Après deux tragédies romaines, Horace et Cinna, Corneille surprend son public avec une pièce d’inspiration chrétienne, Polyeucte. Il ose porter à la scène un sujet sacré qu’il a emprunté à un auteur d’un ouvrage intitulé Vies de saints du Xe siècle.
Polyeucte : Polyeucte est un seigneur arménien qui a épousé Pauline. Félix : Félix est un sénateur romain, gouverneur d’Arménie, père de Pauline. Pauline : Pauline est la fille de Félix et l’épouse de Polyeucte. Sévère : Sévère est un chevalier romain, ancien amant de Pauline. Néarque : Néarque est un seigneur arménien, ami chrétien de Polyeucte.
Un saint comme héros : Polyeucte est le héros éponyme de la pièce. L’idéal qui le guide est l’accomplissement le plus haut pour un chrétien : la sainteté et le martyre. Un idéal non pas surhumain ni inhumain, mais plus qu’humain. Sa grandeur d’âme se communique à ceux qui l’entourent : par son martyre, il obtient la conversion de sa femme Pauline et même de Félix son bourreau. Le conflit cornélien : Sur le chemin de la grandeur, le héros rencontre des obstacles qu’il doit surmonter pour se réaliser pleinement. De ces obstacles qui obligent le héros à choisir naît une crise morale douloureuse et émouvante, qui lui donne l’occasion de se dépasser. Ainsi Polyeucte doit repousser la tentation de l’instinct de conservation et de la peur, mais aussi celle de l’amour humain. Il doit prier pour avoir le courage de résister à Pauline. L’amour cornélien : Le sentiment de l’honneur règle la conduite des héros cornéliens, mais il est impuissant à arracher l’amour de leur cœur. Pauline est la plus fidèle des épouses, mais elle chérit la mémoire de Sévère qu’elle croit mort. Lorsqu’il paraît, elle lui avoue qu’elle l’aime encore, sans toutefois lui laisser aucun espoir. Elle peut se permettre cet aveu parce qu’elle est sûre de ne pas faiblir. Sa raison l’a soumise à la volonté de son père : elle a épousé Polyeucte. Mais son amour pour Polyeucte grandit à mesure qu’elle voit la foi de celui-ci grandir et l’éloigner d’elle. Polyeucte, lui, est contraint de considérer comme un obstacle à son bien cette Pauline qu’il aime « beaucoup moins que [son] Dieu, mais bien plus que [lui]-même » (Acte IV scène 3).
L’action se déroule en Arménie sous l’Empire romain, à l’époque de la persécution des chrétiens. Polyeucte, noble arménien, s’est converti au christianisme, au grand désespoir de sa femme Pauline et de son beau-père Félix. Malgré leurs supplications, il refuse de renier sa nouvelle religion et accepte le martyre. Après sa mort, entrainés par son exemple, Pauline et Félix deviennent, à leur tour, chrétiens.
Acte I
Acte I
Polyeucte souhaite recevoir le baptême mais son épouse Pauline s’y oppose. Celle-ci a rêvé que son mari mourait et que son ancien amant, un Romain nommé Sévère, revenait, alors qu’il est mort (raison pour laquelle elle ne l’a pas épousé lui, mais Polyeucte). Elle apprend justement à la fin de ce premier acte que Sévère n’est pas mort, qu’il est dans la ville et désire la voir.
Acte II
Acte II
Pauline apprend à Sévère son mariage avec Polyeucte et affirme vouloir privilégier son honneur à ses sentiments, et donc ne plus revoir son ancien amant. Quant à Polyeucte, tout juste baptisé, il souhaite désormais devenir un martyre.
Acte III
Acte III
Polyeucte et son ami Néarque ont profané des symboles païens. Félix, le père de Pauline, condamne Néarque à mort et laisse une seconde chance au mari de sa fille, mais celui-ci refuse de se repentir.
Acte IV
Acte IV
Ni Félix ni Pauline ne parviennent à convaincre Polyeucte, qui est emprisonné, de renoncer à sa conversion. Celui-ci demande même à Sévère d’épouser Pauline après sa mort. La jeune femme s’oppose à cette idée.
Acte V
Acte V
Malgré les supplications de son épouse et de son beau-père, Polyeucte ne cède pas. Il est exécuté. Suite à son martyre, Pauline et Félix se convertissent à leur tour, l’un après l’autre, et veulent mourir. Mais Sévère, qui souhaite désormais protéger les chrétiens, leur laisse la vie sauve.
« PAULINE
Ma raison, il est vrai, dompte mes sentiments,
Mais quelque autorité que sur eux elle ait prise,
Elle n’y règne pas, elle les tyrannise. »
Acte II, scène 2
« POLYEUCTE
Si mourir pour son prince est un illustre sort,
Quand on meurt pour son Dieu, quelle sera la mort ! »
Acte IV, scène 3
« POLYEUCTE
Elle a trop de vertus pour n’être pas chrétienne. »
Acte IV, scène 3
« PAULINE
Je vois, je sais, je crois, je suis désabusée. »
Acte V, scène 5