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Des instabilités démocratiques persistantes au XXIe siècle
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Introduction :
Le XXIe siècle marque la montée en puissance d’États émergents tels que les BRICS. Pourtant, les instabilités démocratiques persistent toujours : le développement de ces pays est ralenti par diverses problématiques, à la fois sociétales, économiques et politiques. Par ailleurs, dans certains États démocratiques, des mouvements sociaux remettent en cause le gouvernement.
Mais alors à quels enjeux les démocraties contemporaines sont-elles confrontées ? Nous verrons dans un premier temps le développement compliqué des principes démocratiques dans un monde multipolaire. Dans un second temps, nous étudierons la fragilisation des droits fondamentaux dans le monde.
Un développement compliqué des principes démocratiques dans un monde désormais multipolaire
La démocratisation difficile des pays émergents
Les pays émergents appartiennent à une catégorie située entre les pays développés et les pays les moins avancés (PMA).
Pays émergents :
Ils sont caractérisés par un fort potentiel économique et une activité industrielle soutenue, accueillant fréquemment les délocalisations d’entreprises de pays développés, mais le niveau de développement de la population reste encore inférieur à celui des pays riches. Ils comprennent notamment les pays d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale et le Maghreb mais, parmi eux, les BRICS sont les plus puissants.
Pays les moins avancés :
Le terme PMA (pays les moins avancés) désigne la quarantaine de pays les plus pauvres du monde. L’ONU prend en compte, pour les classer, le revenu par habitant, l’industrialisation et le taux d’alphabétisation.
Dans les pays émergents, les écarts de richesses au sein de la population demeurent importants, mais l’émergence d’une classe moyenne est le signe d’une augmentation générale du niveau de vie. Le PIB annuel moyen par habitant s’y situe entre 13 000 et 23 000 euros environ. Le développement humain et les infrastructures sanitaires progressent peu à peu.
Bien que majoritairement situés en Afrique subsaharienne (Sénégal, Rwanda, Somalie), il existe des PMA en Asie (Bangladesh, Cambodge). Haïti est le seul PMA du continent américain. Les inégalités de richesses y sont très élevées et les ressources naturelles sont contrôlées par une infime minorité de dirigeants, qui confisquent souvent à leur profit l’aide internationale au développement.
La situation économique dans ces pays est donc extrêmement tendue, gangrenée par la corruption, l’inflation et une pauvreté extrême pouvant atteindre 80 % de la population, comme au Soudan du Sud.
Parmi les pays émergents, les BRICS sont les plus puissants, mais voient leur transition démocratique freinée par :
Certains pays émergents sont sortis de la catégorie des PMA en même temps que d’un régime autoritaire, comme le Zimbabwe (dirigé de 1987 à 2017 par Robert Mugabe).
La Turquie qui, de son côté, souhaitait jusqu’à récemment intégrer l’Union européenne, a opéré un tournant autoritaire depuis la révision constitutionnelle de 2017.
L’Union européenne fait de la démocratie une condition non négociable à toute nouvelle adhésion.
Quant aux pays du Maghreb, ils montrent une opacité plus ou moins importante sur leur politique intérieure. La lutte contre le terrorisme tend à y justifier des pouvoirs de police élargis et dangereux pour les libertés fondamentales.
La tolérance des pays développés à l’égard des régimes autoritaires : une fracture dans l’idéal démocratique international
La fin de la guerre froide a consacré la suprématie américaine sur les plans économique et culturel. Elle a, en même temps, légitimé son modèle démocratique et la supériorité des valeurs défendues par l’ONU sur toutes les formes de dictatures. Parallèlement, cela a favorisé les interventions de la part des pays développés dans les pays encore en développement : les pays développés se permettent alors de s’immiscer dans les affaires des autres pays au nom du respect des valeurs démocratiques qu’ils défendent.
Au cours des années 1990, les États-Unis se sont imposés comme les « gendarmes du monde », orientant notamment les opérations décidées par l’ONU, et se permettant d’intervenir sans son autorisation, violant ainsi explicitement la Charte de San Francisco et les libertés fondamentales.
Conflit israélo-palestinien :
Conflit opposant l’État d’Israël et la Palestine concernant la délimitation de leurs frontières respectives. L’État d’Israël, créé en 1948 sous l’égide des Nations unies, est entouré de pays membres de la Ligue arabe qui, pour la majorité, ne reconnaissent pas son existence, à l’image du Liban et de la Syrie. Israël, de son côté, ne reconnaît pas la Palestine, qu’elle a colonisée sous le nom de Cisjordanie.
Du reste, la tolérance des démocraties occidentales à l’égard des régimes autoritaires se manifeste pleinement dans les pays les moins avancés (PMA), notamment dans les anciennes colonies européennes : grâce au soutien de l’armée, à des élections truquées et à un contrôle accru sur la population, des hommes politiques se maintiennent au pouvoir parfois pendant des décennies (Mobutu Sese Seko en République Démocratique du Congo de 1965 à 1997 par exemple) ou commettent de nombreuses atrocités impunément (comme Amin Dada en Ouganda de 1971 à 1979).
La pression internationale n’a que peu d’effet dans la mesure où les pays développés ont besoin des ressources naturelles des PMA et tolèrent la présence de dirigeants autoritaires pour maintenir l’ordre public.
Si les grandes démocraties soutiennent, par principe, les tentatives des peuples étrangers de se débarrasser de régimes autoritaires, elles ne peuvent que rarement y apporter leur soutien matériel, en raison de l’indépendance et de la souveraineté des États d’une part, et de la nécessité économique de maintenir avec eux des échanges économiques fructueux d’autre part.
La tolérance des démocraties occidentales vis-à-vis des régimes autoritaires représente une fissure importante dans les idéaux démocratiques et est un frein évident à la généralisation des valeurs prônées par l’ONU.
La fragilisation des droits fondamentaux à travers le monde
Des menaces nombreuses pour la démocratie
Le monde multipolaire désigne un monde dominé par plusieurs entités, contrairement au monde bipolaire par exemple, qui opposait deux puissances pendant la guerre froide : les États-Unis et l’URSS.
La Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH) fut adoptée en 1948 par l’assemblée générale des Nations unies. Elle vise à la généralisation et au respect des droits de l’homme à travers le monde.
À la recherche de nouveaux modèles démocratiques
Depuis novembre 2018, le mouvement des Gilets jaunes secoue la vie politique française. Ce mouvement, spontanément formé, et ne revendiquant aucune appartenance politique claire, réclame une démocratisation des institutions, en exerçant le droit de manifestation et celui de la liberté d’expression.
Manifestation des Gilets jaunes à Tours, le 2 février 2019
L’une de leurs revendications est le RIC (référendum d’initiative citoyenne) qui permettrait aux électeurs d’initier et de faire voter une proposition de loi au moyen d’une pétition. De plus, le référendum deviendrait obligatoire si les assemblées représentatives ne parviennent pas à un accord.
D’ailleurs, si des référendums d’initiative partagée existent déjà en France, la maîtrise des propositions soumises dans ce cadre est largement dépendante de la volonté des représentants. Le peuple souhaite donc l’introduction d’outils de démocratie directe dans le système politique, ce que rejettent à la fois les titulaires du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif.
Début mars 2019, la France vient ainsi d’être visée par l’ONU pour « usage excessif de la force » dans la répression policière du mouvement des Gilets jaunes. Conséquence de cette crise qui touche les démocraties représentatives, les manifestations deviennent un moyen privilégié des citoyens pour faire entendre leurs revendications.
Si le mouvement des Gilets jaunes met en évidence le fossé qui ne cesse de se creuser entre le peuple et ses représentants, ces événements nous rappellent également que le modèle représentatif est celui adopté par l’écrasante majorité des États démocratiques et qu’il est largement perçu, par les élites politiques, comme le seul capable de rendre effectifs les objectifs de débats et de pluralisme.
Parallèlement, le développement toujours plus important des structures politiques supranationales pose la question du fonctionnement démocratique de leurs institutions. C’est notamment le cas de l’Union européenne qui, d’abord conçue comme une union économique, est devenue une union politique fondée sur des valeurs démocratiques.
Pourtant, la seule institution démocratique dans cette structure est le Parlement européen, élu au suffrage universel direct, par les citoyens des États membres lors de scrutins qui connaissent un fort taux d’abstention.
De plus, des consultations référendaires (relatives à un référendum) ont montré dans certains pays, comme la France ou les Pays-Bas, un décalage entre la volonté des citoyens et le choix des représentants, ces derniers souhaitant accélérer le processus de construction européenne quand les premiers se montrent inquiets et sceptiques face à l’avenir des indépendances nationales.
Conclusion :
Pour conclure, les démocraties contemporaines sont confrontées à de multiples enjeux.
La transition démocratique des pays émergents est ralentie par des problématiques sociétales, politiques et économiques, telles que la corruption ou l’implantation de régimes autoritaires. D’autres menaces ont surgi et secouent l’idéal démocratique, telles que les fake news, la censure, la propagande, les attaques terroristes et la question des flux migratoires.
Il ne suffit donc pas de produire beaucoup de richesses et d’être reconnu comme l’une des plus grandes puissances mondiales pour être considéré comme un pays développé ; en effet, être une démocratie est devenu une condition nécessaire. L’idéal démocratique international est alors discutable lorsque les grandes démocraties telles que les États-Unis ou la France conservent leurs échanges économiques avec les pays autoritaires qui ne respectent pas les valeurs démocratiques.
Enfin, le modèle démocratique actuel est remis en cause, que ce soit en France avec le mouvement des Gilets jaunes ou au sein de l’Union européenne quant au fonctionnement des institutions. Dans les deux cas, les citoyens revendiquent plus de pouvoir au peuple.