Terre des hommes est le troisième livre d’Antoine de Saint-Exupéry, publié en 1939. Sa vie de pilote et les reportages qu’il fournit aux journaux participent à la matière de cet ouvrage, qui est un recueil d’essais autobiographiques plus qu’un roman.
Le livre a été élu Grand Prix du roman de l’Académie française. Ce prix salue la pensée humaniste et visionnaire de l’auteur.
Antoine de Saint-Exupéry : C’est l’auteur, le narrateur du livre, et le personnage principal. Le récit parcourt sa vie de ses vingt-six ans à ses trente-cinq ans. Engagé comme aviateur dans l’Aéropostale, il doit assurer le transport du courrier. Antoine se révèle un homme responsable a à cœur d’accomplir ses devoirs. Il rêve et médite sur la Terre et l’Homme, observant les régions qu’il survole. Optimiste, il a beaucoup d’amis. Il est à la fois calme, réfléchi et téméraire, et apprend à analyser et à apprécier ce qu’il voit. Le prévôt : Il est mécanicien dans l’aéropostale. Ils affrontent ensemble le désert de Libye. Il est plutôt impulsif. Henri Guillaumet : Il a le même métier qu’Antoine et il ne vit que pour l’aviation. C’est lui qui apprend les grandes bases du vol à Antoine de Saint-Exupéry. Il est aussi son ami. C’est un homme calme et réfléchi, qui possède le sens de l’honneur et des responsabilités. Il a un accident important dans les Andes. Mermoz : Il est du même âge et du même métier que ses amis, Antoine et Henri. C’est le fondateur de la ligne Casablanca-Dakar à l’aéropostale. C’est un homme joyeux et bavard. Néri : C’est un jeune mécanicien calme et timide, ami d’Antoine.
L’action : La tonalité épique du récit évoque l’importance donnée à l’action. Celle-ci est liée à la responsabilité de l’homme. Les actions des personnages sont tournées vers quelque chose qui les dépasse mais qui participe à leur grandeur. L’avion : C’est un outil qui permet à l’homme de faire de remarquables découvertes, d’apprendre sur lui-même et sur le monde. Il permet, au moyen d’une lutte céleste, de confronter l’homme à la survie et de le pousser à des méditations qu’il n’aurait jusqu’alors pas approché. L’avion est aussi un outil de civilisation. Humaniste, Saint-Exupéry voit dans l’avion « un trait d’union entre les êtres humains ». Le désert : Il est présenté comme un endroit magique et silencieux, fait d’étendues lisses et vides qui contraignent à la solitude. Ce lieu est riche uniquement de ce que les hommes y amènent. C’est un endroit qui permet la découverte de soi et de la vérité. L’insoumission des tribus Maures est un exemple. La morale humaniste : L’ensemble du roman est une réflexion sur l’Homme. Saint-Exupéry partage une morale profondément humaniste. L’Homme est avant tout un être responsable et la responsabilité, c’est avant tout la compassion pour l’être faible, la honte devant la misère humaine. C’est aussi l’esprit d’équipe, la fraternité entre camarades, l’appartenance à une grande communauté qui s’oppose à l’individualisme de notre société. C’est la volonté d’apporter soi-même sa pierre à la « construction d’un édifice qui nous dépasse par son universalité ».
Terre des hommes raconte les exploits des pilotes de l’aéropostale et des épisodes de la vie d’aviateur de Saint-Exupéry entre 1926 et 1935. Dans cet ouvrage, la trame narrative est plutôt décousue et consiste en une accumulation de multiples tableaux, qui peignent des portraits, narrent de nombreuses aventures, décrivent les paysages… Les réflexions d’Antoine de Saint-Exupéry, et la morale humaniste qu’il développe, offrent une certaine unité au roman.
Chapitre I : La ligne
Chapitre I : La ligne
Saint-Exupéry relate les exploits des anciens de l’aviation, et partage son enthousiasme et la foi qu’il a eu moment de s’engager comme pilote.
Chapitre II : Les camarades
Chapitre II : Les camarades
Mermoz et Guillaumet, pilotes et amis de Saint-Exupéry, sont loués par ce dernier. L’auteur raconte alors les exploits de Mermoz et la survie extraordinaire de Guillaumet après un crash dans les Andes. Le métier de pilote est considéré comme sacré. L’homme pilote doit être un homme de responsabilité, car il doit être à l’écoute des autres : il doit se sentir aussi honteux pour une défaite dont il ne dépend pas que victorieux pour une réussite de ses camarades.
Saint-Exupéry rassure également sur la peur de l’inconnu que peuvent connaître certains hommes. Pour lui, dès que l’inconnu est survolé ou nommé, c’est qu’il n’est déjà plus inconnu.
Chapitre III : L’avion
Chapitre III : L’avion
L’avion est présenté comme un symbole de recherche de perfection technologique. Il est l’« instrument savant », cet outil incroyable, perfectionné et puissant.
Chapitre IV : L’avion et la planète
Chapitre IV : L’avion et la planète
Le vol permet l’observation des paysages et des répartitions géographiques, et développe, par le même biais, une méditation sur la condition humaine. Saint-Exupéry finit aussi par se souvenir du paradis de son enfance, d’un parc, d’une vieille maison, des jeux et de cet espace clos « où les pas avaient un goût, où les choses avaient un sens qui n’étaient permis dans aucune autre ».
Chapitre V : Oasis
Chapitre V : Oasis
Ce chapitre évoque l’atterrissage forcé au Paraguay et une « apparition mystérieuse », celle de deux jeunes filles perçues comme enchanteresses. Le chapitre évoque plus profondément la relation qu’entretient l’homme avec la nature. La famille argentine rencontrée et décrite par Saint-Exupéry souligne cette tradition qui persiste encore mais qui tend à disparaître. La famille vit dans une maison ancienne entourée d’animaux sauvages.
Chapitre VI : Dans le désert
Chapitre VI : Dans le désert
C’est la description d’une nature hostile qui conduit à une solitude immense. Le désert oblige l’homme à une longue marche. La solitude offre alors, selon le pilote, les vraies richesses des méditations.
À ce moment, Saint-Exupéry engage des réflexions sur le Dieu de l’islam, sur l’esclavage, les relations humaines et sur la mort.
Chapitre VII : Au centre du désert
Chapitre VII : Au centre du désert
L’avion s’écrase en 1935, lors d’un raid vers l’Indochine. L’équipage organise sa survie. Menacé par la soif, les conditions deviennent extrêmement difficiles, mais l’apparition d’un bédouin les sauve. Saint-Exupéry porte en même temps une réflexion sur la liberté de l’homme et l’illusion de celle-ci, criante lorsque l’homme se sent attaché au cou par la corde fragile qui le tire vers la mort.
Chapitre VIII : Les hommes
Chapitre VIII : Les hommes
Pour Saint-Exupéry, se perdre dans le désert, c’est affronter la vérité, celle d’un milieu naturel et d’une communauté.
C’est aussi ce qui lui permet de comprendre toute l’injustice des hommes et de la société lorsqu’il rentre. Lors d’un voyage en train, il voit des ouvriers polonais et un enfant congédiés de France. Face à cette misère, Saint-Exupéry se sent révolté.
« Être homme, c’est précisément être responsable. C’est connaître la honte en face d’une misère qui ne semblait pas dépendre de soi. C’est être fier d’une victoire que les camarades ont remportée. C’est sentir, en posant sa pierre, que l’on contribue à bâtir le monde. »
Chapitre II, « Les camarades »« J’aimais, au Paraguay, cette herbe ironique qui montre le nez entre les pavés de la capitale, qui, de la part de la forêt vierge invisible, mais présente, vient voir si les hommes tiennent toujours la ville, si l’heure n’est pas venue de bousculer un peu toutes ces pierres. »
Chapitre V, « Oasis »« Je ne comprends plus ces populations des trains de banlieues, ces hommes qui se croient des hommes, et qui cependant sont réduits, par une pression qu’ils ne sentent pas, comme les fourmis, à l’usage qui en est fait. De quoi remplissent-ils, quand ils sont libres, leurs absurdes petits dimanches ? »
Chapitre VI, « Dans le désert »« […] l’expérience nous montre qu’aimer, ce n’est point nous regarder l’un l’autre mais regarder ensemble dans la même direction. »
Chapitre VIII, « Les hommes »