Il joint à sa grande culture l’expérience de la vie publique (il sera notamment maire de Bordeaux).
Il prend part à des missions politiques et contribue notamment à l’avènement d’Henri IV et à la fin des guerres de Religion.
À la Renaissance se côtoient de profondes violences et des découvertes qui révolutionnent le monde de la pensée.
Constantinople, ville d’art et de culture, est prise par les troupes du sultan Mehmet II en 1453.
Les intellectuels byzantins fuient vers l’Europe, et notamment vers l’Italie.
Les intellectuels français profitent des échanges avec ce pays voisin et redécouvrent des textes de l’Antiquité.
On apprend le grec et on renouvelle l’étude du latin pour être en contact direct avec les chef-d’œuvres antiques.
Ces redécouvertes encouragent la remise en question des modes d’enseignement traditionnels qui excluaient le sens critique.
L’humanisme désigne alors un mouvement de pensée qui vise à l’épanouissement de la personne humaine.
Il prône le retour aux sources pour retrouver l’héritage antique.
Il met au centre de ses préoccupations la formation morale et intellectuelle de l’Homme et croit en ses capacités de progrès.
À partir de 1492, les expéditions et découvertes révolutionnent la perception du monde, plus vaste qu’on ne le pensait.
La découverte de nouveaux peuples et de nouvelles cultures met à mal l’ethnocentrisme européen, incitant au relativisme.
Certains humanistes n’hésitent pas à s’affranchir des méthodes de lecture biblique antérieures, et mettent en cause les dogmes officiels.
Le divorce entre catholiques et protestants est prononcé suite à l’arrivée du dogme protestant défendu notamment par Luther.
Ce schisme conduit à une terrible guerre civile qui commence en 1562 et se poursuit, entrecoupée de périodes de paix, jusqu’en 1598 (son point d’orgue étant la nuit de la Saint-Barthélemy le 23 août 1572).
C’est dans ce contexte que Montaigne s’oriente vers une réflexion sur les moyens de conserver sa liberté et son indépendance intellectuelle.
En 1580 paraissent les livres I et II des Essais.
Les Essais vus à travers l’avis au lecteur
Le spectacle de ce monde en mouvement amène Montaigne à un retour sur lui-même dont témoignent les Essais.
Cette entreprise de réflexion et d’édition est explicitée par Montaigne dans son préambule « Au lecteur ».
On décèle deux orientations essentielles :
l’étude de soi-même ;
et l’intérêt pour l’autre, représenté par l’homme du Nouveau Monde.
Cet avertissement au lecteur correspond à un « pacte autobiographique ».
Il s’agit de l’engagement que prend un auteur de raconter sa vie dans un esprit de vérité (Philippe Lejeune).
On remarque en effet l’omniprésence du« je ».
Les Essais sont présentés d’emblée comme une œuvre dans laquelle l’auteur va parler de lui-même : « je suis moi-même la matière de mon livre », mais sans trahir la vérité.
Ce qui compte c’est de se montrer tel qu’on est vraiment, avec la plus grande sincérité : on notera le champ lexical du naturel opposé à l’artifice.
Montaigne propose donc une approche inédite de l’écriture de soi.
Cependant, il ne suit pas de fil chronologique pour raconter sa naissance, son enfance ou encore ses années de formation.
Si l’anecdote personnelle est présente, c’est pour s’ouvrir sur un champ plus vaste.
C’est en réalité par ses réflexions sur les événements qui font l’histoire du monde et de son temps que Montaigne veut se donner à voir.
La pensée sur les faits est plus importante que les faits eux-mêmes.
L’avertissement au lecteur se clôt sur l’évocation des hommes du Nouveau Monde, récemment découvert par les grands explorateurs.
Cette allusion aux civilisations précolombiennes traduit bien le fait que le soi ne peut être considéré que dans la confrontation avec l’autre.
Les Essais : sens du titre
L’essai, au sens littéraire du terme, est un ouvrage, de forme libre, dans lequel l’auteur expose ses opinions sur des sujets divers. Il s’agit donc d’une forme de texte argumentatif.
L’étymologie suggère donc, non pas une pensée élaborée et achevée, mais une pensée en train de se construire.
Faire un essai, c’est faire une expérience, confronter sa vision à celle des autres, d’où les références constantes à des penseurs et auteurs de l’Antiquité, dont certains sont remis en question.
Montaigne rejette le dogmatisme et le conformisme au profit du scepticisme.
Le savoir réuni est remis en question par l’évolution des connaissances.
On ne peut jamais rien savoir de façon certaine puisque tout change constamment.
La découverte de nouveaux territoires terrestres et de nouvelles cultures est un moteur, une nouvelle occasion de remettre en cause ce que l’on pouvait penser jusque-là.
Les Essais se composent de différentes strates correspondant aux différentes étapes de leur écriture et de leur édition (Montaigne effectuera de nombreuses corrections et ajouts).
Une erreur s'est produite, veuillez réessayer
Contenus encyclopédiques liés :
Idéal pour approfondir tes connaissances !
Humanisme
Mouvements littéraires
Fernand de Magellan
Personnages
Renaissance
Définitions
François Ier
Personnages
Autobiographie
Genres littéraires
Vasco de Gama
Personnages
Essai, pamphlet, manifeste, éloge, blâme
Genres littéraires
Roman
Genres littéraires
Invention de l’imprimerie par Gutenberg
Evénements historiques
Martin Luther
Personnages
Massacre de la Saint-Barthélémy
Evénements historiques
Christophe Colomb
Personnages
Mehmet II
Personnages
Michel de Montaigne
Personnages
Argumentation
Définitions
Henri IV
Personnages
Guerres de religion
Evénements historiques
Antiquité
Courants philosophiques
Réforme de Luther
Evénements historiques
Hernan Cortès
Personnages
Théâtre
Genres littéraires
Essais, Michel de Montaigne
Fiches de lecture
Pacte autobiographique
Définitions
Édit de Nantes
Evénements historiques
Partage de l'empire romain de Théodose le Grand : Empire romain d'Occident et Empire romain d'Orient