Des ressources et des environnements sous pression en Chine

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Introduction :

Aujourd’hui, les préoccupations environnementales sont un enjeu de taille pour les sociétés. Ces dernières décennies, bien que la Chine ait vu sa croissance économique exploser, ce développement spectaculaire n’a pas été sans conséquences.

Ainsi, dans ce cours, nous étudierons comment la surexploitation des ressources en Chine constitue une menace pour les environnements.

Pour cela, nous verrons tout d’abord que les ressources sont parfois insuffisantes et surtout inégalement réparties, puis que les environnements chinois souffrent de la surexploitation de ces mêmes ressources. Enfin, nous nous pencherons sur le tournant écologique de ce pays d’Asie.

Des ressources parfois insuffisantes et inégalement réparties

La ressource en eau en Chine : abondance ou rareté ?

La Chine est un pays profitant :

  • d’un climat tropical et de sa mousson au sud-est ;
  • du « château d’eau » de l’Asie, le Tibet, 3e plus grande réserve de glace après les pôles Nord et Sud et source des principaux fleuves d’Asie.
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À retenir

La Chine dispose de ressources abondantes en eau à l’échelle de la planète. Elle se place au 5e rang mondial avec 2 872 milliards de m3 en 2017.

Les fleuves chinois occupent une place importante dans la structuration du territoire. La longueur du réseau fluvial chinois atteint 220 000 km au total dont 127 000 km de voies navigables.
Parmi les fleuves et bassins majeurs pour les Chinois, il y a le Yangzi (le plus long fleuve d’Asie), les fleuves Jaune, Hai et Huai ainsi que le réseau de la rivière des Perles. Les autres fleuves (Mékong, Indus, Brahmapoutre, etc.) sont plus éloignés des populations, et donc moins importants. Toutefois, ils demeurent essentiels pour l’approvisionnement en eau.

Le réseau fluvial chinois - géographie - 1re - SchoolMouv

Paradoxalement, la Chine demeure peu pourvue en eau douce du fait de sa population nombreuse. Elle dispose de 7 % des réserves mondiales en eau pour répondre aux besoins d’environ 20 % de la population de la planète.
La moyenne de l’eau disponible par habitant est donc très inférieure à la moyenne mondiale : 2 074,5 m3 par habitant et par an en 2017 en Chine contre 6 000 m3 environ pour la planète.
De plus, la répartition de la ressource est très inégale à l’échelle du territoire :

  • la Chine du Sud concentre près de 80 % de la ressource en eau contre 15 % pour les régions du nord du pays ;
  • 17 provinces sur 31 (hors Macao et Hong Kong) peuvent être considérées en stress hydrique (moins de 1 700 m3 par an et par habitant) et parmi celles-ci, 11 sont en situation de pénurie d’eau (moins de 1 000 m3 par an et par habitant).
  • Ainsi, le Hebei (province) ou le Ningxia (région autonome) ne dépassent pas les 200 m3 par an et par habitant, soit des niveaux inférieurs à ceux de l’Algérie (287 m3 en 2014), dont une large partie du territoire est occupée par le désert du Sahara.

Les ressources terrestres : énergies, minerais et forêts

Le territoire chinois offre de nombreuses ressources terrestres, qu’elles soient énergétiques, minérales, métalliques ou forestières.

La Chine est un acteur essentiel de la production et de la consommation des ressources énergétiques. Elle est le premier producteur de charbon, d’hydroélectricité, d’énergie éolienne et solaire. Cependant, la production énergétique chinoise s’appuie avant tout sur les ressources non renouvelables.

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Définition

Ressources non renouvelables :

Ressources naturelles qualifiées de « non renouvelables » ou « d’épuisables » lorsque leur vitesse de destruction ou d’utilisation par l’homme dépassent leur vitesse de création.

En 2017, d’après les autorités, 82,6 % de l’énergie provenait du pétrole, du gaz ou du charbon qui comptait à lui seul pour près de 70 % (69,6 %) de cette énergie, ce dernier étant produit par une industrie extrêmement polluante.

Les énergies renouvelables sont aussi des énergies primaires (ensemble des produits énergétiques non transformés).

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Définition

Énergies renouvelables :

Énergies inépuisables issues des éléments naturels : le soleil, le vent, les chutes d’eau, les marées, la chaleur de la Terre, la croissance des végétaux, etc. L’exploitation des énergies renouvelables n’engendre pas ou peu de déchets et d’émissions polluantes.

Les énergies renouvelables ne représentaient que 17,4 % en 2017, bien que cette part ait doublé en 10 ans. Il s’agit là d’un enjeu important du développement chinois, qui s’oriente rapidement vers ces énergies-là. Les trois quarts de la production de charbon sont concentrés dans trois provinces du nord et du nord-ouest : le Shanxi, le Shaanxi et la Mongolie intérieure. Les grandes réserves d’hydrocarbures se concentrent, quant à elles :

  • autour des gisements de Tarim et de Junggar (dans la région autonome Xinjiang, au nord-ouest) ;
  • de Daqing (dans la province Heilongjiang située au nord-est) ;
  • dans les gisements off-shore du golfe de Bohai ou de la mer de Chine méridionale.

La Chine dispose aussi de ressources métalliques importantes. Ainsi, alors qu’elle ne possède que 36 % des réserves de terres rares, elle a assuré 95 % de leur production mondiale en 2018.

  • Les forêts chinoises occupent 208 millions d’hectares, soit 21,6 % de la surface du territoire (contre 31 % en France par exemple).
  • Selon l’observatoire Global Forest Watch, 8 millions d’hectares de forêts ont été perdus entre 2001 et 2016 en Chine, symbolisant des décennies de déforestation pour laisser place à l’urbanisation ou à des espaces agricoles.
  • La répartition des forêts est très inégale :
  • les provinces du Nord (Heilonjiang, Jilin, Liaoning) voient leur superficie occupée à près de 40 % par des massifs forestiers en 2017 ;
  • les provinces du Sud (Guandong, Hainan ou Yunnan), profitant d’un climat tropical, ont des taux supérieurs, dépassant les 50 % de superficie forestière ;
  • les grandes provinces désertiques de l’Ouest (Tibet, Xinjiang ou Gansu) ou les métropoles (Tianjin, Shanghai) ne voient que 4 à 12 % de leur superficie occupée par la forêt.

Les ressources halieutiques : un leader mondial qui épuise ses ressources

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Définition

Production halieutique :

Exploitation des ressources vivantes aquatiques. Elle regroupe les différents modes d'exploitation et de gestion (pêche, aquaculture) des espèces vivantes (végétales ou animales) exercés dans tous les milieux aquatiques (mer et eau douce).

Malgré une seule façade maritime et une petite ZEE (32e mondiale en superficie), la Chine est de loin le premier producteur de poissons (poissons, crustacés, mollusques) de la planète selon l’ONU et la FAO. Depuis 2002, elle est également le plus grand exportateur de poissons et de produits de la pêche avec 14,1 % des exportations mondiales en 2016.

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Définition

ZEE (Zone économique exclusive) :

Bande de mer ou d'océan sur laquelle un État riverain (parfois plusieurs États dans le cas d'accords de gestion partagée) dispose de l'exclusivité d'exploitation des ressources. Elle s’étend sur 200 milles nautiques (370 km) depuis le littoral.

Les fermes aquacoles (en lien avec les activités aquatiques) chinoises produisent plus de 60 % de la production mondiale de poisson en 2017 avec plus de 49 millions de tonnes et près de 48 % de la production mondiale d’algues cultivées en 2016.
La pêche continentale ou marine chinoise atteignait 19 % de la production mondiale en 2016, loin devant le deuxième : l’Indonésie (7 %).

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À retenir

Les ressources halieutiques de la mer de Chine sont considérablement entamées par cette surexploitation et certaines espèces sont proches de l’extinction.

Dès les années 1980, des mesures drastiques ont été adoptées en Chine à la suite de la prise de conscience par le gouvernement de la détérioration des ressources marines. Elles ont notamment consisté à :

  • mettre à la casse un nombre important de bateaux ;
  • et à fortement subventionner la flotte de pêche dite « distante », à savoir les bateaux qui pêchent au loin, en haute mer ou dans les eaux d’autres pays comme en Afrique de l’Est (Madagascar).

Des environnements dégradés par la surexploitation des ressources

La dégradation des environnements en Chine

La Chine est aujourd’hui le premier émetteur de gaz carbonique de la planète (28 % en 2016), devant les États-Unis (15 %). Ses émissions par habitant (6,7 tonnes pour la période 2011-2015) se classent derrière celles d’un Américain (17 tonnes par an et par habitant) mais devant celles d’un Français (5,2 tonnes par an et par habitant), selon les chiffres de la Banque mondiale.

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À retenir

La Chine est donc l’un des pays au monde où les niveaux de pollution de l’air sont les plus élevés.

Ainsi, malgré les progrès réalisés dans la lutte contre le smog, les particules fines les plus dangereuses pour l’homme (nitrate, sulfate, carbone noir) sont 9 fois plus présentes que le seuil à ne pas dépasser fixé par l’OMS dans la région métropolitaine de Jingjinji (région capitale destinée à réunir Pékin, la ville de Tianjin et la province de Hebei).
Quant aux campagnes, forêts et parcelles agricoles, situées principalement dans le sud du pays, elles sont touchées par des pluies acides.

Chine ressources pollution air Pékin géographie première Pollution de l’air à Pékin, 2014 ©Kentaro Iemoto – CC BY-SA 2.0

Cependant, les pollutions en Chine ne se limitent pas à l’air : l’ensemble de l’environnement du pays se trouve dégradé.

L’un des problèmes essentiels est la pollution de l’eau. Près de trois quarts des rivières et des lacs chinois sont très pollués : plusieurs fleuves et cours d’eau ont vu toute vie aquatique les abandonner. La pollution, également importante sur les côtes, oblige les pêcheurs à aller pêcher toujours plus loin, voire à abandonner leur métier.

Les sols chinois sont également empoisonnés sur une surface d’à peu près un million et demi de kilomètres carrés (soit près de trois fois la France métropolitaine) par les métaux lourds et les hydrocarbures.

  • 20 % des terres agricoles chinoises sont polluées par du cadmium, du plomb, du mercure, de l’arsenic, etc.

Les causes de la pollution en Chine

Plusieurs éléments expliquent cette forte pollution de l’environnement en Chine.

Tout d’abord, la Chine paie sa recherche de croissance à tout prix. Devenue l’atelier du monde dans les années 1980, la Chine a implanté sur son territoire de nombreuses usines polluantes et consommatrices de ressources énergétiques. Or, d’après une étude de 2015, près de 25 % des émissions de gaz carbonique proviennent de la production de biens destinés à l’exportation. De plus, les industries lourdes ou manufacturières sont parfois vieillissantes, peu économes en énergies et fonctionnent souvent au charbon.

Les activités industrielles ne sont pas les seules polluantes, les industries minières et l’agriculture chinoise sont aussi une cause de pollution. Ainsi, les processus d’extraction et de séparation des minerais ou métaux nécessitent beaucoup d’énergie, de produits chimiques et d’eau. Des acides sulfuriques et chlorhydriques sont ainsi rejetés massivement dans les cours d’eau aux alentours des mines. L’agriculture chinoise, quant à elle, est une grosse consommatrice d’engrais et de pesticides (58,5 millions de tonnes en 2017) et participe aussi à cette pollution en rejetant notamment des nitrates.

L’accès de la population chinoise à la société de consommation l’a conduite vers de nouveaux modes de vies (urbanisation, automobile, téléphones mobiles, informatique, etc.) à la fois polluants et prédateurs pour les ressources naturelles.

Enfin, les normes de pollution en Chine ont longtemps été extrêmement basses. Ainsi, dans certains secteurs clés comme les énergies ou l’automobile, les grandes entreprises comme Sinopec, CNPC (China National Petroleum Corporation), ou Cnooc (China National Offshore Oil Corporation) sont sous le contrôle direct du gouvernement et sont donc peu inquiétées par celui-ci pour des dommages environnementaux.

Les conséquences sanitaires et sociales

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À retenir

Les conséquences sanitaires et sociales de la pollution sont aujourd’hui un enjeu de santé publique en Chine.

La concentration en particules fines a déjà atteint cinquante fois les recommandations de l’OMS lors de crises comme à Pékin en 2015. Les taux élevés d’oxydes d’azote et d’ozone, qui constituent des risques pour la santé des Chinois, témoignent de la mauvaise qualité de l’air des villes en Chine.

  • Les études scientifiques indiquent la progression de l’asthme ou des cancers depuis les années 1990 : cette mauvaise qualité de l’air entraînerait le décès de 1,6 million de personnes en Chine chaque année, soit 17 % du total des décès annuels, selon une étude publiée en 2015.

La pollution des sols contamine également la nourriture des Chinois. Dans la région du Guangdong, 44 % du riz est contaminé au cadmium, un métal lourd cancérigène.

  • Une dépollution des sols, envisagée par les autorités, coûterait environ 600 milliards d’euros selon les experts.

Le tournant écologique de la Chine ?

Une demande sociale et une volonté politique

La pollution et les désastres écologiques étant devenus « visibles », la population s’est emparée de cette problématique. La multiplication de mobilisations sociales a notamment permis :

  • la relocalisation d’une usine de pyralène dans la province du Fujian ;
  • l’arrêt d’un projet d’usine de traitement des déchets nucléaires dans la ville de Lianyungang (province du Jiangsu) en 2016 ;
  • l’arrêt de la construction d’un grand barrage sur la rivière Nu (dans le Yunan) en 2017.
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À retenir

Officiellement, et malgré la répression parfois violente de ces mouvements citoyens, la Chine s’est fixé pour objectif de devenir une « civilisation écologique ».

Xi Jinping, président de la République populaire de Chine depuis 2013, déclare même la « guerre à la pollution » en 2014.
À l’échelle internationale, la Chine a ratifié la COP 21 en 2015, s’engageant à réduire de 45 % ses émissions de CO2 avant 2020. À l’échelle nationale, le XIIIe plan quinquennal (2016-2020) a fait de l’environnement et du développement durable ses défis principaux :

  • les consommations d'eau, d'énergie et les émissions de CO2 devraient ainsi diminuer respectivement de 23 %, 15 % et 18 % ;
  • les zones forestières devraient occuper 23 % de la superficie (contre 21,6 % en 2017).

De plus, de grands programmes écologiques ont vu le jour.

  • Ainsi, depuis 2013, la campagne « made in China 2025 » a pour objectif de moderniser les entreprises industrielles localisées en Chine en leur attribuant des aides fiscales dans le domaine des économies d’énergies.

Des projets environnementaux titanesques

À l’image du barrage des Trois-Gorges, plus grand barrage au monde achevé en 2012, la Chine a mis en place des projets environnementaux parfois démesurés.
Ainsi, pour dépolluer l’air autour de Pékin, et pour contrer l’avancée du désert en Mongolie intérieure, le Parti communiste chinois a lancé de vastes programmes de reforestation comme la « grande muraille verte » imaginée dès les années 1970 et qui doit s’étendre sur 4 800 kilomètres le long du désert de Gobi. Depuis, près de 66 milliards d'arbres ont été plantés. Dans la province de Hebei autour de Pékin, l’objectif est d’atteindre 35 % de surface forestière pour « dépolluer » l’air de Pékin.

Les autorités chinoises ont aussi commencé à bâtir la première « ville-forêt » à Liuzhou (Liuzhou Forest City), dans la région autonome Zhuang du Guangxi, non loin de Hong Kong. Elle devrait être entièrement recouverte d’arbres pour absorber les résidus de pollution. L’objectif est aussi de construire une ville autosuffisante, qui fonctionnera grâce à l’énergie géothermique et aux panneaux solaires posés sur tous les toits. Elle pourra accueillir plus de 30 000 habitants et servir de modèle aux futures villes durables chinoises.

Chine ressources projet ville-forêt Liuzhou géographie première Le projet de la « ville-forêt » à Liuzhou ©Stefano Boeri, www.stefanoboeriarchitetti.net

Enfin, sur la question des énergies, la Chine mène de multiples projets. Après avoir construit la plus grande centrale solaire flottante au monde en 2017 et la plus grande centrale solaire d’Asie en 2018, la Chine a pour projet de lancer une centrale solaire spatiale d’ici à 2050.

Des politiques efficaces ?

  • Dès 2018, la Chine avait dépassé l’objectif de réduction des émissions de CO2 fixé lors de la COP 21 et à atteindre en 2020.
  • Entre 2013 et 2017, le nombre de jours de pollution grave à Pékin a considérablement baissé, passant de 58 à 23.
  • La concentration de particules fines a également suivi cette tendance à la baisse, selon une étude de l’université de Chicago, en diminuant de 32 % en moyenne depuis 2014.
  • Une taxe anti-pollution a également été mise en place par la Chine.

Pourtant, ces résultats sont à nuancer :

  • les manifestations pour la défense de l’environnement sont régulièrement brisées par la police ;
  • les autres objectifs de la COP 21 (réduire la part des énergies fossiles) seront difficilement atteignables car pour réduire les émissions de CO2 provoquées par le charbon, la Chine s’est tournée en partie vers le gaz.
  • Les dégâts considérables provoqués par des décennies de développement effréné mettront certainement plusieurs décennies avant d’être gommés.

Conclusion :

La Chine surexploite ses ressources en eau, terrestres ou halieutiques. L’environnement se dégrade rapidement : l’air, l’eau et les sols sont extrêmement pollués. La santé publique, nettement fragilisée par cette pollution, est devenue un enjeu majeur du pays.
La Chine a donc entamé un virage écologique, suite à des manifestations sociales importantes. Elle s’engage aussi bien internationalement (avec la ratification de la COP 21) que nationalement, en se tournant vers les énergies renouvelables et en entamant des projets environnementaux énormes.
Bien que des résultats soient d’ores et déjà visibles, l’insouciance de la Chine pendant des décennies ne sera pas rattrapée aussi facilement.