Quelles sont les principales défaillances du marché ?
Introduction :
L’observation de la réalité montre que les marchés libres ne permettent pas toujours d’allouer de manière efficace les ressources. Ainsi, par exemple, le marché ne peut pas éviter les dégâts provoqués sur l’environnement du fait de la production de biens et de services.
Lorsque le marché manque à ses objectifs, on considère qu’il y a une défaillance du marché. Par défaillance du marché, on entend les situations dans lesquelles le marché libre échoue dans l’allocation optimale des ressources. Ce cours va nous permettre d’envisager les effets de l’absence de transparence sur les marchés. Puis, nous envisagerons deux défaillances possibles sur le marché, à savoir les externalités et les biens publics.
L’asymétrie d’information
L’asymétrie d’information
Asymétrie d’information :
L’asymétrie d’information représente la situation dans laquelle un des partenaires à l’échange dispose de plus d’informations que l’autre partie.
Cette situation peut entraîner plusieurs conséquences négatives pour les acteurs et pour le marché.
Les principales conséquences de l’asymétrie d’information
Les principales conséquences de l’asymétrie d’information
Tout d’abord, l’existence d’une asymétrie d’information peut exclure les bons produits du marché, car le consommateur choisit les mauvais produits. Dans ce cas on parle de sélection adverse ou antisélection.
Cette situation a été démontrée par Georges Akerlof, qui utilise comme exemple le marché des voitures d’occasion. Sur ce marché, seul le vendeur connaît parfaitement toutes les caractéristiques du produit qu’il vend, et notamment ses défauts. Le consommateur, qui sait qu’il ne peut pas connaitre tout sur le produit, cherchera à acheter au plus bas prix pour compenser l’éventualité de tomber sur une mauvaise voiture, appelée une « guimbarde » dans l’exemple d’Akerlof. Cependant si le prix baisse, les vendeurs de bonnes voitures n’ont pas intérêt à vendre au prix du marché, considérant que leur voiture vaut plus. Plus le prix baisse, plus de « bons vendeurs » décident donc de sortir du marché, laissant disponible sur le marché uniquement des « guimbardes ».
L’asymétrie d’information peut conduire à un aléa moral puisque dans le cadre d’un contrat, une des parties ne sait pas si l’autre mettra tout en œuvre pour en respecter les termes.
En effet, dans certains contrats, le principal, celui qui passe le contrat, peut demander à un agent d’exécuter une tâche en son nom, ce qui implique de déléguer un certain pouvoir. Le principal peut ne pas être en mesure d’apprécier l’opportunité des décisions prises par l’agent pour exécuter le contrat, et l’agent peut en tirer profit.
Par exemple, dans le cadre d’une entreprise, les actionnaires peuvent ne pas savoir si les dirigeants font tout ce qui est possible pour maximiser les dividendes.
De même, dans le cadre d’un crédit, la banque peut ne pas savoir si l’agent auquel elle prête prendra les décisions qui s’imposent pour être en mesure de rembourser le prêt.
Les mesures pour réduire l’asymétrie d’information
Les mesures pour réduire l’asymétrie d’information
Dans une situation d’asymétrie, l’objectif, pour les acteurs du marché, est d’inciter les agents à révéler leurs informations. Par exemple, les banques peuvent pratiquer un rationnement du crédit et ne prêter qu’à des entreprises qu’elles connaissent, même si les autres entreprises seraient prêtes à accepter de payer un intérêt plus élevé.
D’autres moyens permettent de révéler l’information, comme par exemple les labels ou les appellations d’origine. De même les associations de protection des consommateurs, comme 60 millions de consommateurs, permettent de rendre l’information plus accessible aux consommateurs. Le développement d’internet et des sites spécialisés qui testent et comparent les produits permet également de rendre l’information complète et facilement accessible.
Les externalités
Les externalités
Externalité :
Une externalité se produit lorsque l’activité d’un agent affecte le profit ou le bien-être d’un autre agent sans qu’il y ait de compensation monétaire.
Les externalités peuvent être positives, comme par exemple l’Éducation nationale ou la vaccination, ou négatives, comme la pollution. Sans intervention extérieure au marché, il est possible que les acteurs ne produisent pas suffisamment d’externalités positives et donc produisent trop d’externalités négatives.
En ce qui concerne les externalités négatives on peut prendre comme exemple une compagnie pétrolière qui transporte du pétrole le long des côtes. Le bateau qui réalise le transport doit être entretenu régulièrement pour éviter un naufrage lors duquel le pétrole se déverserait dans la mer. Mais l’entretien du bateau a un coût pour l’entreprise, et celle-ci peut décider de ne pas le réaliser, et courir le risque de l’accident.
Au travers de son action, l’entreprise réduit donc ses coûts de production et peut proposer un prix plus faible sur le marché que ses concurrents, gagnant ainsi des parts de marché. En même temps, cette action entraîne une augmentation du risque d’un naufrage. Si l’accident survenait, le pétrole s’écoulerait dans la mer et un certain nombre de personnes se verraient affectées, en plus de l’environnement. Ainsi, après une telle catastrophe les pêcheurs ne pourraient plus pêcher, et les hôteliers de la côte verraient leur clientèle diminuer du fait de la marée noire.
En conséquence on peut considérer qu’en cherchant à maximiser leurs profits, les entreprises peuvent négliger les conséquences de leurs actes et produire des externalités négatives.
Lorsque le niveau d’externalités négatives est jugé trop élevé ou que le niveau d’externalités positives est jugé trop faible, l’État doit intervenir.
Au travers de son action, l’État va internaliser les externalités :
- externalités négatives : l’intervention de l’État a pour objectif de réduire leur importance en taxant certaines activités, en imposant des sanctions ou en mettant en place des règlementations contraignantes ;
- externalités positives : l’État va inciter les activités qui créent des externalités positives. L’État peut ainsi subventionner certaines activités, ou les produire lui-même. La protection, au travers des brevets, est un moyen d’inciter à l’innovation, qui crée des externalités positives.
Les biens collectifs
Les biens collectifs
Tous les biens peuvent être définis en utilisant deux critères : la rivalité et l’exclusivité.
Rivalité :
La rivalité signifie que, lorsque le bien est utilisé par une personne, il ne peut pas être utilisé en même temps par une autre.
Exclusivité :
L’exclusivité signifie qu’il est possible d’exclure de l’utilisation du bien certains consommateurs en imposant un prix.
En fonction de ces deux critères, on peut identifier quatre types de biens :
- biens privés : ils sont exclusifs et rivaux. Par exemple une voiture, une montre, un pain ;
- biens de club : ils sont exclusifs et ne sont pas rivaux. Par exemple, l’idée protégée par un brevet, une salle de cinéma ;
- biens communs : ils sont non exclusifs et rivaux. Par exemple, les ressources naturelles ;
- biens publics ou biens collectifs : ils sont non exclusifs et ne sont pas rivaux. Par exemple un feu d’artifice ou la défense nationale.
Quatre types de biens
La production de biens publics pose le problème du passager clandestin, ce qui limite leur production par des entreprises privées. En effet, imaginons qu’une entreprise souhaite organiser un feu d’artifice, elle aura du mal à vendre des billets pour assister au spectacle. Les gens ont intérêt à ne pas payer le prix du ticket, car ils savent qu’ils peuvent observer le spectacle gratuitement. Ils se comportent donc en passager clandestin, c’est-à-dire quelqu’un qui profite d’un bien sans en payer le prix.
L’État intervient pour produire certains biens publics jugés essentiels, tels que la police, la justice ou l’armée. L’État intervient également pour produire des biens de club qui créent des externalités positives comme l’Éducation nationale. En effet, pour ce type de biens, le cours donné par un professeur bénéficie à tous les élèves, mais on peut exclure du cours certains élèves qui ne peuvent pas payer le prix lorsque l’éducation est privée. Pour permettre l’accès à l’éducation au plus grand nombre, l’État prend en charge la production de ce bien en mettant en place une éducation gratuite pour tous les élèves de moins de 16 ans.
L’intervention de l’État peut se faire :
- directement, comme dans le cas de la police ;
- au travers d’un marché public : les pouvoirs publics achètent un produit à une entreprise privé ;
- au travers d’une délégation de service public : la fourniture du service est confiée à un opérateur privé qui doit respecter un cahier des charges et l’opérateur peut faire payer le service aux usagers.
La notion de bien public est en train de se développer pour inclure les biens publics mondiaux (BPM), c’est-à-dire des biens non rivaux et non exclusifs entre populations de différents pays. Les premiers BPM identifiés sont liés aux risques environnementaux globaux, qui dépassent les frontières.
Conclusion :
Les défaillances du marché obligent les acteurs à intervenir pour corriger le fonctionnement du marché. Parmi ces acteurs, on trouve des agents privés qui proposent des solutions pour rendre le marché plus transparent. Cependant, un des agents majeurs pour régler les problèmes liés aux défaillances du marché reste l’État.