Exercices 1989, une année de bouleversement géopolitique et économique
Prépare-toi à progresser en Histoire avec ces exercices niveau Terminale : "1989, une année de bouleversement géopolitique et économique". Conçu pour renforcer les notions clés vues en cours, cet entraînement te permet de t’exercer à ton rythme. Idéal pour réviser efficacement et gagner en confiance. À toi de jouer !
Entrainement
Évaluation
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Introduction du dossier :
Si la chute du mur de Berlin apparaît comme l’évènement de l’année 1989 porteur d’espoir pour la liberté des peuples, la répression de la place Tien An Men contre les étudiants chinois est tout au contraire un évènement dramatique qui bloque l’évolution des droits de l’homme en Chine. L’année 1989 est donc une année de rupture idéologique et politique complexe.
Document 1 : L’année 1989 : le point de non-retour
Hobsbawm définit dans son ouvrage les limites de ce qu’il appelle « le court XXe siècle ». D’après lui, une ère de l’histoire mondiale s’achève à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Il l’interprète comme un véritable tournant historique. L’année 1989 apparaît comme une année charnière marquant la fin d’un siècle qui aurait commencé avec la Première Guerre mondiale et la Révolution russe et prendrait fin avec l’effondrement du communisme en URSS et en Europe de l’Est.
« Le point de non-retour fut atteint dans le second semestre de 1989, bicentenaire de la Révolution française […]. Entre août 1989 et la fin de l’année, le pouvoir communiste abdiqua ou cessa d’exister en Pologne, en Tchécoslovaquie, en Hongrie, en Roumanie, en Bulgarie et en République démocratique allemande – et ce sans un seul coup de feu sauf en Roumanie. Peu après, les deux États des Balkans qui n’étaient pas des satellites soviétiques, la Yougoslavie et l’Albanie, cessèrent à leur tour d’être des régimes communistes. La RDA allait bientôt être annexée à la République fédérale d’Allemagne, et la Yougoslavie se disloquer dans la guerre civile. […] De l’URSS, le mouvement de libéralisation et de démocratie se propagea à la Chine. […] La troupe dispersa une immense manifestation d’étudiants sur la principale place de la capitale : le bilan fut très lourd – probablement plusieurs centaines de morts, bien qu’on n’ait encore aucun chiffre fiable. Le massacre de la place Tien An Men horrifia l’opinion publique occidentale, et le parti communiste chinois y perdit sans conteste le peu de légitimité qu’il pouvait encore conserver auprès des jeunes générations d’intellectuels chinois, y compris parmi les membres du Parti. En revanche, il put poursuivre sans problèmes politiques immédiats sa politique féconde de libéralisation économique. L’effondrement du communisme après 1989 resta donc limité à l’URSS et aux États de son orbite. »
Eric J. Hobsbawm, L’Age des extrêmes. Histoire du court XXe siècle, édition Complexe, 1999, pp. 627-628
Document 2 : L’analyse de la fin du bloc de l’Est et du triomphe de la démocratie
Francis Fukuyama, philosophe et politologue américain, publie en 1989 un article intitulé « La fin de l’Histoire ? ». Il approfondit sa thèse dans un livre paru en 1992 : La fin de l’histoire et le dernier homme. Sa réflexion porte sur les nouveaux rapports de force géopolitiques accompagnant la chute du communisme entre 1989 (la chute du mur de Berlin) et 1991 (la fin de l’URSS). Conscient que ces évènements entraînent des changements radicaux, il envisage alors un possible consensus à l’échelle mondiale autour du modèle de la démocratie libérale.
« En guise d’introduction, le présent ouvrage a pour origine un article intitulé “La fin de l’Histoire ?”, publié dans la revue The National Interest pendant l’été 1989. Dans cet article, j’avançais l’idée suivante : un consensus assez remarquable semblait apparu ces dernières années concernant la démocratie libérale comme système de gouvernement, puisqu’elle avait triomphé des idéologies rivales – monarchie héréditaire, fascisme et, tout récemment, communisme. Je suggérais en outre que la démocratie libérale pourrait bien constituer le “point final de l’évolution idéologique de l’humanité” et la “forme finale de tout gouvernement humain”, donc être en tant que telle la “fin de l’Histoire”. […] L’article original suscita une masse extraordinaire de commentaires et de controverses […]. Nombre de gens furent induits en erreur de prime abord par mon utilisation du mot “histoire” : prenant ce mot au sens conventionnel d’événements qui arrivent, certains relevaient la chute du mur de Berlin, le massacre de la place Tien An Men ou l’invasion du Koweït par l’Irak comme témoignages que “l’histoire continuait” et que j’étais ipso facto dans l’erreur. Pourtant, ce dont je suggérais la fin n’était évidemment pas l’histoire comme succession d’événements, mais l’Histoire, c’est-à-dire un processus simple et cohérent d’évolution qui prenait en compte l’expérience de tous les peuples en même temps. […] Est-il raisonnable pour nous, en cette fin de XXe siècle, de continuer à parler d’une histoire de l’humanité cohérente et orientée, qui finira par conduire la plus grande partie de l’humanité vers la démocratie libérale ? La réponse à laquelle j’arrive est positive […]. »
Francis Fukuyama, La fin de l’histoire et le dernier homme, Flammarion, Paris, 1992, pp. 11-14
Document 3 : La répression de la place Tien An Men
En Chine, Deng Xiao Ping, principale dirigeant chinois de 1978 à 1992, lance des réformes économiques. Il initie un « socialisme de marché » et, pour restaurer les mécanismes de marché, il mène la politique des « Quatre Modernisations » (agriculture, industrie, science et technologie, défense nationale). Dans un contexte d’essor économique, la jeunesse et les intellectuels réclament la « cinquième modernisation » : davantage de libertés politiques. C’est « le printemps de Pékin ». Les étudiants qui manifestent pacifiquement sur la place Tien An Men sont violemment réprimés le 4 juin 1989. On ne connaît pas le nombre exact de victimes mais on parle de centaines de morts. De nombreux dissidents sont emprisonnés ou contraints à l’exil.
Document 4 : La dislocation du bloc de l’Est
En une année, les démocraties populaires d’Europe de l’Est sortent progressivement du communisme. L’URSS de Mikhaïl Gorbatchev se concentre sur ses priorités. En politique intérieure, ses préoccupations reposent sur le succès des réformes engagées :
- la Perestroïka (« restructuration » en russe) qui désigne les réformes économiques pour mettre en place une économie de marché ;
- la Glasnost (« transparence » en russe) qui désigne les réformes politique prônant la liberté d’expression). En politique extérieure, son objectif premier est de normaliser les relations avec le bloc occidental et de mettre fin à la guerre froide. L’URSS n’intervient donc pas et incite fortement les pays d’Europe de l’Est à se réformer.
Document 5 : La « révolution de velours »
La « révolution de velours » se déroule en Tchécoslovaquie du 16 novembre au 29 décembre 1989. L’expression « révolution de velours » renvoie au fait qu’aucune goutte de sang n’a été versée pour faire tomber le régime communiste. Le 10 décembre, le premier gouvernement non-communiste depuis 1948 est mis en place.
Václav Havel appartenait à l’opposition intellectuel tchécoslovaque. Il a été emprisonné en tant que dissident à cause de ses écrits. Il joue un rôle majeur dans la « révolution de velours ». Le 29 décembre, Václav Havel est élu président.Document 6 : La chute du mur de Berlin
La chute du mur de Berlin apparaît comme un évènement accélérateur du cours de l’histoire. Cet évènement représente à l’échelle mondiale le symbole de la fin de la guerre froide ; à l’échelle européenne, il est le symbole de la disparition inéluctable du rideau de fer avec la fin de l’Europe communiste ; enfin, à l’échelle allemande, la chute du mur permet d’envisager la réunification allemande, de la ville de Berlin et du pays tout entier. Dès l’ouverture du mur, le chancelier ouest-allemand Kohl propose un plan en dix points pour la réunification. Un an plus tard, en octobre 1990, le processus de réunification est achevé. Berlin redevient la capitale de l’Allemagne réunifiée. La RDA disparaît, elle est absorbée par la RFA. La réunification transforme l’ex-RDA en cinq Länder (nom donné aux différents États de l’Allemagne fédérale).
« Il faut également se souvenir de l’émotion de Willy Brandt et des huées contre le chancelier Kohl pour comprendre d’emblée la présence des émotions et passions caractéristiques de la présence d’une mémoire collective. “Aujourd’hui, nous sommes le peuple le plus heureux de la terre”, déclare le bourgmestre de Berlin, Walter Momper (SPD), devant les vingt mille Berlinois réunis devant l’hôtel de ville de Schöneberg. Il reçut une ovation lorsqu’il prononça cette phrase simple, venue du cœur, qui correspondait au sentiment partagé par tous les Berlinois, de l’Est comme de l’Ouest. À ses côtés, Willy Brandt, ancien chancelier, ancien bourgmestre de Berlin, sut donner des accents d’émotion à sa voix caverneuse, dont le son très caractéristique a accompagné les jours douloureux de l’histoire de la ville : “Berlin va vivre et le mur va tomber !” s’est-il écrié sous les acclamations. Le ministre des Affaires étrangères, Hans Dietrich Genscher, également fort applaudi, s’exprima dans le même sens. […] La veille, avant de quitter Varsovie, le chancelier (Kohl) avait déclaré : “Face à une situation exceptionnelle, il faut prendre des mesures exceptionnelles”. »
Laurent Fleury, « Habermas et la chute du Mur de Berlin. La “révolution de rattrapage” et l'aliénation de la démocratie », Tumultes, 2009/1-2 (n° 32-33), p. 79-141
QUESTION
Que signifie le titre de l’article « La fin de l’Histoire ? » pour Fukuyama ? Pourquoi met-il un point d’interrogation à son titre ? (doc. 2)