croyant, il n’a de cesse de percevoir l’influence de Dieu dans tout ce qui l’entoure. Il évoque donc souvent la figure divine comme dans « La Providence » faite à l’Homme. « La Prière » illustre l’humilité de l’homme face aux desseins du créateur. « La Foi », « Dieu », sont autant de titres parlants sur le sujet.
Le romantisme : En grand romantique, Lamartine se doit de faire des émotions des éléments centraux de son travail, avec « L’Enthousiasme », par exemple, ou « La Gloire ». Il faut livrer son monde intérieur, car le poète est prisonnier de celui-ci et doit donc en faire un palais où la passion transcende la douleur. Sa filiation romantique est dévoilée dès le deuxième poème, « L’Homme », dédié à lord Byron.

Résumé

Les Médiations Poétiques est composé de 24 poèmes dans son édition initiale. Il sera augmenté de 17 nouvelles pièces en 1849, soit un total de 41 poèmes.

Il a été réalisé dans un contexte de deuil de sa relation passionnée avec Julie Charles et reflète donc son état d’esprit du moment. Dans une longue préface, Lamartine détaille sa vie et ce qui l’a amené à devenir poète. Les sujets sont variés, et on retrouve une forte dimension romantique dans ses écrits, qui forceront l’admiration de Victor Hugo et Charles Nodier.

Citation

« Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ! »

« L’Isolement »
« Ah ! si jamais ton luth, amolli par tes pleurs,
Soupirait sous tes doigts l’hymne de tes douleurs,
Ou si, du sein profond des ombres éternelles,
Comme un ange tombé tu secouais tes ailes,
Et, prenant vers le jour un lumineux essor »

« L’Homme »
« C’est le secret de Dieu, je me tais et l’adore !
C’est sa main qui traça les sentiers de l’aurore,
Qui pesa l’Océan, qui suspendit les cieux !
Pour lui, l’abîme est nu, l’enfer même est sans voiles !
Il a fondé la terre et semé les étoiles !
Et qui suis-je à ses yeux ? »

« La Poésie sacrée »
« Dieu ! que les airs sont doux ! Que la lumière est pure !
Tu règnes en vainqueur sur toute la nature,
Ô soleil ! et des cieux, où ton char est porté,
Tu lui verses la vie et la fécondité !
Le jour où, séparant la nuit de la lumière,
L’éternel te lança dans ta vaste carrière,
L’univers tout entier te reconnut pour roi ;
Et l’homme, en t’adorant, s’inclina devant toi !
De ce jour, poursuivant ta carrière enflammée,
Tu décris sans repos ta route accoutumée ;
L’éclat de tes rayons ne s’est point affaibli,
Et sous la main des temps ton front n’a point pâli ! »

« Hymne au Soleil »