La mise en place du système socialiste soviétique en URSS de Lénine à Staline

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Introduction :

En 1917, en plein milieu de la Première Guerre mondiale, deux révolutions ont lieu en Russie. Elles permettent la montée au pouvoir des bolchéviques. Ces derniers sont des communistes révolutionnaires, guidés par Vladimir Ilitch Lénine. À partir de novembre 1917, Lénine impose une dictature communiste en Russie, provoquant une guerre civile contre ses opposants, les Russes blancs. La Russie communiste est rebaptisée URSS en 1922 et Staline succède à Lénine à la direction de l’État communiste. Staline met alors en place une dictature totalitaire, en régnant par la terreur sur le peuple de l’URSS.

Nous verrons dans ce cours comment Lénine parvient à imposer la création d’un État communiste, l’URSS, à la place de l’Empire russe, puis les composantes de sa politique. Nous nous attarderons ensuite sur la prise de pouvoir de Staline et l’installation de son régime totalitaire, entre modernisation et terreur.

L’URSS : la naissance de la Russie soviétique

La Révolution d’Octobre, en 1917, amène les bolchéviques de Lénine au pouvoir en Russie. Ceux-ci appliquent une politique radicale pour transformer la Russie en un État communiste : l’URSS (Union Soviétique).

Le gouvernement révolutionnaire des bolchéviques

Lénine peint par Parkhomenkho, 1921 Lénine peint par Parkhomenkho, 1921

Dès novembre 1917, lors de la prise de pouvoir par Lénine, ce dernier donne le ton de la politique communiste qu’il souhaite imposer : paix avec l’Allemagne, suppression de la propriété individuelle et mise en place de la dictature du prolétariat. Cette politique radicale mécontente les bourgeois et propriétaires agricoles qui se voient dépourvus de tout bien. Appelés les Russes blancs, ils vont s’organiser pour lutter contre le gouvernement bolchévique de Lénine, appelé la Russie rouge. La guerre civile s’installe en Russie dès 1917 et se poursuit entre blancs et rouges jusqu’en 1920. À la tête de l’armée rouge, Léon Trotski repousse les Russes blancs qui trouvent refuge dans les pays occidentaux.

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Définition

Bolchéviques :

Communistes russes fidèles à Lénine.

Débarrassé de toute opposition politique, Lénine décide alors de réformer la Russie en profondeur. Le pays est en retard sur les autres puissances et son économie est au bord de l’effondrement, avec le développement du marché noir dans tous les secteurs de l’économie et sur l’ensemble du territoire. L’une des premières mesures de Lénine est la nationalisation des terres, jusqu’alors gérées de manière féodale par des petits seigneurs locaux ou des petits propriétaires. La réquisition forcée des terres permet à Lénine de contenter les paysans qui réclamaient une réforme agraire en profondeur.

Lénine et la Nouvelle politique économique de l’URSS

En mars 1921, Lénine met fin à la politique dite du communisme de guerre, qui était en vigueur depuis la Révolution d’Octobre pour combattre les Russes blancs, et lance la NEP : La nouvelle politique économique. Celle-ci consiste à assouplir les mesures restrictives en ce qui concerne la liberté d’entreprise (pour faciliter la création de petites entreprises), et d’encourager l’essor des petits propriétaires agricoles, appelés koulaks. La NEP entraîne le développement du secteur agricole et la relance de l’économie russe. En interne, ces mesures sont critiquées. Elles sont considérées comme un retour au socialisme d’État et comme une trahison de l’idée communiste. Trotski regrette que la priorité ne soit pas de développer l’industrialisation de la Russie.

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Définition

Communisme de guerre :

Ensemble de politiques radicales qui prévoyaient une économie tournée vers la guerre contre les forces capitalistes.

Le 30 décembre 1922, Lénine décide de changer le nom de la Russie bolchévique en Union des Républiques Socialistes Soviétiques : URSS. Cet acte symbolique a pour objectif de revendiquer haut et fort l’aspect communiste du gouvernement russe aux yeux du monde. Le pays, dont la capitale a été déplacée de Saint-Pétersbourg à Moscou, est gouverné par le Politburo, le Bureau politique du Parti Communiste.

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À retenir

En 1919, Lénine a décidé d’internationaliser la révolution en cours en Russie en créant la Troisième Internationale ouvrière, et en favorisant la création de Partis Communistes dans le monde, pour être des relais de sa politique à l’étranger.

L’avènement de Staline au pouvoir

Au cours des années 1920, les mesures radicales des bolchéviques permettent de moderniser la société soviétique : des millions d’hôpitaux et d’écoles sont ouverts pour favoriser les politiques de santé au niveau national et combattre l’analphabétisme. Les femmes connaissent également une véritable émancipation. La culture communiste souhaite en effet rompre avec les valeurs traditionnelles et favoriser l’essor du prolétariat à travers les figures de l’ouvrière et de la paysanne, qui sont glorifiées. La religion est abolie par les bolchéviques, qui la considèrent comme l’opium du peuple. Pour s’opposer aux valeurs traditionnelles, les soviétiques favorisent l’expérimentation artistique et l’émergence de nouveaux courants artistiques comme le constructivisme.

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Définition

Constructivisme :

Courant artistique russe d’avant-garde en 1917. Ce courant refuse l’idéal de « l’art pour l’art » et le culte de l’esthétique mais pense que l’art doit servir pour le bien commun de la société.

Après une longue maladie, Lénine meurt en 1924, sans avoir pris soin d’assurer sa succession.

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À retenir

À l’intérieur du Politburo, plusieurs clans s’affrontent pour prendre la direction de l’Union Soviétique, et notamment ceux dirigés par Trotski et Staline. Si Trotski souhaite internationaliser la lutte, Staline souhaite au contraire créer un État communiste modèle en Russie pour que celui-ci serve de référence pour les révolutionnaires communistes de l’étranger.

Alt texte Léon Trotski, fondateur de l’armée rouge et rival de Staline est exilé pour ses prises de position contre Staline

Staline parvient à éliminer ses rivaux les uns après les autres. Il se débarrasse ainsi de Trotski, qu'il fait exiler, avant de commanditer son assassinat quelques années plus tard. Alors qu’il conquiert progressivement le pouvoir en interne, Staline poursuit la politique proposée par Lénine qui permet à la Russie de se moderniser.

Les composantes du totalitarisme stalinien

À la tête de l’URSS, Staline va façonner le pays selon ses propres volontés. Il va imposer une modernisation forcée du pays et imposer un régime de terreur pour soumettre son peuple à ses volontés.

La modernisation forcée

Afin de moderniser l’URSS le plus rapidement possible, Staline impose une politique de planification de l’économie. Celle-ci se concrétise par la mise en place de plans quinquennaux, qui fixent pour cinq ans des objectifs économiques à atteindre. Cette modernisation forcée passe par la suppression de la NEP et par une brutale campagne de collectivisation des terres agricoles, passage obligé pour la mise en place d’une économie communiste. Cette collectivisation passe par la dékoulakisation : les koulaks, les petits propriétaires terriens qui avaient été favorisés sous Lénine, perdent leurs terres au profit des kolkhozes, les coopératives agricoles qui sont formées à leur place. La collectivisation forcée entraine de piètres résultats agricoles et une famine considérable en Ukraine : cet épisode de famine qui a lieu entre 1932 et 1933 et tue entre 2,5 et 6 millions de paysans a été par la suite appelé Holodomor.

Une usine de tracteurs soviétiques dans les années 1930 Une usine de tracteurs soviétiques dans les années 1930

Outre le secteur agricole, Staline s’efforce de doter l’immense URSS d’infrastructures modernes comme des barrages et des canaux, essentiels pour développer l’intérieur de l’URSS. Staline prévoit une modernisation rapide du secteur industriel, misant en particulier sur l’industrie lourde, notamment d’armement. Cette politique impulse des progrès spectaculaires et un second plan quinquennal est reconduit pour 1933-1938, permettant à l’URSS une autosuffisance économique totale. Cependant, la politique économique des plans quinquennaux est mise en place sous la forme de résultats à atteindre, parfois irréalistes. Lorsque les résultats escomptés ne sont pas atteints, on cherche des coupables et des traitres, accusés de saboter la production.

La terreur comme composante essentielle du stalinisme

Staline gouverne l’URSS en exerçant la terreur. Pour motiver les travailleurs soviétiques, il les fait travailler dans la peur constante : les supposés traitres sont jugés de manière expéditive, condamnés à mort ou à la déportation dans des camps de travail, les goulags. Il s’agit de camps de prisonniers chargés de construire des aménagements stratégiques dans les régions les plus reculées et extrêmes de l’URSS. Les goulags accueillent des opposants politiques, des koulaks récalcitrants aux collectivisations, ou des citoyens qui ont été dénoncés sur des motifs politiques.

En effet, à partir de l’été 1936, Staline gouverne d’une main de fer. Décidé à se débarrasser de tous les rivaux potentiels et souhaitant façonner une société de citoyens obéissants à la peur, Staline organise les procès de Moscou, une série de procès contre des rivaux politiques. Ce sont en réalité des simulacres de procès, les accusés sont arrêtés par le NKVD (Narodnii Komissariat Vnoutrennikh Diel, Commissariat du peuple aux Affaires intérieures), la police politique, sans même connaitre le chef de leur inculpation. Très vite, ces purges staliniennes deviennent systématiques et répondent à des quotas : on arrête et condamne des personnes sans suspicion de trahison, simplement pour répondre aux quotas fixés. Sur un million et demi de personnes arrêtées, la moitié a été exécutée et l’autre moitié a été déportée au goulag. Cette politique permet à Staline de régner par la terreur et sans partage dans un pays où la peur et les comportements paranoïaques sont omniprésents.

Le culte de la personnalité et l’exportation du modèle stalinien

La politique de terreur de Staline lui permet d’imposer un culte de la personnalité. Surnommé le Petit Père des peuples, Staline est l’objet d’éloges publiques en URSS et son entourage n’ose pas le critiquer, de peur d’être condamné à mort. Staline se sert de cette image de modernisateur incontesté pour rayonner à l’international. L’URSS est devenue sous son gouvernement un pays industriel et moderne, ce qu’il compte faire reconnaître dans le monde. Il se sert de la Troisième Internationale ouvrière, appelée Komintern, comme d’un relai pour glorifier les progrès de l’URSS à l’étranger, à travers les partis communistes. Ceux-ci prennent leurs ordres de Moscou et appliquent les directives de Staline pour tenter d’influencer les politiques nationales et les rapprocher de l’URSS.

Lorsqu’éclate la guerre d’Espagne en 1936, Staline se sert du Parti communiste espagnol comme d’un relai extérieur de sa politique. Contrairement aux démocraties qui restent passives dans le conflit espagnol, Staline s’engage et alimente le camp des Républicains en armes soviétiques. Souhaitant faire de ce conflit une guerre de procuration entre fascistes et communistes, Staline envoie même des combattants aux côtés des communistes espagnols. Ceux-ci essayent dès lors de marginaliser les autres groupes de combattants républicains au profit exclusif des communistes, contribuant à la défaite du camp républicain. En 1939, constatant les dangers croissants de la politique belliqueuse de Hitler et ne se sentant pas prêt à l’affronter, Staline signe contre toute attente avec l’Allemagne nazie un pacte de non-agression et de division de la Pologne : le pacte Molotov-Ribbentrop.

Conclusion :

À la tête de la Russie à partir de novembre 1917, Lénine impose une politique communiste permettant de transformer le pays en profondeur. À sa mort, le pays, rebaptisé Union Soviétique, est dirigé par l’ambitieux Staline qui mène une politique de modernisation forcée. Celle-ci obtient certes des résultats spectaculaires, mais qui sont le résultat de méthodes violentes et arbitraires. Staline règne par la terreur, ce qui lui permet d’imposer une dictature totalitaire en URSS et de se confronter aux autres totalitarismes fascistes pendant la guerre civile espagnole.