L’imagination et le savoir

L’imagination scientifique

  • Entre la Renaissance et le début de l’époque moderne, l’imagination prend une part importante dans l’élaboration du savoir, notamment scientifique.
  • La fiction, œuvre de création, tient une place importante dans l’imagination, y compris comme moteur de la découverte scientifique.
  • Francis Bacon développe cette imagination scientifique dans deux ouvrages :
  • le Novum Organum (nouvelles méthodes scientifiques, ouvrage réaliste et empiriste),
  • et La Nouvelle Atlantide (utopie, idéal de société).
  • L’ouvrage aurait inspiré la création de la Royal Society of London for the Improvement of Natural Knowledge (Société royale de Londres pour le progrès des connaissances en sciences naturelles).
  • Imaginer constitue une véritable démarche heuristique (qui sert à la découverte) pour la science et la société.
  • La dimension éthique de la recherche scientifique semble mise de côté par Bacon. Or :

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme »

Pantagruel, Rabelais

Le statut des objets du savoir et des théories : le contre-exemple de la folie

  • Michel Foucault (Histoire de la folie à l’âge classique) a montré que le fou était, jusqu’au XVIe siècle, un être social, intégré dans l’ordre public, et a ensuite été considéré comme un être pathologique, dangereux, qu’il fallait mettre à l’écart et même enfermer.
  • Pour Érasme, le fou n’est pas toujours celui qu’on pense, signe d’une certaine relativité et indétermination de ce concept. Dans Éloge de la folie, il fait directement parler la folie. Et les choses sont claires : avec la folie, les hommes sont heureux ; sans elle, ils sont taciturnes et inquiets.
  • La folie serait comme un printemps, une renaissance.
  • À la Renaissance, la folie n’est pas encore l’objet d’une théorie scientifique au sens strict et au sens médical. Elle permet donc de comprendre ce qu’est la saisie non scientifique (mais anthropologique, sociale et symbolique) d’un concept qui le deviendra à la fin de l’époque moderne.

L’utopie de More et les sciences politiques

  • Dans L’Utopie, Thomas More met l’imagination au service des sciences politiques et sociales en imaginant une société égalitaire :
  • propriété et argent proscrits,
  • système équitable de distribution des biens nécessaires,
  • etc.
  • L’utopie fournit alors aux sciences politiques et sociales le descriptif concret d’une société en matière d’organisation, elle explore des modèles possibles et des théories fondées sur les principes d’égalité, de justice ou de concorde entre les êtres humains, ou encore de perfectionnement des personnes.