Exercices L’Europe et le monde face aux crimes de la Seconde Guerre mondiale
Prépare-toi à progresser en Histoire avec ces exercices niveau Terminale : "L’Europe et le monde face aux crimes de la Seconde Guerre mondiale". Conçu pour renforcer les notions clés vues en cours, cet entraînement te permet de t’exercer à ton rythme. Idéal pour réviser efficacement et gagner en confiance. À toi de jouer !
Entrainement
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Document 1 : La sélection des Juifs et des Tziganes à Auschwitz
Document 2 : Le camp d’extermination de Treblinka
« Maintenant, il faut que je vous parle de la chose… de la chambre à gaz. C’était, on m’a déjà demandé de parler de cette chose. La chambre à gaz, comment c’était. Très simple. Tout en béton. Pas de fenêtre. Entièrement vide. En plus, au-dessus de vos têtes, il y avait des tuyaux, et on aurait dit que, vous savez, que de l’eau allait en sortir. Deux portes. En acier. D’un côté et de l’autre. Les gens entraient dans la chambre à gaz d’un côté. Comme moi, j’étais dedans, je faisais mon boulot, coiffeur. Lorsqu’elle était pleine, la chambre à gaz - elle devait mesurer environ… je dirais six mètres sur six ou six mètres sur cinq, je ne l’ai pas mesurée, à vue d’œil je dirais, la pièce où nous sommes, je ne saurais en donner sa superficie exacte. Et ils y ont engouffré autant de gens qu’ils pouvaient. Les gens n’avaient pas le droit d’être debout avec les bras le long du corps parce qu’il n’y avait pas assez de place, mais quand ils levaient les bras comme ça, il y avait davantage de place. Et par-dessus, ils jetaient des enfants, des enfants de deux, trois, quatre ans, par-dessus. Et nous sortions. Je dirais que tout ça prenait entre cinq et sept minutes. La porte s’ouvrait, pas du côté par lequel ils étaient entrés mais de l’autre côté. Et, là, de l’autre côté, les gens qui travaillaient à Treblinka numéro 2, dont le travail consistait à ne s’occuper que des morts, sortaient les corps. Certains étaient morts et d’autres encore en vie. Ils les traînaient vers les fosses et ils les ensevelissaient. De grandes fosses, et ils les ensevelissaient. Ce fut le début de Treblinka. »
Témoignage d’Abraham Bomba, rescapé de Treblinka, en 1990 (DR)
D’après le document 1, en quoi consiste la sélection ?
Évaluation
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Document 1 : Les crimes de guerre
« Le second jour, à Guadalcanal, nous trouvâmes une série de photos de Marines qui avaient été découpés et mutilés à Wake. Le moment d’après, il y avait des Marines qui se promenaient avec des oreilles jap1 accrochées à leur ceinture avec des épingles à nourrice. On nous envoya un ordre qui rappelait que la mutilation était passible de la cour martiale. En Indonésie, bon nombre de gars qui capturaient des Japs essayaient de les forcer à ouvrir la bouche et leur arrachaient leurs dents en or. Ils faisaient de même avec les cadavres. Au combat vous acquérez un drôle d’état d’esprit. Vous pensez à ce qu’on vous a fait […]. Nous commençâmes à plonger à leur niveau. »
Témoignage de l’ancien marines Donald Fall, cité dans Jean-Louis Margolin, Violences et crimes du Japon en guerre, 2009
1. Jap : Il est important de signaler que cette abréviation du mot « japonais » a aujourd’hui un sens péjoratif et raciste.
Document 2 : La « Shoah par balles »
« J’ai donc participé à la grande opération de mise à mort d’avant-hier. Aux premiers véhicules chargés de gens, mes mains ont quelque peu tremblé au moment de tirer, mais l’on s’habitue. À la dixième voiture, je visai calmement et tirai de façon sûre sur les femmes, les enfants et les nourrissons nombreux, en pensant que j’avais moi-même deux nourrissons à la maison, avec lesquels ces hordes agiraient de même, voire peut-être dix fois pire. La mort que nous leur avons donnée était belle et courte […]. Les nourrissons volaient en grands arcs de cercles et nous les éclations en vol avant qu’ils ne tombent dans la fosse et l’eau. Ouah ! Diable ! Je n’avais encore jamais vu autant de sang, d’ordure, de corne et de chair. Je peux maintenant comprendre l’expression ''ivresse de sang''. Mogilev est maintenant moins peuplée d’un nombre à trois zéros. Je me réjouis vraiment, et beaucoup disent ici que quand nous rentrerons dans la patrie, ce sera le tour de nos Juifs locaux. Mais bon, je ne t’en dis pas plus. C’est assez jusqu’à ce que je rentre à la maison. »
Lettre du commissaire Walter Mattner à sa femme, 5 octobre 1941
Document 3 : Le camp d’Auschwitz-Birkenau
« La portière s’ouvrit avec fracas ; l’obscurité retentit d’ordres hurlés dans une langue étrangère, et de ces aboiements barbares naturels aux Allemands quand ils commandent, et qui semblent libérer une hargne séculaire. Nous découvrîmes un large quai, éclairé par des projecteurs. Un peu plus loin, une file de camions. Puis tout se tut à nouveau.
[…] Une dizaine de SS, plantés sur leurs jambes écartées, se tenaient à distance, l’air indifférent. À un moment donné, ils s’approchèrent, et sans élever la voix, le visage impassible, ils se mirent à interroger certains d’entre eux en les prenant à part, rapidement. « Quel âge ? En bonne santé ou malade ? » et, selon la réponse, ils nous indiquaient deux directions différentes […]. En moins de dix minutes, je me trouvai faire partie du groupe des hommes valides. Ce qu’il advint des autres, femmes, enfants, vieillards, il nous fut impossible alors de le savoir : la nuit les engloutit, purement et simplement. Aujourd’hui pourtant, nous savons que ce tri rapide et sommaire avait servi à juger si nous étions capables ou non de travailler utilement pour le Reich ; nous savons que les camps de Buna-Monowitz et de Birkenau n'accueillirent respectivement que quatre-vingt–seize hommes et vingt-neuf femmes de notre convoi et que, deux jours plus tard, il ne restait de tous les autres – plus de cinq cents – aucun survivant. »
Primo Levi, Si c’est un homme, 1947
D’après le document 1, quelles sont les violations des droits de l’Homme commises par les soldats américains ? Comment les Américains justifient-t-il de telles exactions ?
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Document 1 : Faire la guerre à l’URSS – Instruction du feld-maréchal von Manstein, juin 1941
« Le système judéo-bolchevique doit être exterminé. Le soldat allemand qui entre en Russie doit connaître la nécessité et la valeur du sévère châtiment qui sera infligé à la juiverie […]. La situation alimentaire de l’Allemagne exige que les troupes soient ravitaillées sur le territoire ennemi et qu’elles mettent à la disposition de la patrie les plus vastes stocks de ravitaillement qu’il se pourra. Dans les villes ennemies, une partie de la population devra avoir faim. Aucun témoignage déplacé d’humanité ne devra être donné aux prisonniers de guerre, ni à la population civile, à moins qu’ils ne soient au service de l’armée allemande. »
Document 2 : Faire la guerre à l’URSS – Instruction du général Hoepner, juillet 1941
« La guerre contre la Russie est une partie essentielle du combat pour l’existence du peuple allemand. C’est le vieux combat des Germains contre les Slaves, la défense de la culture européenne contre l’invasion moscovito-asiatique, la défense contre le bolchevisme judaïque. Chaque situation de combat doit être menée avec une volonté de fer jusqu’à l’anéantissement total et sans pitié de l’ennemi. »
Document 3 : Témoignage du docteur Sulyok, officier hongrois, Deux nuits sans jour, 1948
« Un matin, je fus réveillé par de lointains aboiements. J’appelai mon ordonnance : ''– Pandore, qu’est-ce qui gémit et glapit comme ça ? – Pas loin d’ici, dit-il, il y a un camp de prisonniers russes massés en plein air. Il doit y en avoir 80 000 environ. Ils gémissent parce qu’ils ont faim.'' J’allais voir. Derrière un réseau de barbelés, une foule de prisonniers s’étendait à l’infini. Il faisait – 20 °C et tous étaient parqués en plein air. Quelques-uns seulement pouvaient se tenir debout. Leur face était desséchée, leurs yeux profondément enfoncés dans les orbites. Il en mourait des centaines, peut-être des milliers par jour, et ceux qui avaient encore quelques forces les jetaient dans une grande fosse. »
En vous appuyant sur vos connaissances, décrivez les principales étapes de la Seconde Guerre mondiale.
- Astuce : Il y a 3 grandes phases dans la Seconde Guerre mondiale.
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Introduction du dossier :
En juin 1941, Hitler met brutalement un terme au pacte germano-soviétique. Il lance l’opération Barbarossa et ouvre ainsi un large front à l’est. Dans les territoires conquis par les troupes régulières s’abat une répression sans précédent. Juifs, cadres du parti communiste et ré-sistants sont impitoyablement traqués et éliminés par les Einsatzgruppen, des unités mobiles constituées de policiers et de SS.
Einsatzgruppen :
Unités mobiles d’extermination chargées, à partir de l’invasion de la Pologne, d’assassiner systématiquement les opposants réels ou supposés au régime nazi (cadres du parti communiste, Juifs, etc.) dans les territoires conquis par l’armée régulière.Document 1 : Les motivations d’Hitler dans l’intensification du processus génocidaire
« Dans l’idéologie de la terre et du sang de Hitler, le lien entre conquête de l’espace vital à l’est et “solution finale de la question juive” est très étroit, comme l’a souligné Andreas Hillgruber1. La guerre contre l’URSS doit permettre d’écarter la menace juive à l’intérieur et la menace de l’État judéo-bolchevique2 à l’extérieur. La conquête de l’espace vital pose de manière aiguë la “question juive” dans la mesure où, en 1939, près de 70 % des 9 à 9,5 millions de Juifs d’Europe vivent dans les territoires polonais et russes qui seront occupés. Selon Raul Hilberg3, il y a alors près de 4 millions de Juifs dans les territoires soviétiques qui seront occupés par l’Allemagne, mais 1,5 million s’enfuient devant l’invasion. Il estime, par ailleurs, qu’il y a 2 790 000 Juifs dans les territoires polonais incorporés au Reich et dans le Gouvernement général, ce qui donne au total près de 5,3 millions de Juifs présents dans les territoires occupés par l’Allemagne au printemps 1942. Tous les spécialistes s’accordent sur la relation directe entre l’opération Barbarossa et la radicalisation de la politique juive, mais ils se divisent sur l’explication de cette relation. Une des raisons de cette division est l’absence d’ordre écrit ou oral de Hitler sur l’extermination des Juifs. L’ordre écrit n’était pas dans ses pratiques habituelles, tandis que ses ordres oraux s’exprimaient le plus souvent sous la forme d’injonctions vagues, noyées dans un flot de paroles et, de ce fait, sujettes à interprétations. »
Christian Baechler, « Chapitre VII. L’opération « Barbarossa » et la Solution finale », Guerre et exterminations à l’Est. Hitler et la conquête de l’espace vital 1933-1945, Tallandier, 2012, pp. 335-384
1. Andreas Hillgruber est un historien allemand.
2. Le mythe judéo-bolchevique est mis en avant par Hitler pour entretenir l’idée que les populations juives apportaient leur soutien à l’URSS, ce qui permettait d’associer l’URSS et les Juifs comme une même menace.
3. Raoul Hilberg est un historien américain.Document 2 : Le déploiement des Einsatzgruppen sur le front de l’Est
En juin 1941, las de ne pas parvenir à briser la résistance des Britanniques, Hitler décide de lancer son armée à l’assaut de l’Union soviétique. Ses directives sont claires : il ne s’agit pas seulement pour l’armée allemande de s’emparer du territoire soviétique, mais bien d’anéantir physiquement l’armée russe. On parle de guerre d’anéantissement. Pour y parvenir, Hitler enjoint à ses soldats de passer outre à la Convention de Genève, qui accorde des droits aux prisonniers de guerre et aux civils en temps de guerre. Dans ce contexte, les nazis vont commettre de nombreux crimes de guerre.
Convention de Genève :
Fondement du droit humanitaire international, les conventions de Genève sont un ensemble de texte juridiques internationaux ratifiés à partir de 1864 qui disposent notamment que :- les civils ne doivent pas être impliqués dans les hostilités ;
- les militaires hors de combat doivent être protégés et ceux qui souffrent doivent être secourus et soignés sans aucune discrimination, dans le respect de leur dignité.
Document 3 : Discours d’Hitler devant ses généraux le 22 août 1939
« Notre force tient à notre rapidité et à notre brutalité. Gengis Khan1 a condamné à mort des millions de femmes et d’enfants, en toute conscience et d’un cœur léger. L’histoire ne se souvient que du grand fondateur d’État. Je me moque de ce que dit la faible civilisation ouest-européenne à mon propos. J’ai donné un ordre – et je fusillerai quiconque formulera une seule critique : l’objectif de la guerre ne sera pas d’atteindre une ligne donnée, mais d’anéantir physiquement l’adversaire. C’est pourquoi j’ai disposé – pour l’instant seulement à l’Est – mes unités à têtes de mort2 ; elles ont reçu l’ordre de mettre à mort sans merci et sans pitié beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants d’ascendance et de langue polonaise. C’est la seule manière pour nous de conquérir l’espace vital dont nous aurons besoin. Qui parle encore, aujourd’hui, de l’anéantissement des Arméniens3 ? »
Discours cité dans « La Wehrmacht dans la Shoah », Revue d’histoire de la Shoah, 2007
1. Gengis Khan est le fondateur de l’empire mongol mort en 1227.
2. Les unités à têtes de mort désignent les soldats SS chargés de la gestion des camps de concentration.
3. Allusion au génocide des Arméniens en 1915.Document 4 : Le récit d’un témoin sur les exactions des Einsatzgruppen
Pour les seconder dans leurs crimes de masse, les nazis se sont attaché diverses complicités et ont recouru à des mobilisations forcées des populations locales, notamment pour enfouir les charniers. Le témoignage présenté ici est celui de Luba, témoin visuel du massacre de la population juive du petit village de Senkivishvka en Ukraine.
« Au bord de la fosse, il y avait un escalier sommaire, en terre. Les Juifs se déshabillaient, tabassés par les gardes. Complètement nus, famille après famille, les pères, les mères et les enfants descendaient calmement les marches et s’allongeaient, face contre terre, sur les corps de ceux qui venaient d’être fusillés. Un policier allemand, Humpel, avançait, debout, marchait sur les morts et assassinait chaque Juif d’une balle dans la nuque. […] Régulièrement, il arrêtait les tirs, remontait, faisait une pause, buvait un petit verre d’alcool puis redescendait. Une autre famille juive, dénudée, descendait et s’allongeait dans la fosse. Le massacre a duré une journée entière. Humpel a tué tous les Juifs du village, seul. »
Patrick Desbois, Porteur de mémoire, Paris, 2009, p. 11-12
Document 5 : Traduction d’un extrait du rapport du SS-Standartenführer Karl Jäger, commandant de l’Einsatzkommando 3 (EK3, Einsatzgruppe A)
Le commandant de la sécurité et du SD
Einsatzkommando 3Kauen, 1er décembre 1941
Bilan des exécutions effectuées par les commandos spéciaux EK3 jusqu’au 1er décembre 1941
Le commando EK3 est entré en action le 2 juillet 1941 pour assurer des tâches de police de sécurité.
(Sa mission dans la région de Vilna a commencé le 9 août 1941, celle dans la région de Schaulen le 2 octobre 1941. Jusqu’à cette date, Vilna était du ressort du commando 9 et Schaulen du commando 2.)Exécutions effectuées par les partisans lituaniens sur mes ordres et instructions :
4.7.41 : Kauen – Fort VII – 416 Juifs, 47 Juives – 463
6.7.41 : Kauen – Fort VII – Juifs – 2 514Après constitution d’un roulement de commandos sous les ordres du SS-Obersturmführer Hamann et de 8 à 10 hommes fiables issus du commando EK3, les actions suivantes ont été menées en collaboration avec les partisans lituaniens :
7.7.41 : Mariampole – Juifs – 32
8.7.41 : Mariampole – 14 Juifs, 5 cadres comm. – 19
8.7.41 : Girkalinei – cadres comm. – 6
9.7.41 : Wendziogala – 32 Juifs, 2 juives, 1 Lituanienne, 2 comm. lituaniens, 1 comm. russ. –38
9.7.41 : Kauen – Fort VII – 21 juifs, 3 Juives – 24
14.7.41 : Mariampole – 21 " , 1 Russ., 9 comm. lit. – 31
17.7.41 : Babtei – 8 cadres comm. (dont 6 Juifs) – 8
18.7.41 : Mariampole – 39 Juifs, 14 Juives – 53
19.7.41 : Kauen – Fort VII – 17 " , 2 " , 4 comm. lit., 2 Lituaniennes comm., 1 comm. all. – 26
21.7.41 : Panevezys – 59 Juifs, 11 Juives, 1 Lituanienne, 1 Polonais, 22 comm. lit., 9 comm. russ. – 103
22.7.41 : Panevezys – 1 juif – 1
23.7.41 : Kedainiai – 83 Juifs, 12 Juives, 14 comm. russ., 15 comm. lit., 1 off. pol. russ. – 125
25.7.41 : Mariampole – 90 Juifs, 13 Juives – 103
28.7.41 : Panevezys – 234 " , 15 " , 19 comm russ., 20 comm. lit. – 288sous-total : 3 834
Ernst Klee, Willy Dressen, Volker Riess, Pour eux « C’était le bon temps », La vie ordinaire des bourreaux nazis, Plon, 1990, p. 40-54
QUESTION
Quelles étaient les motivations d’Hitler dans l’élimination des Juifs d’Europe de l’Est ? (doc. 1 et 3)